Un grand colloque s’est tenu à Tunis les 21 et 22 septembre 2018 : La loi et/ou le sacré
L’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP) avait tenu à Beyrouth, en 2012, son premier colloque au Moyen-Orient, en collaboration avec l’Association Libanaise pour la Philosophie du Droit. Sur le thème « Religions, Laïcité et Etat de droit ». Elle vient de tenir son premier colloque en Afrique avec le concours de l‘Institut de Recherche sur les Mondes Méditerranéen et Africain (IRMMA) et le CERSA (Centre d’Etudes et de Recherches de Sciences Administratives). Mme Raja ben Slama, Directrice de la Bibliothèque Nationale de Tunisie, a ouvert le colloque et mis à disposition la prestigieuse salle Tahar Haddad (1899-1935), syndicaliste (fondateur de la CGTT) et militant pour l’abolition de la polygamie, pour l’égalité des droits et l’émancipation des femmes.
Toutes les conditions étaient donc réunies, pour que, à mille lieues des stigmatisations colonialistes et des polémiques, les débats prennent, comme à Beyrouth, le chemin d’une réflexion commune sur : comment avancer ? Et ce fut le cas : juristes qui préparent les lois ou les font appliquer, militantes des droits des femmes et de l’égalité, libres penseurs instruits par l’histoire du combat pour la séparation, femmes et hommes politiques militant pour la démocratie, tous ont débattu sereinement avec le souci de s’instruire mutuellement et d’offrir aux autres des outils pour le combat de la liberté absolue de conscience.
Les militantes et militants de l’AILP ont pu mesurer le chemin parcouru depuis le congrès de fondation d’Oslo (2011). Avec des auditeurs et des oratrices (une majorité) et des orateurs d’Algérie, de France, de Grèce, de Mauritanie, de Pologne, du Sénégal et bien sûr – en nombre et diversité – de Tunisie, ils ont pu mesurer les conditions du combat permanent pour que l’élaboration de la norme qui garantit les droits soit indépendante du pouvoir de ceux qui prétendent représenter le sacré. Les avancées dans ces domaines coïncident avec le mouvement des peuples et les reculs avec le retour – toujours possible – de l’obscurantisme.
C’est le combat pour la liberté absolue de conscience, dans des situations où le blasphème et l’apostasie peuvent conduire à la mort, c’est le combat contre l’excision et les mutilations sexuelles, au nom d’un « sacré » antérieur aux monothéismes contemporains, c’est le combat pour les libertés reproductives et le droit civil, le combat pour la liberté d’expression et le droit d’organisation. Tout cela s’inscrit dans des institutions, tel est le rôle de la laïcité.
Ce n’est pas seulement une nouvelle étape qui a été marquée, c’est un nouvel élan pour l’AILP sur ce continent.
Tunis, le 29 septembre 2018
PS : Les actes seront publiés, en Arabe et en Français, courant 2019 (par souscription).
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