« Je peux mettre en musique »
La Gazette de Hollande (Rameau)
[…] En 1752 éclate la « Querelle des Bouffons », qui oppose les partisans de la musique française (les « Ramoneurs ») à ceux de la musique italienne (les « Bouffons »).
D’un côté : la tragédie lyrique française, l’opéra mythologique, la musique sérieuse, l’harmonie savante.Voltaire, qui trouve la musique de Rameau « exacte » (ennuyeuse), lui reproche d’y faire régner un ordre géométrique et le surnomme « Euclide-Orphée ». C’est le parti de l’aristocratie, du roi et de la Cour : ce sont les Anciens.
En face : l’opéra-bouffe italien, le naturel, la mélodie, la musique démocratique, facile d’accès. En bref, l’agrément italien contre la raison française. C’est le parti de la Ville, de l’opposition, de la bourgeoisie, des Philosophes : ce sont les Modernes.
Il y a une droite et une gauche : c’est une querelle pré-révolutionnaire. Pour les Philosophes, le goût musical est relatif à l’époque : il change, tout change, la monarchie n’est pas éternelle…
Rameau avait fait ses débuts sur la scène lyrique à 50 ans, avec Hippolyte et Aricie, d’après Phèdre de Racine. C’est la 1ère de ses 5 tragédies lyriques : de son Choeur des Prêtresses on tirera le fameux Hymne à la Nuit.
Castor et Pollux est un hymne à la fraternité : Pollux va chercher aux enfers son frère tué dans une bataille, et prend sa place. Jupiter, ému, les élèvent au rang des dieux.
Dardanus, est le fondateur de Troie.
Zoroastre : opéra maçonnique (Rameau est franc-maçon) qui est une réflexion sur le dualisme du Bien et du Mal (le manichéisme).
Les Boréades : dernier opéra de Rameau. Les Boréades, ce sont les vents du Nord, la musique est glacée, désolée, la mort arrive… L’œuvre est interdite car on chante : « Le bien suprême, c’est la liberté… ». Le vent de la révolution se lève contre Louis XV.
Dans le domaine de l’opéra-ballet, Rameau donnera le sommet du genre : Les Indes galantes. La France étant en guerre, l’Amour s’est réfugié aux « Indes », qui sont des pays exotiques quelconques ; la Barbarie : le Pérou, la Perse, la Louisiane.
Le plus grand compositeur baroque français, le plus grand compositeur de ballets de tous les temps était dans la vie un ours mal léché, enfermé dans sa musique : « Il ne pense qu’à lui, le reste de l’univers lui est comme un clou à soufflet (un tout petit clou) » (Diderot). Tout pour l’Art : « Je cherche à cacher l’art par l’art même » (Rameau).
Informations Ouvrières – 22/02/2015
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