Octobre 2018, le vice-Premier ministre Alexander De Croo publie « Le siècle de la femme. Comment le féminisme libère aussi les hommes » une tribune pour l’égalité entre les sexes. Deux ans après, devenu depuis premier ministre, quelles mesures a-t-il pris en faveur des salariées et des femmes plus largement ? Rien ! Pire que cela, les partis – se réclamant de la laïcité ! – ont accepté que le droit des femmes à disposer de leur corps soit l’objet d’un marchandage, une monnaie d’échange, une vulgaire variable d’ajustement pour la formation d’un gouvernement. L’IVG relève toujours du droit pénal !
IVG vulgaire variable d’ajustement
pour la formation du gouvernement
Ce sont les femmes, qui paient le prix fort (augmentation de la pauvreté et de la violence) dans notre société. Ce sont elles qui sont les plus exploitées. On lira dans l’encadré ce que disait Clara Zetkin en 1893, militante révolutionnaire allemande.
Aujourd’hui, pas plus qu’en 1893, l’infériorité des salaires féminins n’a à voir avec la « culture ». Non, la part des femmes dans les « premiers de corvée » n’a rien à voir avec des choix personnels ou à des « rôles stéréotypés ».
Elle a tout à voir avec la volonté des capitalistes de diminuer, en permanence, le coût du travail.
Près de 50 % pour cent des salariées déclarent que leurs responsabilités familiales les ont amenées à réduire leur temps de travail, contre 7,4 % des hommes. 80 % des salariés à temps partiel sont des femmes, soit près d’une salariée sur deux concernée, contre à peine un salarié sur dix.
Choix ? Stéréotypes culturels ?
Non, le travail à temps partiel n’est pas une opportunité pour mieux « concilier » vie professionnelle et vie familiale. « On constate encore et toujours que lorsque la question de la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale se pose, c’est majoritairement la femme qui diminue son temps de travail. Notamment parce qu’elle gagne moins (et donc, perd moins), parce que notre société lui attribue ce rôle. » A juste titre, Esteban Martinez, professeur de sociologie à l’ULB, dénonce cette « rhétorique de la conciliation ».
Le travail à temps partiel est un instrument de déréglementation de tout le travail salarié. Les femmes y sont beaucoup plus exposées que les hommes car, essentiellement, il n’existe pas assez de services publics ( de crèches publiques… ) pour accueillir les enfants.
Conséquence ? Le fait d’avoir des enfants a également un impact différent sur l’emploi en fonction du fait que l’on est une salariée ou un salarié. Avoir des enfants diminue la présence des salariées sur le marché du travail. Ainsi, selon Statbel, le taux d’emploi passe de 77,5 % des salariées sans enfant à 56,8 % des salariées ayant 3 enfants. Par contre, pour les salariés, le nombre d’enfants a un effet positif sur le taux d’emploi, lequel passe de 78,1 % à 84 %. Ce sont donc les salariées qui ajustent leur travail par rapport à leur situation familiale.
Choix ? Stéréotypes culturels ?
Bien évidemment que non ! Il y a de l’indécence, si ce n’est du mépris, dans les déclarations des dirigeants politiques qui tous les 8 mars nous scient avec leurs discours sur les droits des femmes – ignorant que le 8 mars, c’est la journée des femmes travailleuses ? – et des efforts à faire sur le partage des tâches domestiques et pour l’égalité des salaires qui s’élève à 22 % à travail égal ! Qu’attendent-ils pour imposer réellement l’égalité salariale comme c’est le cas dans la fonction publique !
Qu’attendent-ils pour imposer réellement l’égalité salariale comme c’est le cas dans la fonction publique !
Qu’attendent-ils pour supprimer le statut de cohabitante et revaloriser le statut d’isolée !
Qui a décidé, dans un premier temps, que la réponse à la pandémie n’était pas le traitement de tous les malades mais le confinement ! La Fondation contre le cancer a constaté 14 % de dépistages en moins en 2020 par rapport à 2019. Sans parler des opérations contre le cancer du sein qui ont été déprogrammées. Et Alexander De Croo, d’annoncer imperturbable que le dépistage du cancer… du colon, doit être une priorité !
Nul doute que ce gouvernement, comme les précédents, nous prépare un discours ronflant pour le 8 mars.
Mais la lutte des classes est bien réelle.
Refus du gouvernement et du patronat d’augmenter le salaire minimum et tous les salaires de manière conséquente. Or, ce serait là un moyen d’augmenter celui des salariées puisque leur salaire est plus bas, sous le seuil de pauvreté dans certains cas. Pauvreté qui touche essentiellement les femmes. Par contre, aucune volonté de supprimer la décision du précédent gouvernement (le gouvernement Charles Michel) de diviser par deux l’allocation de garantie de revenu (AGR) pour les temps partiels, après deux ans. Par contre, aucun état d’âme pour accentuer la « flexibilité » du marché du travail, de continuer à piller la sécurité sociale au profit du patronat…
La situation des femmes, en ce 8 mars 2021, est, aux côtés de celles des jeunes et des restrictions des libertés publiques, l’acte d’accusation le plus accablant contre ce gouvernement.
J. Dufrennes
Bruxelles, 4 mars 2021
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