Irlande : l’abrogation du VIIIème amendement est une immense victoire pour la liberté de conscience et de corps


« Vous avez profité des temps d’ignorance, de superstition, de démence : tremblez que le jour de la raison n’arrive. » Voltaire. Dictionnaire philosophique, 1764

Savita Halappanavar

Suite au vote en faveur du mariage pour tous en 2015, l’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP), déclarait : « Une fois franchi ce premier pas décisif, il convient que la République d’Irlande aille jusqu’au bout du principe d’égalité. […] L’avortement reste illégal en Irlande. La loi indique toujours que la mère et l’enfant à naître ont les mêmes droits. C’est le VIIIème amendement de la Constitution voté en 1983 par référendum par 67 % de la population. Le peuple d’Irlande doit pouvoir voter de nouveau. »

Ce 25 mai 2018, le peuple irlandais a voté et s’est prononcé, à une écrasante majorité (68%), pour balayer le VIIIème amendement (1) qui interdisait de fait tout avortement, même en cas de viol, d’inceste, de malformation du fœtus. Les femmes recourant à l’avortement étaient passibles de la prison à vie jusqu’en 2013 et de 14 ans de prison depuis 2013.

Une nouvelle fois, après la légalisation du droit au divorce en 1995 et du droit au mariage pour tous en 2015, l’Église qui a réaffirmé lors de ce dernier référendum aux yeux de tous ses positions réactionnaires et rétrogrades, a subi une défaite. Ce qui ne nous fera pas pleurer !

Par ce dernier référendum, le peuple irlandais ré-affirme sa volonté d’une Irlande séculière et ouvre la voie pour une séparation réelle de l’Église de l’État !

L’histoire a ses ironies et ses hasards de calendrier. Et pas toujours heureux… A l’heure où, malgré la pression de l’Église catholique, le peuple irlandais vient d’arracher le droit à l’avortement, chez nous l’Église catholique – qui n’a jamais cessé de vouloir peser sur la scène politique – tente directement ou par sa représentation politique au sein des institutions d’en restreindre le droit ou de le rendre de facto illégal en Belgique, en attribuant la personnalité juridique à l’embryon. Dans le combat pour l’avortement, pour la liberté de conscience et du corps, il n’est pas inutile de se rappeler, en particulier depuis et avec les encycliques du Pape Jean Paul II, que l’Eglise catholique et vaticane a véritablement, et implacablement, fait du rejet de l’avortement un de ses chevaux de bataille … pour une nouvelle évangélisation, et une nouvelle prétention à vouloir imposer ses codes rétrogrades dans la gestion politique des affaires publiques.

Membre de l’AILP, le CLP-KVD entend agir avec toutes les organisations laïques, athées, humanistes qui le souhaitent, pour instaurer une stricte Séparation des Églises et de l’État, des religions et des gouvernements, garantie de l’absolue liberté de conscience et de corps.

Bruxelles, 15 juin 2018

____________________

(1) Depuis 1861, l’avortement était illégal, mais son interdiction n’a été inscrite dans la Constitution qu’en 1983 suite à un amendement proposé par l’Église catholique et ses partisans. Cet amendement a recueilli 67 % des suffrages lors d’un référendum. L’interdiction a légèrement été assouplie après le décès de Savita Halappanavar