Irlande : Commission internationale d’enquêteIreland: International Commission of Inquiry


BUREAU EUROPÉEN DE COORDINATION DE LA LIBRE PENSÉE

Commission internationale d’enquête pour que justice soit rendue
aux victimes des crimes de l’Église catholique !
En République d’Irlande, comme partout,il est temps
de « séparer les Églises de l’État » !

 

Le monde entier a appris que des squelettes d’enfants et de nouveau-nés ont été découverts dans une cuve en béton, à côté d’un ancien couvent catholique de la ville de Tuam, dans le comté de Galway, en Irlande. Entre 1925 et 1961, ce lieu a accueilli des jeunes mères célibataires tombées enceintes hors mariage. L’historienne Catherine Corless, en réalisant des recherches sur les archives d’un ancien couvent de Tuam – aujourd’hui reconverti en lotissement – a découvert que 796 enfants avaient été enterrés sans cercueil ni pierre tombale, secrètement par les sœurs du couvent de Bon-Secours.

Cette découverte rappelle un autre scandale impliquant également des mères célibataires. Entre 1922 et 1996, plus de 10.000 jeunes filles et femmes avaient travaillé gratuitement dans des blanchisseries exploitées commercialement par des religieuses catholiques en Irlande. Les pensionnaires, surnommées les « Magdalene Sisters », étaient des filles tombées enceintes hors mariage ou qui avaient un comportement jugé immoral dans ce pays régi par la Doctrine sociale de l’Eglise catholique et son principe de subsidiarité, notamment depuis la Constitution de 1937, rédigée par le Taoiseach Eamon De Valera (Fianna Fàil) sous les auspices de Mgr John Charles McQuaid, futur archevêque de Dublin.

Malnutrition, pneumonie, tuberculose et sans doute maltraitance, les raisons de leur mort ne manquent pas. Un rapport des services de santé, datant de 1944, retrouvé par Catherine Corless, évoque un taux de mortalité infantile quatre à cinq fois plus élevé dans le couvent de Tuam, où ont été retrouvés les squelettes, que dans la population. Le document évoque aussi des enfants décharnés.

70 ans plus tard, un citoyen, William Joseph Dolan, proche d’un enfant ayant vécu dans cette institution, a déposé une plainte afin de comprendre ce qui s’est passé à l’époque.

Et les enfants de Tuam ne seraient pas les seuls à avoir disparu dans les couvents irlandais. The Irish News rappelle que diverses associations militent depuis plusieurs années pour qu’une enquête soit ouverte à ce sujet. Au total, 4 000 enfants auraient été enterrés à la hâte dans des fosses communes aux abords des dix couvents qui ont accueilli environ 35 000 femmes jusque dans les années 1960 en Irlande.

« Ces révélations sont choquantes et rappellent à l’Irlande une période sombre de son histoire », a réagi Charlie Flanagan, ministre chargé de l’enfance et de la jeunesse du gouvernement de coalition Fine Gael-Labour à Dublin, qui réclame l’ouverture d’une enquête à laquelle l’Église se dit « prête à participer ».

L’Eglise n’a pas changé : ériger un mémorial, travailler la compassion et le « détail » pour minimiser l’ensemble et protéger ses prébendes.

D’ailleurs, Mgr Michael Neary, archevêque catholique de Tuam, a d’ores déjà déclaré que « l’Église ne savait rien de ce qui se passait dans ces couvents »…

Le quotidien mancunien The Guardian, en date du 4 juin 2014, conclut en interrogeant : « Les pratiques des sœurs du couvent de Tuam étaient-elles isolées ? Sinon, combien de morts dans chacun des couvents irlandais ? Quels étaient leurs noms ? Où sont les tombes ? »

Le Bureau Européen de Coordination de la Libre Pensée tient à rappeler les faits suivants :

– Le 9 novembre 2005, Liz O’Donnell, députée Progressive Democrats de la circonscription de Dublin-South, prenait la parole au Dáil Éireann (parlement) au sujet du rapport sur les événements survenus dans le diocèse de Ferns, dans le comté de Wexford. Une commission d’enquête indépendante ayant dénoncé les abus sexuels commis par des prêtres entre 1960 et 1980, dans un rapport réalisé par trois juges : « Les victimes ont subi non seulement la forme la plus abjecte d’abus sexuels, physiques et psychologiques de la part de membres du clergé, mais aussi du silence de la trahison, de l’inertie de la part de l’Église qui a placé la protection des plus faibles en deçà de ses propres priorités : se protéger eux mêmes, protéger l’Église, la protection des enfants venant loin après. (…)

Cependant, ce rapport est une référence dans un autre domaine. Il changera pour toujours la relation spéciale qui a existé, des décennies durant, entre l’Église et l’État. (…) Ce nouveau départ ne peut avoir lieu sans que les vieilles relations cessent. La déférence tenace et attendue qui était la base des relations entre l’État et l’Église catholique avec une extrême influence en termes de résultats doit cesser absolument. Et seulement alors l’État pourra légiférer comme il se doit. »

– Le 18 juillet 2010, Ivana Bacik, sénateur du Labour Party irlandais, déclarait à son tour : « Le moment est venu d’une campagne pour une constitution laïque qui représentait le caractère pluraliste de la société »

– Le 20 juillet 2011, devant le Dáil Éireann, le Taoiseach Enda Kenny, Premier ministre de la République d’Irlande et dirigeant du parti Fine Gael, fondé en 1933 et historiquement lié à la doctrine sociale de l’Église, prononçait un discours après un rapport accablant sur le diocèse catholique de Cloyne (comté de Cork) mené par une Commission d’investigation : « Heureusement pour nous, nous ne sommes pas à Rome. Ni dans l’Irlande des centres d’apprentissage ou des blanchisseries de Magdalene, où le bruissement d’une soutane suffisait à étouffer la conscience et l’humanité et l’oscillation de l’encensoir dirigeait le monde Irlando-catholique. Nous sommes dans la République d’Irlande de 2011. Une République de droit… de droits et de devoirs, avec son ordre public propre…où la délinquance et l’arrogance d’une certaine version… d’une certaine sorte de « moralité » ne sera plus tolérée ou ignorée à l’avenir. »

Le Bureau Européen de Coordination de la Libre Pensée, qui rassemble des associations se situant dans un cadre large d’activités se référant à la Libre Pensée et à l’athéisme (lutte pour la séparation des Églises et de l’État, refus des dogmes, émancipation intégrale de l’Humanité, pacifisme, etc….), est indépendant de toute structure institutionnelle, étatique ou supranationale.

Il porte à la connaissance de l’opinion laïque que lors du IVème congrès mondial de l’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP) qui se tiendra à Londres (Conway Hall), le lundi 11 aout 2014, Keith Porteus Wood, l’un des porte parole de l’AILP, et Directeur exécutif de la NSS de Grande-Bretagne rapportera sur ces questions, pour une

Commission internationale d’enquête pour que justice
soit rendue aux victimes des crimes de l’Église catholique !
En République d’Irlande, comme partout, il est temps de « séparer les Églises de l’État » !

Paris, Londres, le 28/04/2014

Ce document est aussi disponible en PDF : 2014_beclp_irlande_fr

 

International Commission of Inquiry

To bring justice to victims of crimes committed by

the Roman Catholic Church!

In the Republic of Ireland, like everywhere else,

it is time to “separate Religions and the State”!

 

 

The whole world has been informed that the remains of children and newborn babies have been found in a concrete tank, near a former Catholic convent in the city of Tuam, co. Galway, in Ireland. Between 1925 and 1961, that convent accommodated young unmarried mothers. Historian Catherine Corless, who was undertaking research on the archives of a former convent at Tuam – now converted in a block of houses – has found that 796 children had been buried there without coffins or tombstones. They could have been secretly dumpted by the nuns of the Bon-Secours convent.

This discovery reminds of another scandal involving unmarried women. Between 1922 and 1996, more than 10,000 young girls and women had worked for free in launderies run by Catholic nuns in Ireland. The inmates, labelled «Magdalene Sisters», were unmarried pregnant women or those whose behaviour was deemed immoral in that country submitted to the Social Doctrine of the Roman Catholic Church and its subsidarity principle, notably since the 1937 Constitution, authored by Taoiseach Eamon De Valera (Fianna Fàil) under the advices of Monsignor John Charles McQuaid, archbishop of Dublin.

Malnutrition, pneumonia, tuberculosis and, undoubtedly, ill-treament, the reasons of their deaths are unnumarable. A survey by public health services, as early as 1944, unearthed by Catherine Corless, mentions death rates for children in the Tuam mother and baby home – where the remains were found-, and in similar institutions, were four to five times that of the general population. Also, the document mentions emaciated children.

70 year later, a citizen, William Joseph Dolan, related to a child who had lived in this institution, filed a complaint so as to understand what happened at that time.

And the Tuam children might not be the only ones to have disappeared in Irish convents. The Irish News reminds that, in recent years, different organizations have been campaigning for an investigation to be made on that matter. A total of 4,000 children might have been dumpted in common graves near ten convents which had accommodated about 35,000 women as late as the 1960s in Ireland.

“The revelations are deeply disturbing and a shocking reminder of a darker past in Ireland” said Charlie Flanagan, minister for Children and Youth Affairs in the coalition Fine Gael-Labour government in Dublin, who demands an investigation in which the Church claims to be “willing to participate”.

The Church has not changed: have a memorial built, work on compassion and “details” so as to minimize the whole thig and protect their benefits.

By the way, Monsignor Michael Neary, Catholic archbishop of Tuam, has already declared that “the Church had no knowledge of what was going on in those convent”…

The Guardian, a Manchester daily paper, in its issue of June 4, 2014, concluded by wondering : “Were the Tuam Bon Secours sisters an anomalous, rebellious sect? Or were church practices much the same the country over? If so, how many died in each of these homes? What are their names? Where are their graves?”

The European Coordination Bureau of Freethought insists on reminding the following:

– On November 9, 2005, Liz O’Donnell, Progressive Democrat TD [Teachta Dála] for Dublin-South, took the floor at the Dáil Éireann (Irish Parliament) concerning the report on events that had taken place in the diocese of Ferns, Co Wexford. An independent commision of investigation having denounced sexual abuse by Catholic priests between 1960 and 1980, in a report written by three judges:

“The victims… suffered not only the most awful forms of sexual, physical and psychological abuse at the hands of clergy but also suffered the silence, betrayal and inaction on the part of the church who placed the protection of the most vulnerable below the church’s priority of protecting themselves and the church. Child protection came last.(…) This report, however, is a landmark in another respect. I hope it will change forever the special relationship that has existed for many decades between church and State. But this new beginning cannot happen unless the old relationship ends. The unrelenting deference, which constituted the relations between church and State, must end. It was given for many decades and expected for many decades. This special deference and relationship was extremely influential in terms of outcome, and it must end. Only then can the State act as it should, which is objectively.”

– On July 18, 2010, Ivana Bacik, Labour Party Senator of the Irish Seanad, then said: “Time is ripe to campaign for a secular constitution that could represent the pluralist character of society”.

– On July 20, 2011, before the Dáil Éireann, Taoiseach Enda Kenny, Prime Minister of the Republic of Ireland and Fine Gael leader, a political party founded in 1933 and historically linked to the social doctrine of the Church, delivered a speech following a damning report on the Catholic diocese of Cloyne (county Cork) by a Commission of investigation: “Thankfully, for them and for us, this is not Rome; nor is it industrial school or Magdalene Ireland, where the swish of a soutane smothered conscience and humanity, and the swing of a thurible ruled the Irish Catholic world. This is the Republic of Ireland, 2011 — a republic of laws, of rights and responsibilities, of proper civic order, where the delinquency and the arrogance of a particular version, of a particular kind of morality, will no longer be tolerated or ignored.”

The European Coordination Bureau of Freethought, which regroups organizations in a wide range of actions referring to the Free Thought and Atheism (fight for the separation of Religions and the State, rejection of dogmas, complete emancipation of Humankind, pacifism, etc.), is independent from every institutional, state or supranational structure.

It makes known to the secular public opinion that, at the 4th World Congress of the International Association of the Free Thought (IAFT) which will take place at London (Conway Hall), on Monday, August 11th 2014, Keith Porteus Wood, one of IAFT spokepersons and Executive Director of the British NSS, will report on those issues, for an

International Commission of inquiry to bring justice to those victims

of crimes committed by the Roman Catholic Church!

In the Republic of Ireland, like everywhere else, it is time to “separate Religions and the State”!

Paris, London, 28/04/2014

 

 This article is also available as a PDF document : 2014_beclp_irlande_en