Adoptions forcées


Les évêques flamands demandent pardon pour les adoptions forcées

CosijnsLes évêques du nord de la Belgique se sont associés au Parlement flamand qui a présenté ses excuses, mardi 24 novembre, pour sa lenteur à mener une enquête sur les adoptions forcées qui ont cours dans le pays des années 1950 aux années 1980. Le scandale concernerait 30 000 naissances impliquant systématiquement des institutions tenues par des religieuses, selon l’association Mater Matuta constituée par les victimes en 2014.

Cette pratique, destinée à dissimuler des grossesses non désirées de jeunes femmes (relations hors mariage, victimes de viol, incestes…), est restée sous le sceau du silence jusqu’à la constitution, en 2000, d’un premier collectif de victimes. Ces mères-filles étaient isolées dans des institutions tenues par des religieuses catholiques, et leurs enfants retirés dès la naissance pour être adoptés, parfois même vendus. C’est le cas de l’institut Tamar, à Lommel, fondé en 1970 par la Congrégation de l’Enfant-Jésus, qui aurait à lui seul opéré 700 adoptions forcées. L’implication d’autres foyers a été confirmée, entre autres, dans les villes de Kasterlee, Ostende, Anvers et Gand.

Une enquête du parlement flamand, appuyée par de nombreux témoignages, a montré que ces pratiques s’appuyaient sur des réseaux d’apparence caritative, impliquant non seulement des religieuses, mais aussi des gynécologues, des médecins, des sages-femmes et des fonctionnaires de l’état-civil, ainsi que sur un bureau d’adoption, appelé « La famille adoptive », dissous depuis longtemps.

« Nous compatissons à la douleur et comprenons le traumatisme entraîné par la séparation de la mère et son enfant, écrit l’évêque d’Anvers dans un communiqué. Cela a laissé de profondes cicatrices. » Le parlement flamand a lui aussi fait son mea culpa pour sa lenteur à avoir diligenté une enquête sur ce sujet; les parlementaires de Flandre ne se sont penchés sur cette part sombre de l’histoire de la région qu’à partir d’août 2014.

En décembre 2014, Herman Cosijns, secrétaire général de la Conférence des évêques belges, auditionné par la commission d’enquête parlementaire, avait affirmé qu’il était « faux de parler d’adoptions forcées », considérant même que pour les jeunes mères c’était un choix : « s’occuper soi-même d’élever l’enfant ou le confier à l’adoption ». Des propos qui avaient provoqué un tollé au sein de la commission et dans toute la région.

La Raison n° 608 Février 2015

http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_adoptions-forcees-mgr-cosijns-suscite-l-indignation-des-deputes-flamands?id=8505174

http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-flandre-presente-ses-excuses-pour-les-adoptions-forcees-des-annees-50-a-80?id=9146284