Le 11 novembre. Not in our name !


Le passé rejoint le présent

Cent après la Grande Guerre, les bruits de la guerre, l’odeur de la poudre recouvrent toujours le monde. « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait J. Jaurès.

Il n’est pas un continent où l’on ne détruit physiquement l’étranger, « l’autre ». Les bombes pleuvent sur des populations pour faire tomber des despotes mis en place et armés par les défenseurs d’un ordre nouveau. Le présent rejoint le passé, le commerce des armes alimente les mêmes comptes bancaires des « profiteurs de l’arrière », les marchands d’armes et les capitalistes comme le dénonçaient les soldats de 14-18. Aujourd’hui encore les destructions, les pillages, les massacres de populations sont à l’œuvre au nom et à cause du capital à l’agonie.

Plus de 60 millions de réfugiés recensés en 2016, plus de 250 000 enfants-soldat sont recensés à travers le monde ce jour. Plus de 1 600 milliards de $USD de dépenses militaires, soit 2,2 % du PIB mondial, alors que 1% de ce PIB suffirait à supprimer la faim dans le monde.

Dès lors, comment ne pas rappeler ce que proclamait en 1915 le Manifeste de Zimmerwald « Les institutions du régime capitaliste qui disposent du sort des peuples, les gouvernements (monarchiques ou républicains) la diplomatie secrète, les puissantes organisations patronales, les partis bourgeois, la presse capitaliste, l’Église – sur elles repose toute la responsabilité de cette guerre, surgit d’un ordre qui les nourrit. » (1) ou le Manifeste de Kienthal de 1916 « Ni vainqueurs ni vaincus, ou plutôt tous vaincus, c’est-à-dire tous saignés, tous épuisés : tel sera le bilan de cette folie guerrière. Les classes dirigeantes peuvent ainsi constater la vanité de leurs rêves de domination impérialiste. […] Vos gouvernements vous disent qu’il faut continuer la guerre pour tuer le militarisme. Ils vous trompent. Le militarisme d’un peuple ne peut être ruiné que par ce peuple lui-même. Et le militarisme devra être ruiné dans tous les pays. Vos gouvernements et vos journaux vous disent encore qu’il faut prolonger la guerre pour qu’elle soit la «dernière guerre». Ils vous trompent toujours. Jamais la guerre n’a tué la guerre. […]

Et ils en profitent pour continuer et même accentuer contre vous leur lutte de classe, tandis qu’à vous ils prêchent « l’union sacrée ». Ils descendent même jusqu’à exploiter vos misères et vos souffrances pour essayer de vous faire trahir vos devoirs de classe et de tuer en vous l’espérance socialiste. L’injustice sociale et le système des classes sont encore plus visibles dans la guerre que dans la paix. Dans la paix, le régime capitaliste ne dérobe au travailleur que son bien-être ; dans la guerre, il lui prend tout, puisqu’il lui prend la vie. […] » (2)

Réhabilitons les fusillés pour l’exemple !

En 2017 comme en 1919, les tenants de l’ordre continuent à faire l’éloge du patriotisme, du génie des gradés, de la nécessite du sacrifice mais ostracisent la colère des soldats écœurés par les massacres, leur refus de la guerre et de la mort de ces hommes Fusillés pour l’Exemple – sans parler des exécutions sommaires, jamais recensées – Toutes choses partagées par les soldats des différents camps (belge, alliés ou allemand)

Fusiller pour l’exemple avait comme seul but de substituer à l’épouvante d’être mitraillé par « l’autre », une épouvante plus terrible encore celle de se faire mitrailler par ses propres compagnons de tranchée, un pas de plus vers l’horreur. 220 soldats belges furent condamnés à mort, 12 furent fusillés pour l’exemple, 12 de trop.

L’armée belge n’a pas été l’unique armée à avoir pratiqué ce type de terreur. Toutes les armées y ont eu recours. Mais si d’autres pays – à titre d’exemple – ont soit réhabilité (Nouvelle-Zélande) ou soit pardonné (Grande-Bretagne) les soldats fusillés pour l’exemple, les gouvernements belges successifs se refusent toujours à examiner les demandes de réhabilitation collective.

Ce qui a été possible dans d’autres pays doit l’être en Belgique ! La réhabilitation collective doit devenir réalité ! N’est-il pas temps de rendre justice à ces hommes et à leurs familles ou ce gouvernement préfère-t-il écouter la caste des généraux d’aujourd’hui qui défend la caste des généraux fusilleurs d’hier ?

En 1914, le goupillon était aussi de la partie.

Guerre « sainte » proclamaient les affiches de propagande. Dieu contre ce diable de « boche », d’allemand. Aucun curé, aucun aumônier pour s’opposer ni aux boucheries des tranchées ni aux condamnations à mort des soldats refusant de monter au front ! Ils bénissaient et les fusilleurs et les fusillés !

Alors oui, à constater que ce 11 novembre 2017, dans différents lieux se tiennent des cérémonies religieuses et civiles à l’intention des victimes de la grande boucherie de 1914-1918, y compris de ces hommes qui ne voulaient tout simplement ni tuer ni mourir, on sent comme une provocation. Décidément, l’Église n’a aucune mémoire, ni scrupule, ni honte !

Rappelons aux exaltés et extasiés des défilés militaires que le 11 novembre, à l’origine, était celui des soldats qui refusaient la guerre et proclamaient  « Plus jamais cela ! » La véritable commémoration doit être pacifique.

En obtenant la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple, c’est la guerre, toutes les guerres qui seront délégitimées. C’est un coup qui sera porté aux militaires et aux religions !

Ni dieu, ni maître !

Maudite soit la guerre !

Maudites soient toutes les guerres!