Charlie Hebdo: Adresse d’un libre penseur


Nous portons à votre connaissance un texte de notre camarade Paul Wattiez, membre du CLP-KVD, suite à l’attentat contre les locaux de CHARLIE HEBDO, à l’assassinat des journalistes et caricaturistes et aux réactions que cela suscite.

Je les imagine tous les trois au paradis (vous le savez bien, ça n’existe pas le paradis, c’est une histoire) Charb, Cabu, Wolinski. Mes excuses pour les neuf autres qui doivent être quelque part, en train d’asticoter les anges. On fait avec ce que l’on a !

Ah, mais voilà l’ancien. Salut Cavanna ! Ça boum ici ?
Ouais, ouais, … j’vous attendais pas de si tôt. Tantôt je vous ferai visiter.
En attendant ils se filent des crobars pourris, fait à la va-vite sur le bureau de Saint-Pierre qui n’est pas là vu qu’il est overboqué avec l’Ebola. Et ils se marrent comme des sales gosses qu’ils ont toujours été.
Eh Wolinski … c’est quoi ça, tu dessines toujours comme un cochon… Ah, Sarko et Hollande, main dans la main ?
Et qu’est ce qui disent, parce que pour te lire ! Ils appellent à l’unité nationale ? C’est ça ?
Ouais, tous ensembles. Bouygues et les travailleurs de Renault, ou ce qu’il en reste (ah, ah, ah …), les banquiers, les entrepreneurs, les travailleurs, les chômeurs, les sdf , les gros, les minces, les pauvres, les riches, tu vois ?
Arrêtes tes discours, on n’est pas peinard ici ?
Ouais, sauf que pour le cul …
Et les deux derrière là en djellaba il me semble ?
Ouvres tes yeux, tu vois pas ? Houellebecq et Zemmour qui se marrent parce qu’ils vont bien vendre des livres. Merci les macchabées de Charlie Hebdo, ah, ah, ah …
Eh Cave … (Cavanna en bruxellois, tout est possible au paradis), t’as vu, Mathilde et Philippe parlent de nous, ils congratulent. T’as pas eu droit à ça hein mon pote.
C’est qui ça ?
Le roi et la reine des belges.
Tu rigoles. ?
Toi Cabu, mon vieux – mais c’est pour rire, je sais bien que tu as 76 ans, mais t’as quand même pas encore un pied dans la tombe ah, ah, ah, – « 100.000 personnes dans la rue en France pour les morts de Charlie Hebdo. Zont pas tellement bougé pour le Nigeria » … Je te trouve quand même un peu ingrat.
Des faux-culs ! Y en a combien là dedans qui trouvaient qu’on manquait de bon goût ?
Eh les gars, paraît même qu’Obama a fait un petit quelque chose (sifflements admiratifs). Et même qu’un des ses ministres a fait un message aux français. En français !
Parlé ?
Ouais.
Ça devait être beau, j’en pleure.
Charb, c’est toi qui as fait ça : « Mesures exceptionnelles en Belgique. Pour lutter contre le terrorisme le gouvernement belge veut du bleu partout dans les rues et réinstaure le service militaire obligatoire ».
Cavanna : Maman j’ai peur, même les petits belges ! Vont restaurer leurs F16 pourris en Irak. Ils ont toujours fait leur possible pour aider les USA.
Eh, justement les gars, faudrait qu’on fasse un petit quelque chose sur les USA et Obama. C’était pas un de ses prédécesseurs qui avait mis Ben Laden sur les rails ? Dans le genre pour fêter le 11 septembre « la créature se retourne contre son maître » ?
Meuhnon, c’était la CIA.
La différence ?
Charb tu dis rien toi. Pour une fois, soit un peu positif, comme y disent en bas. Fini les emmerdes pour nous, les menaces de mort, les gardes du corps et tout ça …
Je me dis qu’on n’a jamais autant parlé de nous. Si au moins ils pouvaient tous s’abonner à Charlie.

Le 9 novembre 1970 De Gaulle claquait et le lendemain Hara-kiri « journal bête et méchant » titrait « Bal tragique à Colombey, un mort ! » Faut dire que quelques jours avant un incendie dans un dancing avait fait 145 morts. Paf, journal interdit et saisi par le Ministère de l’Intérieur (comme quoi à chacun son prophète et y a pas que les islamistes !) Et c’est pour continuer le combat de l’impertinence que le journal réapparaissait dés la semaine suivante sous un nouveau nom : Charlie Hebdo. Belle naissance.
Libres penseuses, libres penseurs de tous poils, il y a aujourd’hui beaucoup de faux-culs qui écrasent une larme de crocodile, mais le seul vrai hommage qu’on puisse rendre aux morts de Charlie est de maintenir haut la flamme de l’irrévérence tout azimut , comme ils nous l’ont appris.
Et demain il faudra réfléchir : à qui profite le crime ? De près, de loin. Directement, indirectement.

Paul Wattiez, libre penseur
8 janvier 2015