Non à la criminalisation de l’action syndicale!


Communiqué 24 novembre 2020

 

La Libre Pensée aux côtés des syndicats indépendants qui défendent les intérêts et conquêtes des travailleurs.

 

Condamnation des manifestant.e.s. Ou comment mieux maintenir
l’ordre en intimidant et en étouffant toute contestation  ?

 

Ce lundi 23 novembre, 17 syndicalistes et militants ouvriers ayant participé à une manifestation, ont été condamnés de 15 jours à un mois d’emprisonnement et à une amende de 600€ le tout avec sursis (1) pour « entrave méchante à la circulation » par le tribunal correctionnel de Liège alors qu’ils exerçaient leur droit de grève en participant à un rassemblement sur l’autoroute.

Le délit d’« entrave méchante à la circulation » (art 406 du CP) avait été introduit dans l’arsenal répressif après les grandes grèves de 1960. Le législateur avait explicitement exclu les mouvements sociaux du champ d’application de cette disposition pénale. Pourtant, c’est sur base de cette disposition que les grévistes ont été poursuivis et condamnés !

Ces poursuites et ces condamnations pénales illustrent la criminalisation inédite des droits des salariés, des syndicalistes et plus généralement des populations qui se battent pour préserver leurs droits. Ce jugement fait suite à une série de décisions qui, en Belgique, remettent en cause le droit de grève. Ainsi, récemment, la condamnation du Président de la FGTB d’Anvers Bruno Verlaeckt.

L’utilisation récurrente et l’interprétation partiale de cet article de loi démontre clairement la volonté des gouvernements de criminaliser les mouvements sociaux et plus particulièrement l’action syndicale.

On assiste depuis des années à une remise en cause des libertés publiques, dont font partie les libertés syndicales. On constate, que l’activité syndicale, les actions de grèves, les manifestions syndicales ou autres contestant l’ordre établi sont de plus en plus réprimées physiquement et judiciairement. Ainsi, les atteintes aux libertés démocratiques se font au fil des années plus pressantes : interdictions de manifester sous couvert de menaces terroristes, de pandémie…, multiplication des arrestations administratives, multiplication des référés contre les grévistes, réquisition contre les grévistes, remise en cause des piquets de grève et donc du droit de grève. A quand les comparutions immédiates et l’embastillement des travailleurs en lutte ?

S’il devait y avoir procès, c’est bien celui des gouvernements – plus prompts à satisfaire les marchés financiers et le patronat – qui refusent de retirer leur contre-réformes. Contre-réformes rejetées par quasi l’unanimité des travailleurs et au-delà, par large majorité de la population.

Dès l’origine au 19eme siècle, les Cercles de Libre Pensée se sont étroitement associés au mouvement ouvrier organisé. Au cœur de cette démarche, le combat commun pour l’émancipation intégrale de l’Humanité. La Libre Pensée et le mouvement ouvrier, particulièrement le mouvement syndical issu de la Charte de Quaregnon, ont les mêmes ennemis : le Capital, le Sabre et le Goupillon. Toute l’histoire passée et actuelle l’a montré.

Céder sur une conquête, c’est céder sur toutes les conquêtes.
Gagner sur un cas, c’est gagner pour une cause.

C’est pourquoi, le Cercle de Libre Pensée-Kring voor het Vrije Denken soutient tous les salariés qui agissent, par la grève et les manifestations pour défendre leurs droits et s’associe à la demande d’arrêt immédiat des poursuites à l’encontre des syndicalistes et militant.e.s ouvriers.

Criminaliser l’action syndicale, c’est criminaliser
les libertés de manifester, la liberté de s’exprimer,
c’est criminaliser les libertés démocratiques !

Le CLP-KVD appelle ses membres à suivre les arrêts de travail organisés par la FGTB le 1er décembre 2020.

La grève est un droit, gravement menacé !

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(1) Six mandataires syndicaux dont Thierry Bodson, actuellement président de la Fgtb, écopent d’un mois de prison et d’une amende de 600 euros, le tout avec sursis. Les onze autres sont condamnés à 15 jours de prison avec sursis

(2) Lors de l’élaboration de la loi au Parlement, il avait été souligné à plusieurs reprises et de façon la plus explicite, que l’objectif de cet article (art. 406 du code pénal) n’était pas de brider le droit de grève de façon indirecte. Les piquets de grève qui entravaient en effet la circulation, mais qui, en essence, n’avaient pas été organisés dans ce but, mais bien pour exprimer des revendications syndicales, ne relèveraient pas de la disposition pénale de l’article 406. (Verlaeckt Bruno contre Ministère public)