Le 8 mars : Journée des femmes travailleuses


A l’occasion du 8 mars, il nous semble utile de rappeler que la journée internationale des femmes plonge ses racines au plus profond des luttes du mouvement ouvrier.

Clara Zetkin

C’est la militante allemande Clara Zetkin qui proposa en 1907, à Stuttgart, que se tienne avant chaque congrès de l’Internationale une «Conférence internationales des femmes socialistes» afin de lutter contre la double oppression des femmes, celle découlant de leur travail à l’usine et celle découlant de leur travail domestique. A Copenhague, en 1910, lors de la deuxième Conférence internationales des Femmes Socialistes, elle fit adopter une résolution pour organiser chaque année une Journée Internationale consacrée à la mobilisation des femmes «en accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat dotées de la conscience de classe »(1) . Dès 1911, la décision s’applique. En 1912, cette journée aura lieu le 8 mars avec l’organisation de manifestations, de meetings partout en Europe.

Le 8 mars 1917, les ouvrières de Petrograd appellent à la grève contre les conditions de travail et de vie épouvantables, qu’elles subissent. Elles seront suivies par plus de 100 000 femmes et hommes. Premier acte de la révolution de février 1917.

Le 8 mars récupéré par les institutions

Sans doute, comme les années précédentes, le 8 mars fera la une des médias comme le téléthon, CAP 48, la fête des mères, la fête des pères, la Saint-Valentin, le carnaval de Binche, même Google s’en empare, démagogie oblige. Ils jugeront inopportun de rappeler les luttes passées : meilleurs conditions de travail, droit de vote, droit à l’instruction, droit de disposer librement de son corps, égalité des droits…

Sans doute, comme les années précédentes, des discours officiels auront lieu par ceux-là mêmes qui facilitent les plans de licenciement, diminuent le montant des pensions de retraite dont les femmes sont les premières victimes, refusent de sanctionner pénalement et financièrement les entreprises qui discriminent les femmes, refusent l’ouverture de crèches publiques gratuites, tentent de remettre en cause le droit à l’avortement, l’accès à la contraception …

Alors inutile le 8 mars ?

Bien évidemment non, car il symbolise le combat de générations de femmes exploitées, car il rappelle que les luttes restent quotidiennes contre les inégalités, les violences faites aux femmes même si on assiste, ces derniers mois, à une prise de conscience à ce sujet.

Bien évidemment non, car ce sont les femmes qui subissent de plein fouet les régressions sociales, la pauvreté, les reculs de liberté.

Bien évidemment non, lorsque la situation des femmes dans d’autres parties du monde est particulièrement dramatique et exige notre solidarité.

Bien évidemment non, si le 8 mars reste le combat des progressistes contre les forces réactionnaires et non le symbole du combat des femmes contre les hommes.

Bien évidemment non, car pour tout Libre Penseur, l’égalité entre les femmes et les hommes est une question de démocratie, de justice sociale.

Alors oui, le 8 mars a sa raison d’être

Non pas comme une célébration mais comme un appel à la solidarité entre les travailleuses et les travailleurs, entre les femmes et les hommes.

Bruxelles, mercredi 7 mars 2018

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(1) Françoise Picq : Journée internationale des femmes : à la poursuite d’un mythe ; https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2000-1-page-161.htm

Le 8 mars doit rester la Journée des femmes travailleuses