Entretien avec Wanda Nowicka, Membre du Conseil international de l’AILP


Association internationale de la Libre Pensée : En 2017, au congrès mondial de l’AILP à Paris, nous avons eu l’honneur de te remettre le Prix international pour la Séparation des Eglises et de l’Etat. Quelles ont été tes activités depuis ?

Wanda Nowicka : Tout d’abord, je voudrais dire que la place occupée par l’Église catholique augmente constamment en Pologne malgré les nombreux efforts des organisations de la société civile et des individus. La raison à cela est que l’Église a un soutien très fort du parti au pouvoir, y compris le Président, le Premier ministre et le Parlement. Ils distribuent beaucoup d’argent public à l’Église à partir de nos impôts, ignorant totalement les méfaits de celle-ci, comme les actes de pédophilie commis par le clergé. En retour, ils reçoivent le soutien de l’Église pendant les élections. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Droite gagne. Parmi les initiatives de la société civile, l’une des plus importantes fut l’initiative juridique intitulée “État laïque”, salon laquelle l’État ne devrait pas être autorisé à subventionner l’institution de l’Église. Cette initiative proposée par Bożena Przyłuska (membre du Conseil International de l’AILP) du Congrès laïque a échoué dans la collecte de 100 000 signatures. J’ai contribué à cette campagne de signatures et nous étions tout prêt du but.

AILP : Tu viens d’être élue députée en Pologne et nous tenons à te féliciter chaleureusement. Quel est le contexte politique en Pologne actuellement ?

W.N : La situation politique en Pologne continue d’être très difficile. Le parti d’extrême-droite a encore gagné et ils vont avoir la majorité au Parlement. Mais il semblerait qu’ils vont perdre le Sénat. La nouvelle législature va commencer le 12 novembre, donc nous ne sommes pas encore certains de cela. Le bon côté des choses, c’est que l’alliance de gauche est revenue au Parlement et c’est une gauche très renouvelée. C’est un mélange de députés expérimentés et de nouveaux plus jeunes. Nous sommes tous très engagés dans la séparation de l’Église et de l’État. Vous entendrez certainement parler de plusieurs d’entre nous.

AILP : Quelles sont les questions que tu vas aborder comme députée et sur lesquelles tu vas te battre ?

W.N : Je voudrais aborder la question de l’enseignement religieux à l’École. Selon nous, les écoles ne devraient pas enseigner les religions. Ensuite, j’aimerais soulever le problème de la contribution financière de l’État envers l’Église. Ces pratiques doivent changer. Je voudrais également renouer avec le trophée que j’avais initié auparavant, lorsque j’étais au Parlement, pour les personnes travaillant à la séparation de l’Église et de l’État dans leurs collectivités. Enfin, je serai active en matière de droits des femmes, en particulier sur les droits liés à la procréation. L’Église en Pologne fait la guerre aux femmes dans ce domaine depuis tellement longtemps. Il faut en finir avec cela.

Souhaitez-moi bonne-chance.

Varsovie, le 31 octobre 2019

(Propos recueillis par Jean-Marc Schiappa)