Née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte, Haute-Marne, à partir de 1851, elle poursuit des études à Chaumont où elle obtient le brevet de capacité permettant d’exercer la profession de « sous-maîtresse » (on dirait institutrice aujourd’hui).
En septembre 1852, à 22 ans, elle crée une école où elle enseigne durant une année avant de se rendre à Paris.
En 1856, elle quitte la Haute-Marne pour Paris où elle trouve une place de sous-maîtresse dans le Xe arrondissement, rue du Château-d’Eau. Pendant les quinze ans qui suivent, elle poursuit régulièrement son activité d’enseignante.
En 1865, elle enseigne avec passion, tout en écrivant des poèmes qu’elle adresse à Victor Hugo et qu’elle signe sous le pseudonyme d’Enjolras. Elle s’introduit dans les milieux révolutionnaires et rencontre à cette époque Jules Vallès, Eugène Varlin,… collabore à des journaux d’opposition comme Le Cri du peuple.
En 1862, elle devient sociétaire de l’Union des poètes. À cette époque, Louise est blanquiste. En août 1870, à 40 ans, en pleine guerre franco prussienne, elle manifeste contre l’arrestation des blanquistes. En septembre, après la chute du Second Empire, elle participe au Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement de Paris dont elle est élue présidente. Dans Paris affamé, elle crée une cantine pour ses élèves. Elle rencontre Georges Clemenceau, maire de Montmartre. On assiste alors à d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats qui fraternisent avec cette foule joyeuse et pacifique.
La Commune
À quarante ans, membre du Comité de vigilance de Montmartre, Louise Michel est très active lors de la Commune de Paris. Selon une anecdote fameuse, le 22 janvier 1871, en habit de garde nationale, elle fait feu sur l’Hôtel-de-Ville. Propagandiste, garde au 61e bataillon de Montmartre, ambulancière, et combattante, elle anime aussi le Club de la Révolution. Entre 1871 et 1873, elle passe vingt mois en détention à l’abbaye d’Auberive (transformée en prison) et se voit condamnée à la déportation. C’est le temps où la presse versaillaise la nomme « la Louve avide de sang » ou « la Bonne Louise ».
La déportation
Embarquée sur le Virginie en août 1873 pour être déportée en Nouvelle-Calédonie5, Louise Michel arrive sur l’île après quatre mois de voyage. Elle reste sept années en Nouvelle-Calédonie, refusant de bénéficier d’un autre régime que celui des hommes. Elle crée le journal Petites Affiches de la Nouvelle-Calédonie et édite Légendes et chansons de gestes canaques. Elle cherche à instruire les autochtones kanaks et prend leur défense lors de leur révolte, en 1878. Elle obtient l’année suivante l’autorisation de s’installer à Nouméa et de reprendre son métier d’enseignante, d’abord auprès des enfants de déportés
Retour en France
De retour à Paris le 9 novembre 1880, après avoir débarqué dans le port de Dieppe (plaque commémorative près du port de plaisance, quai Henri IV), elle est chaleureusement accueillie par la foule qui l’acclame aux cris de « Vive Louise Michel, Vive la Commune, À bas les assassins ! ». Deux mois après son retour, elle commence à faire publier son ouvrage La Misère sous forme de roman feuilleton, qui remporte un vif succès.
Ce nouvel engagement est bientôt concrétisé par l’action : le 9 mars 1883, elle mène aux Invalides, avec Émile Pouget, une manifestation au nom des « sans-travail » qui dégénère en affrontement avec les forces de l’ordre.
Louise, qui se rend aux autorités quelques semaines plus tard, est condamnée en juin à six ans de prison assortis de dix années de surveillance de haute police, pour « excitation au pillage ». En janvier 1886, le président de la République, Jules Grévy, la gracie. Pourtant dès août, elle est de nouveau emprisonnée pour quatre mois à cause d’un discours prononcé en faveur des mineurs de Decazeville, aux côtés de Jules Guesde, Paul Lafargue et Susini. En janvier 1887, elle se prononce contre la peine de mort, en réaction à la peine capitale à laquelle vient d’être condamné son ami Duval. Le 22 janvier 1888, après avoir prononcé dans l’après-midi un discours au théâtre de la Gaîté du Havre, elle est attaquée dans la soirée à la salle de l’Élysée par le « chouan » Pierre Lucas qui lui tire deux coups de pistolet ; blessée à la tête, elle refuse de porter plainte contre son agresseur. En avril 1890, Louise Michel est arrêtée à la suite d’un discours qu’elle a prononcé à Saint-Étienne et de sa participation à un meeting qui entraîna de violentes manifestations à Vienne. En juillet, Louise se réfugie à Londres où elle gère une école libertaire pendant quelques années. À son retour le 13 novembre 1895, elle est accueillie par une manifestation de sympathie à la gare Saint-Lazare.
Pendant les dix dernières années de sa vie, Louise Michel, devenue une grande figure révolutionnaire et anarchiste, multiplie les conférences à Paris et en province, accompagnées d’actions militantes et ce malgré sa fatigue ; en alternance, elle effectue des séjours à Londres en compagnie d’amis. En 1895, elle fonde le journal Le Libertaire en compagnie de Sébastien Faure. Le 27 juillet 1896, elle assiste à Londres au congrès international socialiste des travailleurs et des chambres syndicales ouvrières. Très surveillée par la police, elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée, et condamnée à six ans d’incarcération et libérée au bout de trois sur intervention de Clemenceau, pour revoir sa mère sur le point de mourir.
Quelques mois avant sa mort, d’octobre à décembre 1904, Louise Michel alors âgée de 74 ans, se rend en Algérie pour une tournée de conférences. Elle meurt le 9 janvier 1905 à Marseille chez son amie Mme Légier, qui l’avait déjà accueillie l’année précédente. Après une série de conférences données dans les Alpes, elle a pris froid à Sisteron, ce qui a aggravé la bronchite chronique dont elle souffre depuis des années. Le matin du 22 janvier, ses funérailles drainent à Paris une foule de plusieurs milliers de personnes.
Lire
4 septembre 1871 : Lettre de Louise Michel à messieurs les Présidents des 3e et 4e Conseils de guerre :
« Puisque la mesure n’est pas comble encore, puisqu’à l’anniversaire de la République on jette sur la terre arrosée de sang la tête des plus fiers républicains, c’est justice que ceux qui se souviendraient de leurs frères viennent au même échafaud.
Qu’on ouvre les prisons à ceux qui n’y sont que par hasard (le nombre est grand) et qu’on prenne avec la tête du délégué de Montmartre la vie de ceux qui ne veulent plus rien voir.
J’ai été plutôt soldat qu’ambulancière, j’ai droit à la mort et je viens la réclamer.
Vive la République !
L. MICHEL Maison d’arrêt, 20 av. de Paris »
À lire dans “L. Michel l’indomptable”
« Légendes et Chants de gestes des Canaques » publié par L. Michel en 1885, avec plusieurs dessins qu’elle avait faits sur place. L. Michel déportée politique en Nouvelle Calédonie est adoptée par les Canaques :
Le chef Canaque s’adresse à Louise :
« Toi guerrier comme nous, dit-il. Toi as combattu pour tes frères mais toi a été vaincue comme malheureux Canaques quand ils ont voulu résister aux Blancs » (…)
« Les Blancs sont arrivés » « Quand les blancs sont venus dans leurs grandes pirogues, nous les avons reçus en tayos (frères), ils ont coupé les grands arbres pour attacher les ailes de leurs pirogues, cela ne nous faisait rien. Ils ont mangé l’igname dans la Keulé (marmite) de la tribu, nous en étions contents. Mais les blancs se sont mis à prendre la bonne terre qui produit sans la remuer, ils ont emmené les jeunes gens et les popinées (femmes) pour les servir, ils ont pris tout ce que nous avions…
Qui donc vous mène hommes blanc ?
Quels souffles vous poussent ?
Est-ce qu’un jour toutes les tribus se mêleront à travers les mers ?… »
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