Ami.e.s, Citoyen.ne.s, Camarades
Je vous apporte le salut fraternel du Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken (CLP-KVD). Le CLP-KVD entend rappeler à cette occasion sa condamnation encore et toujours les guerres passées, présentes. Se réclamant depuis sa fondation de l’antimilitarisme internationaliste et pacifiste, le CLP-KVD condamne toutes les guerres impérialistes ainsi que les « opérations extérieures » lesquelles, au nom d’un pseudo droit d’ingérence humanitaire, ne sont que relents de conquêtes colonialistes.
Ils ne furent que quelques poignées, fidèles à leur mandat, à refuser la boucherie de 1914-1918.
Ainsi, Jaurès, dans son discours de Vaise du 25 juillet 1914, déclarait : « Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui compte un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes, et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar. » Pour mettre les peuples au pas, il fut assassiné.
Voici un extrait du « Manifeste de Kienthal »de la Conférence internationale des Socialistes Internationalistes tenue en avril 1916. « Vos gouvernements, les cliques impérialistes et leurs journaux vous disent qu’« il faut tenir jusqu’au bout » pour libérer les peuples opprimés. C’est une des plus grandes fourberies imaginées par nos maîtres pour la guerre. Le vrai but de cette boucherie mondiale est, pour les uns de s’assurer la possession du butin qu’ils ont rassemblé pendant des siècles et au cours d’autres guerres ; pour les autres d’aboutir à un nouveau partage du monde, afin d’augmenter leur lot en annexant des territoires, en écartelant des peuples, en les rabaissant au niveau des parias. »
Ces propos, toujours d’actualité, témoignaient de la clairvoyance des militant.e.s internationalistes, dont de nombreux membres de la Libre Pensée. Clairvoyance, qui ne put empêcher la boucherie, la barbarie.
Les dirigeants des partis socialistes trahirent le mandat des militants s’opposant à la guerre. La plupart des partis socialistes – dont le POB – votèrent les crédits de guerre ; empêchant ainsi à la classe ouvrière des pays impliqués la possibilité de s’organiser pour s’opposer à la massacre annoncé. Trahison qui se répétera.
Le 11 novembre 1918, la première boucherie mondiale se termine. Cette boucherie s’est achevée sans que des hommes politiques fauteurs de guerre, des industriels et marchands de canons, des officiers fusilleurs, les profiteurs et spéculateurs en tout genre, ne soient inquiétés.
Ami.e.s, Citoyen.ne.s, Camarades
Depuis quelques années, un nouveau courant historiographique affirme que la « Grande » guerre fut globalement acceptée, entretenue par un consentement général. Elle fut une boucherie consentie par les peuples. Propagande, qui a permis d’envoyer des millions d’hommes à la mort, la fleur au fusil ! C’est tout un pan de l’histoire du mouvement ouvrier, pacifiste et internationaliste que ces historiographique de droite comme de « gauche » tentent d’occulter.
La réalité fut tout autre, comme en témoignent les carnets et lettres cachés de soldats car non conformes à la version officielle. Leurs récits s’inscrivent en faux contre ces histrions qui tiennent le haut du pavé médiatique, qui régentent l’enseignement universitaire. Les écrits des soldats rapportent, le refus d’obéir à des brutes galonnées, les mutineries, la fraternisation avec les soldats allemands : « Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes. Ils appelaient leur mère, suppliaient qu’on les achève. C’était une chose horrible. Les Allemands on les retrouvait quand on allait chercher de l’eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez. » « Nous avions fraternisé mais quand c’est arrivé aux oreilles de l’État-major, il a ordonné une attaque. »
Pour casser toute velléité de refus d’aller au combat, de fraternisation avec les hommes d’en face, pour mater la troupe, l’armée – avec la bénédiction des Eglises et de l’écrasante majorité des politiques – fusilla pour l’exemple des soldats (11 en Belgique).
Diverses associations de Libre Pensée, pacifistes militèrent pour la réhabilitation collective de ces soldats assassinés par leur pays. Plusieurs pays (Royaume-Uni, Irlande, Nouvelle-Zélande et le Canada) ont réhabilité collectivement ces fusillés pour l’exemple.
A l’initiative du Cercle de Libre Pensée-Kring voor het Vrije Denken, le gouvernement belge a été interpellé en 2017 pour réhabiliter collectivement les soldats belges fusillés pour l’exemple. A ce jour, il n’a toujours pas pris position.
Aujourd’hui encore, le gouvernement belge fait la guerre dans différentes contrées du monde, alors bien sûr, il ne peut réhabiliter ceux qui ont su dire non à la barbarie et à la guerre. Quand le sang coule partout sur tous les continents, alors il lui faut l’Union sacrée de sinistre mémoire, comme en 1914.
Ami.e.s, Citoyen.ne.s, Camarades
Aujourd’hui comme hier, la Libre Pensée continue obstinément dans la même voie : « travailler à tuer la guerre et à faire la Révolution sociale… », car la guerre, les guerres sont toujours là et toujours pour les mêmes raisons : le contrôle des matières premières, des marchés, la loi du profit inhérente au capitalisme, le contrôle des consciences pour les monothéismes criminels de guerre au service des impérialismes.
Le 11 novembre auquel nous participons n’est pas celui des ministricules au garde-à-vous, des galonnés, des mitrés, des enturbannés qui encensent la bravoure de ceux qui sont morts à leur place, alors qu’eux sont bien vivants. Leur 11 novembre est celui des défilés militaristes glorifiant la guerre, la mort alors que le 11 novembre, à l’origine, était celui des anciens combattants qui refusaient la guerre, qui glorifiait la fraternité, la vie. « Plus jamais cela ! » proclamaient-ils. Et maudite soit la guerre, maudites soient toutes les guerres !
Amis, citoyens, compagnons, camarades,
Nous voulons aujourd’hui, remercier ceux qui combattent à nos côtés pour que Justice soit rendue à ces jeunes hommes fusillés pour l’exemple.
Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte
et vive la Sociale !
Bruxelles, 11 novembre 2020
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