L’Association Internationale de la Libre Pensée
informe de la situation extraordinaire dans laquelle se trouve l’Église Catholique au Chili
Il y a divers cas d’abus sur mineurs par des adultes de plus de 50 ans, pour lesquels Fernando Karadima et d’autres ecclésiastiques catholiques de l’Église chilienne ont été dénoncés. Ces derniers fondèrent la paroisse El Bosque, dans le secteur oriental de Santiago, parmi les plus beaux quartiers de la capitale. Elle fut administrée par Karadima et c’est là où se perpétrèrent des abus sexuels – et de pouvoir – selon de nombreuses dénonciations.
Le clergé chilien, pendant des années, ne se soucia guère des très nombreuses dénonciations dans cette paroisse, et d’autres dans le pays, jusqu’à ce que s’ouvre une enquête. Messieurs James Hamilton, Juan Carlos Cruz et Joé Murillo insistèrent auprès de la justice sur l’existence de nombreux abus dont se rendit coupable le curé Karadima jusqu’en 2010.
Des milliers de fidèles suivirent les différentes manifestations publiques lors de la récente visite du pape François (Janvier 2008). La présence dans l’entourage du pape de l’évêque Juan Barros, intime de Karadima et qui fut accusé de couvrir les abus commis par ce dernier, provoqua indignation et polémique, non seulement au Chili, mais aussi au-delà. A la fin de la visite, le pape s’informa dans le détail, puis s’excusa pour avoir minimiser les accusations et ordonna une enquête interne.
Faute collective, démission collective ?
Lors de quatre réunions au Vatican, les évêques chiliens présentèrent leur démission « pour laisser liberté absolue au Pape ». Ce dernier s’engagea à se prononcer rapidement sur ces démissions et, à plus lointaine échéance, à réfléchir à une refondation de l’Église Chilienne dévoyée ces trente dernières années. A cet effet, le Pape remis un texte aux 34 évêques mardi 15 mai au début des réunions.
Le long document du Pape indique : « Aucun individu ou groupe si haut placé soit-il ne peut prétendre représenter la totalité du Peuple de Dieu et encore moins se considérer comme étant la voix authentique de son interprétation. En ce sens, nous devons être attentifs à ce que je me permets d’appeler la « psychologie d’élite » qui peut influer sur la façon d’aborder les questions… en une claire allusion à la façon dont « les élites ont administré ces dernières années l’Institution, pendant lesquelles les vues de la hiérarchie ecclésiastique a prévalu sur l’église de la rue, des paroisses de quartier et des fidèles éloignés du caviar ».
Avec une certaine rudesse, Bergoglio s’est livré à une reconnaissance : « s’agissant des couvertures et des faits délictuels qui concernent une Église qui commence à se diviser, elle devrait cesser de se centrer sur la hiérarchie ecclésiastique et l’élite qui l’a cooptée ces trois dernières décades ».
Le document du Pape, rendu public le 17 mai, se livre à une profonde critique de la hiérarchie et de sa conduite : « La douloureuse et honteuse constatation d’abus sexuels de mineurs, d’abus de pouvoir de la part des ministres de l’Église, ainsi que leur gestion, mettent en évidence la nécessité d’un changement du centre ecclésiastique ». « Loin de s’effacer pour faire surgir les signes du Ressuscité, le péché ecclésiastique a occupé toute la scène en concentrant toute l’attention et les regards.»
Une situation inédite, extraordinaire au sens premier du terme
Sans doute, la décision du Pape est inédite, au-delà des démissions et bouleversements que cela entraîne et qui seront décidés dans les prochains jours.
Dans la lettre où il présente ses conclusions – après avoir pris connaissance du rapport dit Scicluna – il aborde pour la première fois les dissimulations à l’intérieur de l’institution, la plupart rendus publiques avec un niveau de légèreté plus proche d’un cartel qu’un groupe d’évêques.
Bergoglio ajoute : « mes envoyés ont pu confirmer que certains religieux expulsés de l’ordre au motif de l’immoralité de leur conduite et après avoir minimisée la gravité des faits délictuels en les taxant de mineurs, ont été accueillis dans d’autres diocèses, on leur a même confié de façon tout à fait imprudente des charges diocésaines ou paroissiales qui supposent des contacts directs et quotidiens avec des mineurs.»
Le Pape est revenu aussi sur les enquêtes sur Charles Scicluna1 et Jordi Bertomeu qui mettent en lumière l’existence de « graves manquements dans la façon de gérer les cas de « delicta graviora »2 , qui confirment un certain nombre de faits préoccupants qui apparurent au grand jour dans quelques Dicasterios romanos3. En particulier dans la façon d’enregistrer les dénonciations ou « notitae criminis »4, car dans de nombreux cas, elles ont été traités très superficiellement, les considérant improbables, alors qu’il y avait indices graves de délit effectif.»
« L’existence de présumés délits traités à contretemps ou jamais enquêtés, entraînant l’indignation des plaignants et de tous ceux qui connaissaient les victimes, familles, amis, communautés paroissiales. Dans d’autres cas, on a constaté la présence de graves négligences dans la protection des enfants vulnérables de la part des évêques et des Supérieurs religieux, qui ont pourtant une responsabilité particulière dans les protections du peuple de Dieu» …
Le pape François poursuit en insistant sur la situation vécue par les plaignants et mettant l’accent sur les faits reprochés à Scicluna au Chili, en encourageant les victimes à demander justice auprès des tribunaux civils.
La population s’interroge maintenant pour savoir si ces religieux dégénérés seront punis ; s’ils croient vraiment en Dieu ; cela fait surgir aussi de profonds doutes sur l’Église Catholique dans le monde entier.
Il est important de mettre en exergue le problème du célibat, auquel ces religieux disent se conformer. C’est pourtant une situation « antinaturelle ».
L’Église catholique est éloignée de la réalité des progrès scientifiques comme le démontra Stephen Hawking dans son livre The Grand Design, quand il détermine que Dieu ne créa pas l’Univers en ajoutant que « les théories scientifiques les plus actuelles rendent inutile l’image du créateur.»
Antonio Vergara Lira
Porte-Parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée pour le Chili
L’Association internationale de la Libre Pensée informe que depuis Son congrès de fondation de 2011 à Oslo (Norvège), elle mène une
campagne permanente pour la défense des victimes des crimes des Églises. Ses représentants, notamment Keith Porteous Wood de la
NSS de Grande-Bretagne, sont intervenus plusieurs fois dans les instances internationales de l’ONU sur ce sujet.Quand a été rendu publique la découverte de centaines de cadavres d’enfants enterrés dans une fosse commune au Couvent de Tuam (Irlande), l’AILP a demandé que tous les archives de la Congrégation du Bons-Secours soient ouvertes et remises à la Justice. L’AILP a demandé une audience au Pape François sur ce sujet, nous n’avons jamais reçu de réponse.
Santiago du Chili, le 30 mai 2018
_______________________________________________________________________
(1) L’évêque Scicluna est le prélat qui a été chargé d’enquêter au nom du pape (photo dans l’article)
Citations du Pape en latin en usage au Vatican :
(2) Delicta graviora (actes délictuels graves )
(3) Dicasterios romanos (tribunal, juge ou juré – s’utilise en référence aux départements ou organismes spécialisés de la Curie Romaine )
(4) Notitae criminis ( notice criminelle qui est la forme par laquelle on est informé qu’un acte a été commis )