Le Portugal approuve la dépénalisation de l’euthanasie


Source les Échos : Les députés portugais ont voté jeudi 20 février, par 127 voix pour, 86 contre et 10 abstentions, le projet de loi qui va désormais réguler l’euthanasie. Le texte dépénalise l’aide aux personnes et donne le droit à mourir dignement. Le débat a été tendu, alors que le Parti socialiste et le principal parti d’opposition, PSD (centre droit), avaient donné liberté de vote à leurs députés sur un sujet d’autant plus délicat que l’Église catholique s’était engagée dans la bataille. Le Portugal devient ainsi le quatrième pays d’Europe à légiférer en la matière, après la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Ni les protestations des évêques, ni celles de l’Ordre des médecins n’ont réussi à changer la donne. La majorité parlementaire s’est positionnée en faveur de la proposition du Parti socialiste qui devrait maintenant introduire des amendements issus des projets des autres partis. Le texte signale que l’initiative partira du patient, en pleine possession de ses facultés, qui se trouverait exposé à une situation de souffrance « prolongée et insupportable », avec lésions ou maladie incurable. Il indique que le dispositif sera ratifié et encadré à tout moment par des médecins, et que les mineurs et les malades mentaux ne sont pas concernés par la loi.

« Le débat est très mature, il s’agit de dépénaliser dans des circonstances parfaitement définies », a souligné le député du Bloc de gauche José Manuel Pureza.

La controverse n’est peut-être pas terminée pour autant, car des militants catholiques opposés au projet de loi espèrent freiner le processus législatif en lançant une initiative populaire de référendum. En cas de consultation, ils ont peu de chances de gagner, puisque les enquêtes indiquent que la majorité de l’opinion publique appuie la loi. Mais ils pourraient avoir des chances de paralyser le processus en profitant de la particularité portugaise qui ne valide une consultation populaire que si 50 % des électeurs inscrits se prononcent. Deux référendums sur l’avortement avaient ainsi échoué, en 1998 et 2007, faute de participation.

Le Président portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa qui est catholique pratiquant, a veillé à rester en dehors des débats ces dernières semaines. Il pourrait néanmoins opposer son veto et renvoyer le texte de loi à la Cour constitutionnelle. Mais en tout état de cause, cette manœuvre devrait rester symbolique puisque le texte reviendrait ensuite au parlement pour être voté, définitivement et sans retouche.