L’enseignement public mis en coupe réglée par l’enseignement confessionnel


Abrogation du Pacte scolaire !

Au fil du temps, l’Église catholique romaine et sa représentation politique (le parti clérical) ont perdu une partie de leur emprise sur la société. Ne leur reste que le « providentiel et rémunérateur » privilège que leur confère le financement du culte ainsi que le Pacte scolaire de 1958 suivi de tous les « saints » décrets. Le lobby catholique a su faire de ce Pacte une arme redoutable pour se maintenir dans le champ politique.

Évidemment, les autres religions sont partantes pour être traitées de même. Il en est d’ailleurs ainsi pour les protestants, les israélites et les musulmans qui possèdent des établissements d’enseignement. Mais ce sont des cas assez rares et quand on parle d’enseignement dit libre, en fait confessionnel, on parle essentiellement de l’école catholique. Pour cet enseignement, dont on ne répétera jamais assez qu’il est sous l’autorité diocésaine, – laquelle veille à ce que son « caractère propre », c’est-à-dire religieux, soit respecté -, l’État ne fait que remplir son devoir en le traitant sur un pied d’égalité avec l’enseignement public (officiel).

C’est donc une vieille « revendication » de l’Église catholique qui a été constitutionnalisée sur le fond par l’inscription des points essentiels du Pacte scolaire lors de la révision de la Constitution en 1988 (art. 17 devenu 24). Au cours des années qui vont suivre, le domaine initial pris en charge par les Pouvoirs Publics, essentiellement le paiement des salaires et pensions des personnels, s’est élargi et on a vu au fur et à mesure du temps croître les « appétits » du lobby catholique, qui comprend bien évidemment l’Église romaine comme institution au centre du dispositif, mais aussi de nombreux relais comme, sa représentation politique (CDH et CD&V), le SeGEC, la CSC enseignement, l’UFAPEC qui est l’association des parents d’élèves de l’enseignement dit libre. « Libre », mais subventionné au même titre que le public, telle est la fonction du Pacte scolaire.

C’est ainsi que ces derniers jours, le CDH (ex parti démocrate-chrétien, rebaptisé Centre Démocrate Humaniste) et le SeGEC (Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique) sont repartis au combat pour contester la clé de répartition retenue par le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles pour attribuer aux différents réseaux la « manne européenne » destinée à la rénovation des bâtiments scolaires1.

C’est automatique, obsessionnel, compulsif ! Cela relève de la flibuste! Il fallait que les milieux cléricaux hurlent au défaut de « parité » de traitement entre les réseaux. Ainsi, la Libre Belgique, organe militant du catholicisme, toujours prompt à repartir en guerre… scolaire, écrit dans son édito « Un parfum de guerre scolaire » du 13 février 2021 : « Déséquilibré. Tel est le constat qui saute aux yeux de celles et ceux qui se penchent « objectivement » (sic !) sur la clé de répartition du projet de rénovation des bâtiments scolaires du plan de relance. Même le ministre-Président Pierre-Yves Jeholet (MR) le reconnaît. ».

Pour notre part, le CLP-KVD refuse cette notion de parité – et refuse donc de Pacte scolaire – étant donné qu’elle pose de facto l’amalgame enseignement public/privé. Et cerise sur le gâteau, au moment même où les cléricaux (Église catholique principalement, mais pas uniquement) refusent diverses contraintes… dont le contrôle financier, bien évidemment. L’État n’est là que pour financer « le service de caisse de l’enseignement catholique ».

La remarque d’Emile Vandervelde datant de 1920 « Désormais, il n’y aura plus en Belgique, sauf de négligeables exceptions, que deux espèces d’écoles : les écoles d’Église entretenues par l’État, et les écoles d’État dominées par l’Église. »2 semble d’actualité.

Nous vivons une situation extraordinaire qui en dit long sur les réels rapports de force politiques prévalant dans notre pays alors que le parti clérical est minoritaire. Devant les prétentions financières sans cesse croissantes, les sommes colossales de fonds publics détournées pour financer l’enseignement confessionnel au détriment de l’enseignement public, on ne peut que s’interroger sur le silence qui entoure cette situation. Les capitulations des « défenseurs officiels » de l’enseignement public neutre, notamment de mandataires du Parti Socialiste, de la CGSP enseignement et du Centre d’Action Laïque (centre financé par l’État au même titre que les cultes!) n’ont que trop duré !

Plus de soixante trois ans après l’adoption du Pacte scolaire, il devient urgent et nécessaire de mettre à jour les conséquences de ce pacte anti-laïque et du flot continu des mesures institutionnelles prises en faveur de l’enseignement confessionnel. L’État n’a cessé d’encourager et financer la concurrence de son propre service d’instruction et par conséquent, la privatisation de l’école sur fonds publics.

En effet, la liberté de l’enseignement suppose-t-elle que l’État doive la financer ? Comment comprendre et accepter que l’État finance un enseignement qui sépare les enfants sur base des convictions des parents3 ? Qu’il y ait des écoles confessionnelles, soit? Mais en revanche, que l’État les finance pour qu’elles apportent aux élèves la parole divine…

Pour le CLP-KVD, la réponse est non ! Seule l’École Publique laïque garantit la liberté de conscience, l’égalité et la justice sociale, offrant aux élèves une instruction affranchie de tout dogme. C’est pourquoi, les fonds publics ne peuvent être attribués qu’à la seule école publique.

Car enfin, le but du parti clérical a toujours été de détruire l’École publique ou à défaut d’en faire une École à la marge ! Pour les cléricaux, la liberté d’enseignement doit être comprise et prise uniquement dans le sens de la destitution de l’État4.

Le CLP-KVD rappelle que l’École publique s’est construite contre la volonté de l’Église catholique romaine. Il rappelle que c’est le caractère public, universaliste, neutre de l’École publique qui a permis le recul de la sélection des « meilleurs »  et l’accès à la citoyenneté par la promotion de toutes et tous.

Au risque de passer pour « laïcard », le CLP-KVD prend le combat à la racine pour exiger la fin des financements publics des écoles privées confessionnelles, exiger que tous les enfants, aient le droit à la connaissance et à l’instruction, libérées des dogmes et de la soumission. En un mot qu’ils soient des citoyens libres par le corps et par l’esprit. Il est urgent de se mobiliser afin de stopper la lente mise à mort de l’enseignement public.

Abrogation du Pacte scolaire !

Fonds publics à la seule École publique !

Bruxelles, le 14 février 2021

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1. Entre autres :

Rénovation des bâtiments scolaires : « une bombe à retardement », avertit le SeGEC, RTBF

Le chantier des bâtiments scolaires ravive la guerre entre les réseaux, La Libre du 3 février 2021

– Le Segec a réclamé 15 millions € pour selon lui faire face aux dépenses liées à la pandémie. La crise du coronavirus coûte 39 millions d’euros aux écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, selon le SeGEC.

https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-crise-du-coronavirus-coute-39-millions-d-euros-aux-ecoles-de-la-federation-wallonie-bruxelles-selon-le-segec?id=10527350

2. Emile Vandervelde a par la suite renié ses engagements.

3. Le CLP-KVD est pour la suppression des cours de religions (imposés par l’Eglise catholique dans le réseau public!) et de morale dans l’enseignement obligatoire dans l’enseignement public (officiel).

4. Ce qu’ils sont en passe de réussir avec la liquidation en 2020 du réseau d’enseignement de la Communauté Française, l’ex réseau enseignement de l’État belge.