Le Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken (CLP-KVD) se réclame de l’antimilitarisme. Il condamne toutes les guerres impérialistes, toutes ces « opérations extérieures » qui ne sont que des relents de conquêtes coloniales.
Les bouchers du Printemps des Peuples européens et de la Commune de Paris sont ceux-là même qui organisèrent la première guerre mondiale entre les peuples. Durant cette guerre, 10 millions de morts, 21 millions de blessés, 8 millions de prisonniers, des millions de civils morts de faim et de maladies, 7,7 millions de personnes de déplacées dans toute l’Europe….
Ils ne furent que quelques poignées de femmes et d’hommes à s’opposer à la boucherie dont Jaurès qui déclarait le 25 juillet 1914 : « Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui compte un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes, et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar. » Pour mettre les peuples au pas, ils assassinèrent pour l’exemple Jaurès et le monde s’embrasa.
Nous savons que les dirigeants de la plupart des partis socialistes des grandes puissances impliquées dans la guerre votèrent les crédits de guerre contre l’avis de leurs militants ; interdisant ainsi à la classe ouvrière des pays concernés la possibilité de s’opposer à la boucherie annoncée. Début de trahisons toujours répétées…
Aujourd’hui, la guerre est sur tous les continents, des centaines de milliers d’êtres humains sont massacrés, il y a 300 000 enfants soldats dans le monde, plus de 65 millions de personnes sont jetées sur les routes, ce sont plus 1500 milliard de dollars qui sont engloutis dans les dépenses militaires. Bien que les conditions diffèrent, ne faut-il pas voir certaines similitudes avec la situation de la première guerre mondiale en relisant le manifeste de Kienthal (Extraits):
« Aux peuples qu’on ruine et qu’on tue :
Prolétaires de tous pays unissez-vous
[…]
On disait déjà en 1915 à Zimmerwald : les institutions du système capitaliste qui disposent du sort des peuples que sont les gouvernements monarchiques ou républicains, la diplomatie secrète, les puissantes organisations patronales, les partis bourgeois, la presse capitaliste, l’église, sur elles toutes pèse la responsabilité de cette guerre, surgit d’un ordre social qui les nourrit. »
[…]
Ainsi est-il démontré que seuls ont bien servi leur pays ceux des socialistes qui, malgré les persécutions et les calomnies, se sont opposés au délire nationaliste en réclamant la paix immédiate et sans annexions.
Travailleurs des villes et des champs :
Vos gouvernements, les cliques impérialistes et leurs journaux vous disent qu’il faut tenir jusqu’au bout pour libérer les peuples opprimés. C’est une des plus grande fourberies imaginées par nos maîtres pour la guerre. Le vrai but de cette boucherie mondiale est pour les uns d’assurer la possession du butin qu’ils ont rassemblé pendant les siècles et au cours d’autres guerres ; pour les autres d’aboutir à un nouveau partage du monde en annexant des territoires, en écartelant les peuples, en les rabaissant au niveau des parias.
Vos gouvernements et vos journaux vous disent qu’il faut prolonger la guerre pour qu’elle soit la dernière guerre : ils vous trompent, la guerre n’a jamais tué la guerre. Au contraire, en excitant les sentiments et les intérêts de revanche la guerre prépare la guerre, la violence appelle la violence. Il n’y a qu’un moyen définitif d’empêcher les guerres futures. C’est la conquête du gouvernement et de la propriété par les peuples eux-mêmes. »
Ce 11 novembre, la monarchie, le gouvernement, l’église catholique vont à nouveau mélanger allègrement patriotisme, grandeur de l’armée, nécessité du sacrifice, unité nationale et oblitérer le refus de la guerre par la classe ouvrière, la révolte des soldats, l’injustice expéditive du front… Pas un mot, pas une action pour dire « Non à la guerre ! », alors que les survivants de la boucherie de 1914-1918 exigèrent, dès 1919, que le 11 novembre célèbre le refus de la guerre et ce jusqu’au pacifisme intégral et l’entente entre les peuples.
Ainsi, André Linville écrivait dans le journal des mutilés et des réformés de juillet 1919 : « Ne l’oublions pas, qu’on le veuille ou non, le militarisme c’est la guerre, et la guerre, nous n’en voulons plus. Donc supprimons désormais tout ce qui peut éveiller le militarisme dans notre pays. Les manifestations militaires sont ces aliments. Écartons-les. Plus de cérémonies guerrières. Plus de ces retraites qui excitent l’imagination. Plus de ces revues, qui ne sont que d’inutiles spectacles, destinés à enflammer les foules.». Ou quelques mois plus tôt, Louis Barthas en février 1919 « Dans les villages, on parle déjà d’élever des monuments de gloire, d’apothéose aux victimes de la grande tuerie, à ceux, disent les patriotards, qui « ont fait volontairement le sacrifice de leur vie », comme si les malheureux avaient pu choisir, faire différemment. Je ne donnerai mon obole que si ces monuments symbolisaient une véhémente protestation contre la guerre, l’esprit de la guerre et non pour exalter, glorifier une telle mort afin d’inciter les générations futures à suivre l’exemple de ces martyrs malgré eux. »
Tout comme, les soldats Barthas et André Linville, il ne s’agit pas, pour nous libres penseuses, penseurs, membres du CLP-KVD, de commémorer l’armistice mais de rappeler et d’exprimer fermement les principes antimilitaristes et pacifistes du mouvement ouvrier et démocratique. Le 11 novembre auquel nous participons, n’est pas celui des couronnés, des galonnés, des mitrés.
Durant tout le conflit et dans tous les pays, des soldats refusèrent la guerre. Ce refus s’appuyait sur le droit de choisir de ne pas porter les armes, de ne pas tuer l’autre, sur l’aspiration à la vie, sur la liberté de conscience, qui faisait dire à Emmanuel Kant : « Mais j’entends présentement crier de tous côtés : Ne raisonnez pas ! L’officier dit : Ne raisonnez pas, exécutez ! , le financier dit : Ne raisonnez pas, payez, le prêtre dit : Ne raisonnez pas, croyez ! ». Ces soldats furent fusillés pour l’exemple ! Pour mater la troupe !
Notre combat pour la réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 14-18 n’est pas un combat idéaliste, d’arrière garde, c’est un combat pour l’Humanité. Il s’inscrit dans cette volonté de donner à la liberté de penser, donc à la liberté de conscience cette place de subversion sans laquelle l’humanité ne peut perdurer.
Réhabiliter les fusillés pour l’exemple, c’est replacer ces hommes au centre l’Humanité, c’est rendre justice à ces hommes, qui ont subi, vécu, participé malgré eux à la boucherie de 14-18.
Dans d’autres pays, des réhabilitations collectives ont déjà été prononcées. Ce qui a été possible au Royaume-Uni et en Allemagne doit être possible en Belgique.
A bas la guerre, toutes les guerres !A bas la calotte et vive la sociale !
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