L’histoire se situe en 1919, dans une bourgade du Berry. Un « héros » de la guerre, Jacques Morlac, fils de paysan croupit en prison et risque d’être envoyé au bagne ou devant un peloton d’exécution pour l’exemple.
Qu’a-t-il fait ? Décoré son chien Guillaume de la légion d’honneur et défilé avec lui le 14 juillet en déclarant « Soldat Guillaume, au nom du Président de la République, je vous accueille dans l’ordre de l’ignominie qui récompense la violence aveugle, la soumission aux puissants et les instincts les plus bestiaux ».
Ce n’est pas un roman sur la première guerre mondiale mais la relation d’un fait véridique. L’histoire se passe après la Grande Guerre mais celle-ci y est évoquée tout au long du texte. On y rencontre de simples hommes, des paysans non pas dans les tranchées du nord de la France mais sur le front d’Orient. Ces soldats, ces hommes vont apprendre à leurs dépens que « Les distinctions, médailles, citations, avancements, tout cela était fait pour récompenser des actes de bêtes.«
Ce livre est aussi celui des tentatives de fraternisations, des mutineries, de l’absurdité des guerres « … la seule manifestation d’humanité, celle qui aurait consisté à faire fraterniser des ennemis, à décider la grève de la guerre, à forcer les gouvernements à la paix, cet acte-là était le plus condamnable de tous et nous aurait valu la mort, si nous avions été découverts. »
La réflexion politique de cet homme, de ces hommes, va s’approfondir à la lecture de livres et de la révolution russe qui débute : « Pendant ma permission, j’ai beaucoup lu. La guerre m’avait changé. Je n’imaginais pas que tout cela pouvait exister. Les obus, les peuples en uniforme, les combats où, en quelques minutes, des milliers de morts se retrouvent allongés en plein soleil. J’étais un petit paysan, vous comprenez ? Je ne savais rien. Même si je m’étais mis à lire avant la guerre, c’étaient des livres sans importance. Quand je suis revenu en permission, c’était autre chose : il fallait que je trouve des réponses. Je voulais voir ce que d’autres avaient compris de la guerre, de la société, de l’armée, du pouvoir, de l’argent, de toutes ces choses que je découvrais. »
Jean-Christophe Rufin, Le collier rouge – Éditions Folio -162 pages – 6,40€
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