– Communiqué –
15 février 2023
« La première condition de toute instruction étant de n’enseigner que des vérités, les établissements que la puissance publique y consacre doivent être aussi indépendants qu’il est possible de toute autorité politique. » Condorcet.
La privatisation-marchandisation de l’École publique se concrétise avec la disparition, pour son personnel, du statut de fonctionnaire d’État.
Dans la continuité d’une politique menée depuis la fin des années 90, le décret « évaluation » des professeurs n’est qu’une étape supplémentaire dans la volonté de transformer l’École publique sur le modèle des écoles privées, avec des projets particularistes – projet d’établissement, conseil de participation, projet pédagogique – des chefs d’établissements recruteurs et employeurs, au détriment de l’égalité des droits et des statuts que garantit la fonction publique.
Avec ce décret, les maîtres et professeurs voient leurs garanties attachées au statut de fonctionnaire d’État remises en cause à la fois :
– comme «enseignants » dont la liberté est devenue contradictoire, inconciliable avec les contre-réformes en cours depuis près de 30 ans au nom de la « professionnalisation » qui les met sur le même plan que les enseignants des écoles privées ou des travailleurs d’autres secteurs ;
– mais également comme fonctionnaires confrontés au désengagement de l’État dicté par les exigences de l’OCDE, de l’U.E, de McKinsey, dont le maître-mot est qu’il faut substituer à l’obligation de moyens (pour assurer des droits), l’obligation de résultats (pour réduire les coûts).
A la différence des enseignants des écoles privées, l’enseignant du public n’est soumis à aucune tutelle idéologique, à aucun projet ou caractère propre comme dans l’enseignement confessionnel. Les connaissances enseignées doivent être protégées de toute influence, de tout intérêt étranger à la seule raison. L’instruction due aux élèves n’a pas à dépendre d’une majorité ou d’une coalition politique mais du savoir. Le respect du Statut – qui protège les personnels et donc la conscience en formation des élèves de toute pression extérieure – doit être maintenu et défendu. Il est le garant de la neutralité des personnels sans laquelle la laïcité de l’Ecole publique ne sera pas possible. L’École publique et ses personnels doivent être à l’abri de toute pression, de tout arbitraire venant… du gouvernement lui-même ou de ses représentants !
Le CLP-KVD rappelle que le Statut de l’enseignant de l’École publique est le résultat d’une lutte acharnée et permanente pour arracher et préserver l’indépendance sans laquelle aucune instruction n’est possible.
Attaché à l’École publique, fondée sur la transmission des connaissances, le CLP-KVD exige le retrait de toutes les contre-réformes des ministres de l’enseignement C. Désir, de Glatigny et de leurs prédécesseurs, qui mènent à la destruction des statuts des personnels de l’enseignement public, à la territorialisation et à l’aggravation des inégalités et in fine à la marchandisation de l’École publique à défaut de pouvoir la privatiser.
C’est pourquoi, il soutient tous les enseignants qui agissent, par la grève et les manifestations pour défendre leurs droits, leur Statut, l’École Publique.
Bruxelles, 15 février 2023
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