Communiqué de presse du CLP-KVD : Crèches de la nativité et neutralité de l’Etat
Le quotidien Le Soir a fait écho, dans son édition électronique du 22 décembre (Le Soir du 22-24 décembre 2023), d’une polémique récurrente à propos de la présence de crèches catholiques dans les Maisons Communales, Hôtels de Ville, ou sur le domaine public (immeubles de l’État). C’est à nouveau l’occasion pour le Cercle de Libre Pensée – Kring voor het Vrije Denken (CLP-KVD), qui par le passé a interpellé des responsables communaux à ce sujet – dont il attend toujours leur réponse –, de réaffirmer sa position sur cette controverse.
Le CLP-KVD rappelle que l’installation de crèches de la nativité (il ne s’agit ni des crèches provençales qui ne sont pas religieuses et ni, bien évidemment, des crèches qui accueillent des enfants) dans les locaux publics ou sur le domaine public par les autorités publiques (ou par quiconque) est une atteinte à la neutralité de l’État. Les emblèmes et symboles religieux n’ont aucune légitimité dans la sphère publique. Il y tellement de places libres dans les églises catholiques, que l’on a du mal à comprendre pourquoi il faudrait héberger le « petit jésus » dans les bâtiments de l’État.
Par contre, rien n’interdit à chacun (particulier, commerçant, église, etc.) dans sa sphère privée d’installer une crèche de la nativité ou tout autre emblème religieux dans son domaine privé, même visible au public ou accessible par celui-ci. Au cas, où cette liberté serait menacée, les libres penseurs, partisans de la liberté absolue de conscience, seraient les premiers à lutter contre cette menace.
« L’assertion de la tradition n’a aucune réalité historique. »
Contrairement aux billevesées de certains élus, les crèches catholiques ne sont pas une « tradition » dans les maisons communales. Aucun élu communal, même le plus invétéré des catholiques, n’avait jamais eu l’idée, jusqu’à ces dernières années, d’installer des crèches de la Nativité, car il y avait un curé pour en ériger une dans chaque église. L’assertion de la tradition n’a aucune réalité historique. Elles étaient traditionnellement dans les Églises catholiques et les domiciles des particuliers !
La crèche catholique est un symbole exclusivement religieux – donc ayant un caractère communautaire – réservé à celles et ceux qui se réclament de cette croyance et non un caractère culturel qui pourrait contribuer à élargir les connaissances de l’esprit et ce, de manière universelle et désintéressée comme le sont des œuvres d’art historiques à représentation religieuse (tableaux, statues, cathédrales, etc.).
« Le principe de neutralité interdit qu’une autorité publique s’identifie à une religion particulière. »
En ces temps de replis communautaristes, qui divise les citoyens selon leurs convictions ? Ceux qui réclament la stricte séparation des Églises et de l’État ou ceux qui violent le principe de neutralité de la sphère publique ? Les partisans des crèches catholiques ou de tout autre symbole religieux dans la sphère publique, – dont certains osent se réclamer de la laïcité, – sont ceux-là mêmes qui introduisent le communautarisme dans la sphère publique et mettent à mal l’égalité des citoyens, quelle que soit leurs opinions philosophiques et / ou religieuses.
Les crèches de la nativité dans la sphère publique bafouent la neutralité, entretiennent le ferment du communautarisme et participent à la concurrence de revendications confessionnelles !
L’érection dans la sphère publique de signes religieux revient à marquer une préférence pour la religion concernée. Or le principe de neutralité interdit qu’une autorité publique s’identifie à une religion particulière. Respecter la diversité de la collectivité, c’est exiger que ce qui est commun à l’ensemble de la collectivité soit neutre.
Les institutions publiques n’ont à n’être ni chrétienne,
ni juive, ni musulmane, ni bouddhiste,
ni athée, etc.. ni libre penseuse !
Elles doivent être laïques !
Nous demandons aux élus de respecter la liberté de conscience de tous les citoyen-ne-s, en assurant la neutralité de la sphère publique.
A bas la calotte !
Bruxelles, Nivôse CCXXXII / Décembre 2023
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