Jean JAURES est l’objet d’une récupération indécente et sans commune mesure (L’art de tuer Jean Jaurès). Alors que les calomnies les plus infâmes de la réaction ont justifié par avance (Jaurès fut accusé d’être un agent de l’Allemagne), sinon armé, le bras de Raoul Villain (1), son assassin, les hommes politiques de droite d’aujourd’hui, héritiers de cette réaction, et d’autres de « gauche », se réclament de Jaurès, sans la moindre vergogne.
Le Cercle de Libre Pensée-Kring voor het Vrije Denken, en cette fin de juillet, en cette journée anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, tient à rendre hommage à ce grand leader pacifiste et libre penseur. Il fut l’un des partisans les plus résolus de la loi de Séparation des Églises et de l’Etat.
Convaincu que les guerres sont provoquées par les intérêts capitalistes, c’est ce qu’il dénonce dans la phrase : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. » ou lorsqu’il affirme que « La guerre est, comme l’exploitation directe du travail ouvrier, une des formes du capitalisme, et le prolétariat peut engager une lutte systématique et efficace contre la guerre, comme il a entrepris une lutte systématique et efficace contre l’exploitation de la force ouvrière (La paix et le socialisme) »
Il a toujours considéré qu’il était du devoir de la classe ouvrière de chaque pays de s’y opposer : « Il faut lutter contre la guerre par tous les moyens depuis l’intervention parlementaire, l’agitation publique et les manifestations populaires jusqu’à la grève générale des ouvriers et l’insurrection. »
Jaurès « appelle les vivants » lors de son discours du 24 novembre 1912 au Congrès de Bâle : « Il faut empêcher (que le conflit des Balkans) dégénère en incendie et que les flammes enveloppent tous les travailleurs d’Europe […]. Il ne s’agit pas d’une question nationale, mais d’une question internationale […]. C’est pourquoi nous, les travailleurs et les socialistes de tous les pays, nous devons rendre la guerre impossible en jetant notre force dans la balance de la Paix […] Il nous faut l’unité de volonté et d’action du prolétariat militant et organisé […]. Nous devons mettre en œuvre l’action prolétarienne (J’appelle les vivants) ».
Le 29 juillet 1914, il participe à Bruxelles à une réunion du Bureau de l’Internationale. Il est à la tribune aux côtés de Rosa Luxemburg, toujours persuadé que le gouvernement français souhaite encore maintenir la paix, il prononce son dernier discours. Il y évoque une manifestation pacifiste de Berlin : « […] citoyens, tout à l’heure, dans la séance du Bureau Socialiste International, nous avons eu la grande joie de recevoir le récit détaillé des manifestations socialistes par lesquelles 100 000 travailleurs berlinois, malgré les bourgeois chauvins […], malgré la police, ont affirmé leur volonté pacifique. Là-bas, malgré le poids qui pèse sur eux et qui donne plus de mérite à leurs efforts, ils ont fait preuve de courage en accumulant sur leur tête, chaque année, des mois et des années de prison, et vous me permettrez de leur rendre hommage, et de rendre hommage surtout à la femme vaillante, Rosa Luxemburg qui fait passer dans le cœur du prolétariat allemand la flamme de sa pensée. (L’ultime discours) ».
Dans un discours – prophétique – de décembre 1912, Jaurès mettait en garde les pacifistes contre les réactions violentes de la bourgeoisie à leur encontre : « Mais quelle chose extraordinaire ! Tous les gouvernements de l’Europe répètent : cette guerre serait un crime et une folie. Et les mêmes gouvernements diront peut-être dans quelques semaines à des millions d’hommes : c’est votre devoir d’entrer dans ce crime et dans cette folie. Et si ces hommes protestent, s’ils essaient d’un bout à l’autre de l’Europe de briser cette chaîne horrible, on les appellera des scélérats et des traîtres et on aiguisera contre eux tous les châtiments. (L’Humanité, 3 décembre 1912) »
Pour permettre l’entrée en guerre et la boucherie, la bourgeoisie française et ses plus hauts responsables d’État, décident de passer sur le corps de Jaurès et organisent son assassinat. C’est ainsi que le 31 Juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné par Raoul Villain, bras armé des nationalistes et des catholiques du mouvement « le Sillon ». Le 1er août, les affiches pour la mobilisation sont placardées, l’état de siège proclamé le 2 août. Le lendemain la guerre est déclarée.
Jean Jaurès fut la première victime de la Grande Guerre qui allait faire des millions de morts. Il fut le premier fusillé pour l’exemple de la Grande guerre.
En Belgique, 11 soldats furent fusillés pour l’exemple. Ces Fusillés pour l’exemple ne sont toujours pas réhabilités par l’État belge.
Le combat contre la guerre, contre toutes les guerres, est toujours d’actualité et il est de l’obligation de l’État belge de réhabiliter collectivement les fusillés pour l’exemple de la guerre 1914-1918.
Nous devons rendre justice aux victimes de la guerre. Les Fusillés doivent être réhabilités collectivement.
Non à la guerre contre les peuples !
Réhabilitation collective des fusillés pour l’exemple de 14-18 !
Bruxelles, 31 juillet 2022
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(1) L’assassin de Jean Jaurès, Raoul Villain, lié au mouvement catholique sera acquitté et la veuve de Jaurès condamnée aux dépens.
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