C’est le sous-titre de l’ouvrage de Jean-Pierre Filiu :
Le milieu des mondes. Il n’est pas courant qu’un historien se réclame « de la laïcité pour qualifier sa méthode ». Cette boussole revendiquée est fort utile pour écrire l’histoire de cette région non réductible à « des histoires saintes ». Au Moyen-Orient, l’auteur souligne d’emblée que « les contradictions s’y déclinent sous des formes plus complexes que les grilles communautaires aujourd’hui présentées comme intangibles ». L’ouvrage est divisé en dix chapitres du Moyen-Orient entre Byzantins et Sassanides (395-630) à la crise syrienne (2011-2021) pour lesquels sont fournies une vingtaine de cartes indispensables à la visualisation des enjeux. Cette histoire monumentale est nécessaire à la compréhension des enjeux actuels sociaux, politiques, stratégiques, religieux de la région et bien au-delà. Les quatre derniers chapitres éclairent directement l’actualité :
Réformes, renaissance et révolutions (1798-1914), Le temps des mandats (1914-1949), Guerre froide et conflit israélo-arabe (1949-1990), Vie et mort du Moyen-Orient américain (1990-2020). Dans un chapitre final, La France moyen-orientale, on notera le prisme confessionnel dans lequel s’est enfermée la France colonisatrice et mandataire à rebours de « la promotion d’une citoyenneté qui sublimerait les communautés ». « Les dirigeants français, même les plus laïques, vont encourager au Levant la consolidation d’un confessionnalisme qui consacra les groupes religieux plutôt que d’en émanciper les individus. » La souveraineté populaire, le droit à l’autodétermination ont été effacés au profit de la protection de « minorités » privilégiant « le despotisme d’un supposé protecteur ». Les populations de la région en paient encore le prix. La lecture de cet ouvrage est indispensable !
Le milieu des mondes, une histoire laïque du Moyen- Orient de 395 à nos jours. Jean-Pierre Filiu. Éd Seuil.
25€
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