Lecture : « Du citoyen et des religions » de Philippe Forget


Liberté, souveraineté et laïcité est le sous-titre de l’ouvrage de philosophie politique paru en 2013 aux Editions Berg. L’auteur montre comment grâce aux méthodes de la Raison, le cosmos chrétien et son ordre politique, juridique et social a été renversé. Livre régénérant, revivifiant pour l’idéal républicain toujours à reconquérir ou à conquérir, pour la laïcité qui le nourrit et l’invente en permanence…

Quatrième de couverture : Les religions semblent retrouver une nouvelle vie dans des sociétés à la fois désertées par la vie de la pensée et livrées à de profondes mutations démographiques. Abusée, l’opinion en oublie que la République laïque s’est construite sur l’affirmation de la liberté de conscience par rapport à la religion. Tout citoyen est libre de croire ou de ne pas croire. Il ne saurait être d’emblée assigné à une identité religieuse, sous peine de régression historique.

À l’ère de la liberté éclairée de l’individu et de la souveraineté du peuple, cultes et croyances restent nécessairement confinés à la sphère privée. S’il y a des religions sur le territoire de la République, aucune ne peut être dite « de la République ». L’auteur s’emploie donc à décrypter les nouvelles recettes idéologiques par lesquelles un cléricalisme médiatique s’évertue à tarauder la conscience critique du citoyen. Obnubilé par ses « racines », celui-ci ne conçoit plus l’universalité de l’intérêt public, il consent à être traité en individu mineur et ordonné à des tâches subsidiaires.

Les mêmes illusions toxiques de l’absolu révélé imbibent autant les préjugés religieux que les dogmes idéologiques de notre époque. Comme l’explique Philippe Forget, la publicité des « minorités visibles », l’apologie du « multiculturalisme » et le culte de l’Autre aboutissent à ruiner l’unité républicaine du peuple qui dès lors macère dans ses mémoires, aux dépens du progrès commun. Les « élites » parasitaires prospèrent sur l’usure morale et politique de la conscience collective qu’elles privent ainsi d’horizon.

L’urgence de l’heure ne commande pas de restaurer une prétendue identité canonique de la nation, mais de repousser l’idolâtrie politico-médiatique des fétiches religieux. Il y va de la liberté des individus, de la souveraineté des citoyens et de l’indépendance de la patrie. La République ne se partage pas avec les meutes et troupeaux du dieu de soumission. L’enjeu est de remettre le citoyen et sa République sur leurs pieds.

L’auteur : Philippe Forget est docteur en philosophie morale et politique, ancien chercheur en science politique à l’Institut universitaire européen de Florence. Il est aussi le co-fondateur et le directeur de la revue L’Art du Comprendre (anthropologie philosophique et herméneutiques). Il a publié, en collaboration avec Gilles Polycarpe, L’Homme machinal (Paris, Syros, 1990) et Le Réseau et l’infini (Paris, Économica, 1997). Il est l’auteur de plusieurs entrées dans le Dictionnaire de stratégie (Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2006), L’obsession identitaire – Politique de soumission ou politique de liberté ? (Paris, Berg international 2016).