Laïcité, neutralité : Halte aux manipulations et aux trahisons


– COMMUNIQUE DE PRESSE –

Ces derniers jours, ces dernières semaines, le Landerneau politique s’est à nouveau ému à propos de la laïcité et de la neutralité de l’État et des services publics. Le conseil communal d’Anderlecht venait d’adopter une motion, qui approuve le principe d’une autorisation du port des signes convictionnels par les agents de l’administration communale, moyennant quelques exceptions.

Au vu des déclarations des uns et des autres, on assiste à un concours de Tartuffes ou à tout le moins à la pitrerie la plus totale.

Notons d’emblée, que tous les partis*, tout en se réclamant de la laïcité et de la neutralité de l’État, sont d’une manière ou l’autre pour cette résolution. Seules quelques pinailleries sur les « exceptions », autour des notions de « agent en contact avec le public », et/ou la notion de possession d’une autorité dans le chef des agents, les différencient.

Leur hypocrisie n’a d’égale que leur lâcheté. Ils devraient dire clairement les choses : nous sommes contre la laïcité et la neutralité de l’État. Cela aurait au moins le mérite de la franchise.

Comment ne pas paraphraser ce que disait Jean Baubérot au sujet de certains « laïques » français :  « S’ils étaient sincères dans leur combat laïque, leurs premières batailles devraient être contre la reconnaissance des cultes et leur financement par l’État, l’arrêt du financement sur fonds publics de l’enseignement privé majoritairement catholique et l’interdiction des cours de religion dans les écoles publiques. »

Notre objectif, ici, n’est pas d’exposer et de débattre des multiples interprétations de la laïcité, déjà adjectivée de multiples manières, et de la neutralité de l’État. Interprétations qui ont contribué à brouiller les esprits depuis des dizaines d’années. De même, nous n’abonderons pas non plus dans la construction artificielle de divers modèles et idéaux-types qui aboutissent à qualifier comme « laïcité » des néo-cléricalismes ou même à des impostures anti-laïques. Les diverses politiques d’« accommodements raisonnables » ont fait leur chemin dans différents pays (Canada, UK…). Avec quel résultat pour le « bon vivre ensemble » …?

Il s’agit pour nous de dénoncer ceux qui tendent à faire de la liberté religieuse le premier critère de la liberté de conscience, alors que cette première découle de la seconde, ceux qui tentent à réduire la laïcité à l’égal traitement des religions et autres convictions. Il s’agit pour nous de dénoncer les adeptes d’une laïcité totalitaire qui veulent étendre le principe de la neutralité confessionnelle de l’État à toute la société civile afin de cacher leur xénophobie.

Nous dénonçons également les partis et associations, qui au nom du « vivre ensemble » ou à des fins électoralistes, croient pouvoir acheter la paix civile en accordant des concessions communautaristes, prennent en otage la laïcité pour mieux la dénaturer, la vider de son sens. Le communautarisme politique c’est l’officialisation de la différence des droits. C’est la rupture de l’égalité des droits.

Dans un État qui se réclame de la laïcité et donc de la neutralité de ses institutions, seule perspective démocratique digne de ce nom, il y a lieu de distinguer très nettement la sphère publique en charge de l’intérêt général (Gouvernements, Administrations, Services publics, fonctionnaires) où la neutralité est de règle, et la sphère privée qui se compose de tout le reste, allant de la rue à la vie intime, où chacune et chacun est libre d’exprimer les opinions de son choix, de porter les insignes, emblèmes et les vêtements qu’elle ou il désire.

Pour la Libre Pensée, pour le CLP-KVD, si les agents publics bénéficient, comme tous les citoyens, de l’absolue liberté de conscience, s’ils ne peuvent être discriminés lors de leur recrutement ou en cours de carrière en raison de leur appartenance ou non-appartenance religieuse, ils sont en revanche, soumis à une stricte obligation de neutralité en adoptant, en permanence, dans l’exercice de leurs fonctions, une attitude neutre sur le plan religieux et politique à l’égard des usagers et de leurs collègues de travail.

Cette obligation devant s’appliquer à tout agent public nommé ou non, en contact ou non avec le public, ayant une fonction d’autorité ou non, et ce durant l’exercice de ses fonctions !

A tous les tartuffes nous disons : la laïcité n’a pas à s’adapter à une religion, de même qu’aucun croyant ne peut réclamer de droits particuliers.

Nous ne pouvons terminer notre interpellation sans rappeler que les manœuvres des uns et des autres sont possibles parce que la laïcité de l’État et la neutralité de celui-ci sont inexistantes en Belgique.

Alors nous nous adressons à ceux et à celles qui aspirent à l’union la plus large des militants et militantes de la laïcité, pour leur demander : n’est-il pas temps de nous rassembler pour inscrire la séparation des églises et de l’État, la non reconnaissance et le non financement des cultes, la fin des cours de religion dans les écoles publiques, la fin du financement des écoles privées… dans une loi ?

C’est le combat que mène le CLP-KVD.

A bas la

LES ÉGLISES CHEZ ELLES

L’ÉTAT CHEZ LUI !

Bruxelles, 6 novembre 2023

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(*) sauf peut-être le MR, pour des raisons qui n’ont probablement plus grand-chose à voir avec la défense de la séparation des églises et de l’État, tant est qu’il n’a pas de problème manifeste avec la présence es qualité du premier Ministre libéral De Croo au Te Deum du 15 novembre, par exemple.