Mutins, déserteurs, pacifistes, antimilitaristes de tous les pays et de toutes les guerres : Unissez-vous !


Chaque jour, l’actualité met à l’ordre du jour la guerre que les peuples n’ont pas voulue, mais dont ils subissent les conséquences meurtrières.

Dans le cadre de la campagne pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de la guerre de 1914-1918, la Fédération Nationale de la Libre Pensée a organisé à Saint-Nazaire les 28 et 29 Novembre 2015, un colloque national et international sur le thème : « Mutins, déserteurs, pacifistes, antimilitaristes de tous les pays et de toutes les guerres : Unissez-vous ».

Des militants pacifistes de diverses organisations françaises et étrangères sont venus présenter les principales mutineries et révoltes de l’histoire, les refus de combattre, les désertions.

Voici une interview suivie du témoignage de Noa Levy, pacifiste israélienne.

Interview de Noa réalisée par David Gozlan, Secrétaire général de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

Libre Pensée : Pouvez-vous vous présenter ?

Noa : Je m’appelle Noa. Je suis née à Tel-Aviv et je vis actuellement à Jaffa. Je suis juriste (avocate) et travaille pour une organisation des Droits de l’Homme qui s’occupe des violences policières. Il y a 12 ans, j’ai refusé de servir dans l’armée israélienne pour des raisons idéologiques, et actuellement, je suis au Centre pour les objecteurs de conscience israéliens.

En 2014, je traitais les lettres des objecteurs (les objecteurs sont des adolescents), je les conseillais et  j’ai été impliquée dans le procès de trois auteurs de lettres d’objecteurs durant les 18 derniers mois. Je suis actuellement partie prenante de la constitution d’un nouveau réseau politique d’objecteurs qui fait le lien entre les différents groupes d’objecteurs (qui sont en général de petits groupes et qui agissent sur du court terme).

Je suis également membre du Parti communiste israélien et du Front démocratique pour la paix et la démocratie (Hadash), et durant les 2 dernières années, j’étais  vice-présidente  du syndicat des jeunes enseignants à l’université, une organisation de 4 500 travailleurs.

Libre Pensée : Pourquoi avez-vous cette approche politique ?

 Noa : Je crois qu’en Israël les gens doivent se lever et refuser de servir le régime actuel d’occupation, d’oppression et de guerre. L’Etat d’Israël utilise le pouvoir militaire pour contrôler les palestiniens et agir contre les pays voisins, d’une manière qui entretient leur souffrance mais aussi la nôtre. Nous vivons dans un état perpétuel de guerre et de terreur et je crois que l’on ne peut pas arrêter le feu avec plus de feu.

Libre Pensée : Y a-t-il beaucoup de jeunes gens sensibles à vos arguments ? Comment réagissent-ils généralement ?

Noa : La plupart de la population israélienne soutient l’IDF (Armée de défense israélienne) et ses actions et notre Premier ministre a dit récemment que « nous vivrons toujours avec nos épées », signifiant ainsi qu’il n’y a pas de possibilité de sortir de ce cercle de violence et que la seule chose qui nous tient en vie c’est encore plus de pouvoir.

Le mouvement d’objection est petit mais a un bon impact sur de nombreux jeunes israéliens qui ne sont pas prêts à affirmer leur objection publiquement, mais qui évitent le service militaire par d’autres moyens. En Israël, la stigmatisation des personnes qui ne servent pas dans l’armée est très dure : entre « mishtamet » (quelqu’un qui se soustrait à ses devoirs, un profiteur) et un traître.

Noa Lévy, militante pacifiste israélienne au colloque organisé par la Libre Pensée : Mutins, déserteurs, pacifistes, antimilitaristes de tous les pays et de toutes les guerres : Unissez-vous !