70 ans plus tard, le maccarthysme ou la chasse aux sorcières des pacifistes est de retour !


« Si la liberté a un sens, elle signifie le droit de dire
aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. »
G. Orwell 1945

Les associations et personnes qui dénoncent la guerre, le militarisme font face à une augmentation d’ attaques et de menaces de plus en plus violentes.

Dernière victime en date connue : l’association pacifiste VREDE (ici).

D’après la rédaction Belga du 11 03 2022, Maurits Vande Reyde, député Open Vld au parlement flamand, a réclamé vendredi l’arrêt des subsides accordés par la Communauté flamande à l’asbl Vrede (Paix). Selon lui, l’association pacifiste est une organisation « prorusse » car : « Depuis le déclenchement de cette crise, ils [Vrede] publient un flot continu de communiqués dans lesquels ils tiennent l’OTAN, les États-Unis et l’UE pour responsables de cette crise », a souligné le député. 

Donc, être antimilitariste aujourd’hui, dire non à la guerre en Ukraine, non aux livraisons d’armes, non à l’escalade militaire et nucléaire, c’est être un traître « prorusse », comme d’ailleurs est qualifié le PTB qui, toujours d’après le représentant Open VLD, est largement inspiré par la propagande de l’asbl Vrede.

Dénoncer aujourd’hui les institutions internationales comme l’OTAN, l’Union européenne, des pays comme les Etats-Unis, comme va-t’en guerre dans la situation, démontrer leur part de responsabilités dans les conflits, c’est aussi de la vulgaire propagande, indigne d’être diffusée. Mais sans doute devrions-nous, aux yeux du pouvoir, plutôt nous réjouir d’une part du budget supplémentaire que le gouvernement fédéral veut investir dans la Défense ces prochaines années, et d’autre part, suivre le Premier ministre Alexander De Croo, pour qui les moyens supplémentaires déjà débloqués « ne seront pas suffisants », comme indiqué lors d’un échange de vues avec les députés sur la stratégie de sécurité nationale, selon la RTBF.

Le Premier ministre a aussi évoqué le sommet extraordinaire de l’Otan prévu à la fin de la semaine prochaine, en présence du président américain Joe Biden. Selon Alexander De Croo, la principale demande sera d’investir dans les capacités opérationnelles de l’armée à court terme. « Il est clair que notre pays doit également assumer ses responsabilités. »

Et encore des dizaines et des dizaines de milliards d’euros de dépenses militaires pour les fauteurs de guerres… ainsi :

Le gouvernement belge a approuvé ce vendredi 18 mars l’acquisition d’armes à destination de l’Ukraine, a confirmé le cabinet de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, à la suite d’une information parue dans « Le Soir« . Selon le quotidien, le montant de l’opération s’élève à 11 millions d’euros et porte sur des armes létales et non létales ainsi que des protections et des appareils de vision nocturne.

Le gouvernement allemand n’est pas en reste, lui qui a confirmé vouloir dépenser dès 2022 des sommes records pour son armée, sur fonds de guerre en Ukraine, afin d’être en mesure de dépasser les 2% du PIB préconisé par l’OTAN « dans les prochaines années », selon un projet de budget dévoilé hier. Ce budget, qui doit être débattu au Parlement, prévoit pour cette année 50 milliards € de dépenses militaires, un « record ». S’y ajoute un fonds exceptionnel doté de 100 milliards € constitué dès 2022, selon une dépêche de l’AFP.

Et le gouvernement norvégien d’en rajouter une couche : en annonçant, ce vendredi 18 mars, qu’il allait débloquer cette année plus de 300 millions d’euros supplémentaires pour notamment renforcer sa présence militaire dans le Grand Nord près de la frontière avec la Russie, à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

« Ne pas voir, ne rien dire » Mettez une sourdine à votre liberté d’expression !

Les propos tenus et les actes posés constituent une étape inquiétante dans l’extension de politiques attentatoires aux libertés fondamentales. Ils s’inscrivent dans une volonté délibérée du pouvoir – pas seulement en Belgique – d’intimider, voire de réduire au silence les voix de contestation politique, de corseter la liberté d’association et la liberté d’informer.

Hugues Le Paige, dans son blog () nous rappelle la situation en Italie :

Après que l’Italie ait décidé, comme les autres pays européens d’envoyer des armes à l’Ukraine, Landini a déclaré : « Il n’y a pas de guerres justes ni de bombes intelligentes (…) On n’arrête pas la guerre avec d’autres guerres et on ne l’arrête pas en envoyant des armes au peuple ukrainien ».  Comme bien d’autres qui défendent cette position, Landini a été traîné dans la boue et accusé de ne pas faire de différence entre agresseurs et agressés, alors que sa solidarité avec le peuple ukrainien et sa condamnation de Poutine est sans failles. Landini n’est pas le seul à être victime de ce type d’attaques qui prend des allures de chasse aux sorcières[5].  Lors d’un débat télévisé, le professeur Alessandro Orsini, directeur de l’Observatoire de la Sécurité internationale à la Luiss (la Business School romaine), après avoir formellement condamné la guerre de Poutine, avait mis en cause la responsabilité de l’élargissement de l’OTAN dans les causes du conflit. Il a été rappelé à l’ordre par son université qui l’intime de s’abstenir désormais de tout commentaire personnel sur la situation en Ukraine. À l’université Bicocca de Milan, c’est le cours de l’écrivain Paolo Nori sur Dostoïevski qui a été annulé pour « éviter des tensions »… Ou encore le correspondant de la RAI à Moscou accusé par le PD de complaisance avec Poutine pour avoir fait son métier en exposant les positions russes[6]

Dans le cas de VREDE, c’est son antimilitarisme, son pacifisme international qui est dénoncé, voire demain menacé d’interdiction ?

C’est à elle seule de choisir librement l’objet de ses combats, ainsi que les termes et ses modes d’actions pour critiquer les politiques gouvernementales, dire non à la guerre en Ukraine, et partout ailleurs.

Le CLP-KVD rappelle que la liberté d’expression, d’opinion et de libre critique font partie des principes fondamentaux sans lesquels le débat démocratique serait inexistant. Il rappelle également que les élus tirent justement leur légitimité de ce processus démocratique. Visiblement certains l’ont oublié !

Non à la police des idées !

Liberté de pensée, de presse et d’opinion !

Respect de la liberté d’association !

Le 20/03/2022

Le Comité du Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken