Frans Mazereel
« Libre Opinion : Alors que la guerre en Ukraine bat son plein depuis un an, les pacifistes peinent à se faire entendre.
Le pacifisme est-il devenu un gros mot ? En ces temps belliqueux, c’est ce que déplorent les militants de la cause, qui appellent à ce que les opposants à la guerre se manifestent.
Pierre-Olivier Vérot
Les membres de la Libre-Pensée de Roanne et de l’Alampsme-DL* ne sont pas du genre à célébrer l’anniversaire d’une guerre. Fût-elle en cours sur le continent européen. Plutôt à réaffirmer leurs idéaux pacifistes face à la guerre en Ukraine qui boucle sa première année de tueries. Les deux associations « profiteront » donc de leur rassemblement pacifiste annuel sur la place des Martyrs de Vingré, à Ambierle (lire ci-dessous) pour exiger – malheureusement symboliquement – l’arrêt immédiat de la guerre dans l’Est de l’Europe.
Le retour de la course aux armements
« Depuis un an, les peuples russe et ukrainien, hier peuples frères, se tuent par armées interposées, pour quels intérêt ? Certainement pas les leurs ! clame Yannick Sybelin, président du groupe roannais de la Libre-Pensée. « Il faut arrêter cette marche vers la barbarie, ajoute-t-il. En envahissant l’Ukraine, Poutine s’est engagé dans une aventure criminelle sans issue, non seulement pour ces deux peuples, mais avec des conséquences dramatiques pour tous les peuples, notamment européens, qui se lancent dans une course effrénée aux armements au détriment de la réponse aux besoins sociaux. À qui profitent ces crimes, si ce n’est aux marchands d’armes ? Qui paie ces armes, avec quels budgets ? » Il envoie au passage une pique au Président Macron, dans le contexte social brûlant du moment : « Il ose dire qu’il manquerait 10 milliards pour les retraites, il réduit le budget de la Santé, mais annonce dans le même temps 413 milliards d’euros pour la guerre sur la période 2024-2030 dans le cadre de la future loi de programmation militaire, soit 40 % de plus que l’enveloppe de la précédente. »
« La propagande est en marche »
De son côté, Claude Groppi, membre actif des deux associations pacifistes, dit n’en plus pouvoir que le débat sur la guerre ne tolère pas la nuance. « Sur tous les plateaux médiatiques, la propagande bat son plein. On entend très peu la voix des pacifistes et quand l’un d’eux s’exprime, revendiquant la fin des combats, on le fait immédiatement passer pour pro Poutine ! »
Le militant en déduit qu’« il est très de très mauvais ton, par les temps qui courent, de se revendiquer pacifiste. Comme disait Jacques Prévert, actuellement, “toute l’intelligence est dans le clairon”. On fait mine d’oublier qu à un moment, une guerre, ça se termine et qu’il faut bien pour cela se mettre autour d’une table. La voie diplomatique plutôt que la guerre, ne nous semble pas vraiment explorée. »
« Celui qui dénonce la guerre passe forcément pour un pro Poutine »
Un cri du cœur que les militants pacifistes renouvelleront lors de leur traditionnel rassemblement à Ambierle, ce samedi, fief des deux « martyrs de Vingré », fusillés pour l’exemple lors de la Première Guerre mondiale.
Au-delà, ils souhaiteraient que ceux qui ont la guerre en horreur fassent davantage entendre leur voix dans les débats actuels : « Il est temps que tous ceux qui pensent comme nous se comptent et s’expriment. Affichent leurs opinions et leur opposition. On en a marre que le pacifisme passe pour un gros mot ! »
Pierre-Olivier Vérot
SOURCE : Etre-pacifiste-en-temps-de-guerre
(*) Association laïque des amis du monument pacifiste de Saint- Martin-d’Estreaux et du département de la Loire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.