« Pour la Séparation des Églises, Religions et des Etats !
Pour l’abrogation des Concordats !
Pour la fin des privilèges accordés aux Religions ! »
Chevalier de la Barre le symbole de la liberté de conscience et de la Libre Pensée
Ce Colloque international des 7 et 8 avril 2023 à Paris (France), tenu à l’initiative du Bureau Européen de Coordination de la Libre Pensée, soutenu par l’Association internationale de la Libre Pensée et d’autres associations a étudié sous différents aspects les situations des Églises et des Religions dans différents pays sur plusieurs continents.
Les participants, venus de pays de plusieurs continents se sont tous félicités que ce Colloque soit l’occasion de remettre symboliquement la statue originelle du Chevalier de la Barre à sa place initiale en haut de la Butte Montmartre, face à la Basilique dite du « Sacré-Cœur de Jésus », dont la symbolique fut de faire expier les Parisiens pour les « crimes de la Commune de Paris » de 1871 qui, entre autres, décréta la Deuxième Séparation des Eglises et de l’Etat en France, en faisant pour la première fois référence à la liberté de conscience dans la définition de ce principe.
La statue du Chevalier de la Barre honore la mémoire du geste d’un jeune homme qui a affirmé sa liberté de conscience à une époque où elle était interdite et réprimée. Rendre hommage au Chevalier de la Barre, brûlé à Abbeville le 1er juillet 1766, c’est rendre hommage à son geste d’homme libre. En refusant de saluer une procession, il a affirmé sa liberté de conscience publiquement, il a revendiqué pour tout homme la liberté d’expression. Ce geste, simple en apparence, fut si important, si fondamental par tout ce qu’il a déclenché, qu’il lui valut la mort.
Cette statue du Chevalier de la Barre va devenir le symbole de la défense de la liberté de conscience, fondement de la laïcité et de la Séparation des Églises et de l’État. Elle est connue dans le monde entier pour cela. Elle a été sculptée pour symboliser ce qu’avait écrit Voltaire sur le Martyre du Chevalier, en haut du poteau était inscrit « Impie » et à ses pieds, il y avait le Dictionnaire Philosophique de Voltaire.
La statue fut érigée et inaugurée lors du Congrès mondial de la Libre Pensée en septembre 1905, parce que la loi française de Séparation des Églises et de l’État allait être votée dans les mois suivants. La forme (la statue) rejoignait dans un même mouvement le fond (la loi). 25 000 personnes venues de nombreux pays ont participé à la manifestation d’inauguration, démontrant leur attachement profond à l’avènement plein et entier de la Liberté de conscience.
Les participants à ce Colloque international de Paris, dans leur grande diversité, ont voulu promouvoir cette revendication fondamentale, la Liberté de conscience des militants de la laïcité et de l’Humanisme à travers le monde et sur tous les continents.
■ En étudiant les situations diverses de différents pays, il leur est apparu plusieurs évidences :
• Le respect et la défense de la Liberté de conscience ne peuvent exister sans dispositif juridique et législatif de Séparation entre sphère religieuse et pouvoir temporel. Ce que Victor Hugo, le grand écrivain libre penseur, a magnifié par cette formule : « L’État chez lui, l’Église chez elle ».
• Des situations de Séparation effective des Églises et de l’État existent dans de nombreux pays, et ailleurs, des éléments de laïcité existent plus ou moins dans les constitutions. La Séparation des Églises et de l’État n’est donc pas l’apanage d’un pays en particulier, auquel cas il s’agirait d’une exception. Au contraire, sous ses différentes formes, la liberté de conscience est avant tout un concept universel largement répandu en tant qu’aspiration à plus et meilleure démocratie et à l’approfondissement des libertés individuelles et collectives
• Les Concordats catholiques (il n’existe pas de concordat avec les autres religions) sont des Accords diplomatiques entre un État (ou une région d’un pays) et le Saint-Siège (nom diplomatique de l’État du Vatican) attribuant des privilèges exorbitants à la seule religion catholique. Ces Accords diplomatiques entraînent un traitement inégalitaire des citoyens de toute autre conviction, religieuse ou autre, et sont donc en totale contradiction avec la notion de liberté de conscience.
• Les Églises et religions établies et officielles sont essentiellement discriminatoires à l’égard de ceux qui n’en sont pas adeptes. Elles sont fondamentalement inégalitaires et en contradiction flagrante avec l’application d’une véritable liberté de conscience.
• En opposition aux principes universels de liberté d’expression et d’association, les Concordats, les Églises et les Religions officielles et établies s’engagent inévitablement dans la répression des idées et des personnes qui ne s’identifient pas aux « valeurs officielles » ainsi proclamées et imposées par les États. Les Concordats catholiques, les Églises et les Religions officielles et établies contribuent par leurs doctrines de soumission à l’État et au pouvoir, notamment économique, à renforcer la volonté de mettre en œuvre les idéologies d’État, par nature totalitaires. Ces dispositions, souvent appelées « délits de blasphème », sont dans de nombreux cas pénalement répréhensibles. Le « blasphème » est défini comme un concept religieux conçu uniquement dans la sphère interne d’une religion et donc inapplicable aux personnes extérieures aux religions concernées. Cette criminalisation constitue un crime politique contre la liberté d’expression lorsqu’elle s’applique à tous, croyants ou non.
• Le financement public direct ou indirect des Religions, des Eglises et des Cultes par la distribution de l’argent de tous au profit de l’option philosophique de quelques-uns est discriminatoire et contradictoire par nature avec la notion de liberté de conscience applicable fondamentalement aux non-croyants comme aux croyants, de même, la perte d’argent public due aux exonérations fiscales privilégiées dont ils bénéficient. Il s’agit d’un avantage scandaleux et d’un détournement de l’argent public qui devrait être utilisé pour l’intérêt général et non pour les intérêts privés de sectes.
• Les privilèges, notamment financiers, accordés aux réseaux d’enseignement des Églises et Religions par certains États sont attentatoires à l’exigence de l’existence d’une École publique laïque ouverte à tous et discriminatoires, car ils portent atteinte aux principes d’égalité, de science et de rationalisme.
• Les Églises catholiques utilisent régulièrement leur statut particulier accordé ou protégé par des États complaisants pour échapper à la Justice humaine dans le cas de crimes, notamment sexuels. Il s’agit là d’une discrimination insupportable. Lorsqu’une Justice d’Exception, fût-elle canonique, protège des religieux et les laisse échapper à leurs responsabilités, la Loi humaine est niée, violée.
■ En conséquence, les participants au Colloque international de Paris,
● exhortent toutes les associations et tous les militants attachés à l’Humanisme, à la Laïcité, à la Liberté de conscience à agir dans leurs pays respectifs pour la Séparation effective des Églises et de l’État et à la défendre quand elle existe partiellement ou totalement. Ce dispositif juridique et législatif est le meilleur moyen démocratique de garantir et promouvoir la liberté de conscience qui doit être égale pour toutes et tous.
● appellent tous les partisans de la démocratie réelle à se mobiliser pour l’abrogation des Concordats catholiques, des Églises officielles et des Religions établies et à exiger l’abrogation des statuts pénaux de « délits de blasphème ».
● encouragent les amis de la Liberté de Conscience à exiger des États qu’ils mettent fin aux financements publics des religions et de leurs organisations collatérales liées et qu’ils lancent une campagne d’enquêtes mettant en lumière les biens et richesses des Religions et des Églises. Nous appelons à rendre publics les résultats de ces enquêtes.
● souhaitent que les Conclusions et les Actes du VIIIe Congrès de l’AILP à Madrid sur la Laïcité de l’Enseignement public soient largement portés à la connaissance des opinions publiques des pays, et notamment ses conclusions : “L’objectif incontournable des laïques et des libres penseurs est de planifier une éducation non religieuse qui protège la santé mentale des nouvelles générations par le développement d’une conscience rationnelle et critique”.
● exigent qu’en matière criminelle, les actes de toute nature commis par les religieux soient soumis à la Juridiction ordinaire de la Justice légale et officielle, donc commune, des pays concernés et qu’aucun privilège ecclésiastique ne soit mis en œuvre pour soustraire les criminels religieux à la Justice Humaine.
Paris, le 8 avril 2023
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