Le débat sur la légalisation de l’avortement ressurgit en Argentine, où les pro et anti-IVG fourbissent leurs armes tandis qu’un nouveau projet de loi va être très prochainement débattu au Parlement à l’initiative du nouveau président Alberto Fernandez. «Je ne veux plus qu’aucune femme ne meure à cause d’un avortement », déclarait-il dans une interview accordée au Monde le 8 février. Élu fin octobre 2019, il est le premier chef d’État argentin à se prononcer en faveur de la légalisation de l’IVG. Un projet de loi préparé par son gouvernement sera présenté dans les prochaines semaines au Congrès – l’ouverture des sessions parlementaires a eu lieu le 1ermars.
Rappelons que dans ce pays de 45 millions d’habitants, l’avortement n’est légal qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Mais chaque année, environ 400 000 avortements sont pratiqués, selon les organisations de Défense des droits des femmes. Ces avortements se déroulent la plupart du temps dans des conditions d’hygiène précaires pour les plus pauvres, ou dans des cliniques privées pour celles qui peuvent débourser environ 1 000 euros. Une Argentine qui avorte s’expose à une peine de prison jusqu’à quatre ans, selon le Code pénal, et le praticien risque la même sanction.
« Les avortements clandestins représentent l’une des principales causes de mortalité maternelle en Argentine, dénonce Julieta de Brito, médecin généraliste de 37 ans venue manifester avec son bébé d’un an et demi. Les considérations morales n’ont pas leur place dans ce débat au sujet d’une question de santé publique. » Selon le ministère de la Santé, près de 355 000 femmes avortent clandestinement chaque année en Argentine, et une cinquantaine en décèdent.
En juin 2018, lors d’un vote historique, la chambre des députés avait approuvé la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à la 14e semaine, mais le Sénat Pavait finalement rejetée quelques semaines plus tard. Selon la dernière enquête d’opinion sur les croyances et comportements religieux en Argentine, le nombre de personnes qui affirment que l’avortement est un droit pour les femmes a doublé en dix ans, passant de 14,1 % en 2008 à 27,3 % en 2019.
L’Église catholique, très influente dans le pays d’origine du pape, a appelé les militants « provida » (pro-vie) à se rassembler le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, à Lujan, ville située à une heure de route de Buenos Aires.
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