– Communiqué de presse –
Les réfugiés victimes de l’accord abject, honteux de l’Union européenne avec la Turquie !
Pour rejoindre l’Europe, des milliers d’êtres humains d’Afrique, du Moyen et d’Extrême-Orient, voulant échapper au cauchemar des guerres, des persécutions, des dérèglements climatiques, meurent le long des routes de l’exil : avalés par les flots, ensevelis dans les sables des déserts ou se retrouvent enfermés dans des camps d’internement. Bombardés, persécutés là-bas et ici, internés ! Cela suffit !
Nous assistons ces dernières années, ces derniers mois à des scènes épouvantables de bateaux coulant à proximité des côtes européennes, de ces corps se débattant dans les eaux, de ces sacs alignés le long des plages, des quais. A nouveau, nous assistons au spectacle épouvantable, insoutenable des violences subies par des réfugiés sur l’île de Lesbos, au parcage de milliers de réfugiés dans un no man’s land le long de la frontière terrestre gréco-turque ou dans des canots le long des côtes grecques. À nouveau, des milliers de réfugiés – enfants, femmes, hommes – affamés, maltraités, humiliés font l’objet d’enjeux sordides, de monnaie d’échange entre les grandes puissances, régionales ou non.
Le 18 mars 2016, les opérations de contrôle des frontières et du refoulement des réfugiés ont été externalisées, sous-traitées à la Turquie par la Commission européenne . En contrepartie, M. Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement obtenaient la levée des restrictions sur l’attribution de visas en faveur de ses citoyens, ainsi que le versement d’un montant de six milliards d’euros. La condamnation de cet accord, dès sa signature, par la Ligue des Droits Humains (1), par la Libre Pensée, au niveau international, se trouve aujourd’hui tragiquement justifiée !
Mais, horreur ! C’est maintenant à la Grèce, pays membre de l’Union européenne, d’assurer que les réfugiés n’atteignent pas leur pays de destination ! Ceci en contravention avec la Convention de Genève du 28 juillet 1951 sur le droit d’asile.
« Nous protégeons fermement les frontières de la Grèce et de l’Europe », par ses déclarations, le vice–ministre grec de la défense ne fait que confirmer la politique de l’Union européenne de ces dernières années en matière du droit des réfugiés et du droit d’asile. Les soutiens à l’armée grecque n’ont pas tardé : de la Commission européenne au Haut Commissariat aux Réfugiés en passant par Macron. Le HCR allant jusqu’à demander aux réfugiés de « respecter la loi et de se retenir de créer des situations perturbant l’ordre public et la sécurité aux frontières et ailleurs ». Rien de moins !
Angela Merkel, par la voix de son représentant, rappelle au gouvernement turc que : « Nous sommes convaincus de la valeur de l’accord et nous attendons qu’il soit respecté. »
« Je voudrais relever que la pression migratoire qui est aujourd’hui aux portes de l’Europe – de la Grèce, un peu de la Bulgarie, un peu de Chypre – est organisée par le régime du président (Recep Tayyip Erdogan) pour constituer un élément de chantage à l’égard de l’Union européenne […] L’Union européenne ne cédera pas à ce chantage […] Les frontières de la Grèce et de l’espace Schengen sont fermées et nous ferons en sorte qu’elles restent fermées, que les choses soient claires! » éructe Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères.
Pour ne pas être en reste, Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, chargée du dossier des migrations déclarait : « Les frontières européennes ne sont pas ouvertes et ne doivent pas être ouvertes ». Déclaration qui renforce et « légitimise » les discours racistes, xénophobes, martelés par de nombreux politiques européens réactionnaires, au pouvoir ou dans l’opposition. Politiques qui n’ont de cesse de présenter les réfugiés comme des éléments à surveiller, à endiguer, plutôt qu’ à les accueillir comme des êtres humains. Déclaration qui piétine allègrement les conventions relatives aux droits humains et le droit absolu en terme d’asile !
Mais pour tous les gouvernements de l’U.E., pour la Commission européenne, que valent ces dizaines de milliers de femmes, d’enfants, d’hommes ? Dès lors que des milliards d’euros sont versés à leurs sous-traitants pour qu’ils cantonnent les réfugiés en Turquie, en Libye, en Afrique subsaharienne !
Oui ! Les actes de violence commis par les États grec, turc, par Frontex, à l’encontre des réfugiés s’inscrivent pleinement dans la politique de l’Union européenne de violation des droits de l’Homme.
Que penser de ces gouvernements qui d’un côté portent la guerre au nom d’un pseudo droit d’ingérence humanitaire, d’un pseudo droit aux guerres humanitaires en Irak, Syrie, Libye, Afghanistan, Somalie, Éthiopie, Érythrée, Soudan, Congo, Niger, Mali, etc., et de l’autre, rejettent les populations fuyant l’horreur.
La « guerre » contre les réfugiés est une guerre contre l’Humanité !
La tristesse, la colère doivent s’accompagner d’un cri de révolte, d’une mobilisation de toutes les organisations qui se réclament de l’Humanisme. Pour cela, le CLP-KVD s’associe à l’appel de la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP) pour exiger:
1°- L’annulation de l’accord du 18 mars 2016 conclu entre l’Union européenne et la Turquie ;
2°- L’application immédiate dans toutes ses dispositions actuelles de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 que les mesures, légales et illégales, prises dans le cadre du rétablissement des contrôles aux frontières, empêchent de produire son plein effet à l’égard des demandeurs d’asile ;
3°- La révision, dans les plus brefs délais, vu l’état du monde, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 et de la Convention de Genève de 1951 afin de reconnaître la qualité de demandeurs d’asile non seulement aux personnes victimes de persécutions mais également aux individus fuyant les guerres, la grande pauvreté et les catastrophes.
Bruxelles, ce 10 Mars 2020
(1) Accord entre la Turquie et l’Union Européenne une mascarade
(2) Accord Turquie Union européenne : le sort des réfugiés s’aggrave
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