« Les phares sont plus utiles que les églises. » Benjamin Franklin
On nous l’avait promis en 2010, assuré, il n’y aura plus de « loi du silence » dans l’Église face aux affaires de pédophilie impliquant des prêtres. Or non seulement l’omerta a continué mais les crimes sexuels ont persisté comme l’a révélé la télévision publique flamande (VRT).
Le documentaire Godvertgeten (les oubliés de Dieu) de la télévision publique flamande (VRT) a remis à la une de l’actualité les violences sexuelles et les méfaits commis au sein de l’Église, que l’institution catholique tentait depuis près de 30 ans de mettre en sourdine. Il révèle l’ampleur des violences sexuelles commises essentiellement contre les enfants dans les internats et les associations de jeunesse de l’Église. Ce documentaire n’a pas fini de provoquer des ondes de choc.
Nombreuses sont les personnes qui demandent leur radiation de baptême afin de rompre leurs liens avec l’Église. Des partis politiques exigent que le scandale fasse l’objet d’une enquête approfondie et ont obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire chargée de montrer comment les preuves ont pu être dissimulées par l’Église, les complicités dont elle a bénéficié.
Le 28 septembre 2023, le premier ministre Alexander De Croo a exhorté l’Église à « reconnaître sincèrement sa culpabilité », pour les nombreux cas d’abus sexuels commis par des ecclésiastiques qui ont été niés par l’institution et n’ont pu trouver d’aboutissement judiciaire.
Il a apporté son soutien à la création de la commission d’enquête parlementaire et déclaré que l’Église devait se plier aux demandes de celles et ceux qui souhaitent être rayés des registres de baptême et rompre leurs liens avec l’Église. Ce que l’Église refuse de faire.
Il s’est même dit ouvert à une réduction du financement des lieux de culte. Une annonce qui résonne comme un vœu pieu.
Le 22 janvier 2024, à l’issue d’une réunion avec le nonce apostolique en Belgique, Franco Coppola, Alexander De Croo a indiqué avoir une nouvelle fois pressé le Vatican de retirer à Roger Vangheluwe son titre d’évêque : « Je viens d’évoquer avec le nonce apostolique la visite du pape François dans notre pays. Pour le bon déroulement de cette visite, j’ai de nouveau insisté pour que le Vatican retire son titre à l’évêque Roger Vangheluwe. Une démarche importante pour les victimes ».
Le nonce a rappelé fermement au Premier Ministre Belge qu’il n’avait pas à s’immiscer dans le fonctionnement du culte catholique : « Le Premier Ministre sait bien qu’il s’agit de la structure interne de l’Église et, grâce à l’heureuse séparation existant entre État et Église en Belgique, l’État n’entre pas dans l’ordre interne de l’Église, comme l’Église n’entre pas dans l’ordre interne de l’État. ».
Roger Vangheluwe, qui n’a jamais été jugé, a démissionné de ses fonctions en 2010 après avoir reconnu les violences sexuelles commises sur son neveu, mineur au moment des faits. Il réside dans une abbaye dans le sud de la France et continue à percevoir une pension mensuelle de 2 800 € à charge des contribuables.
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Une commission spéciale avait déjà abordé en 2010 les violences sexuelles au sein de l’Église. Cette fois, c’est une commission d’enquête – dont les pouvoirs sont plus étendus – qui a été préférée. Notons, que la commission est chargée d’enquêter également sur les abus sexuels en dehors de l’Église. Une manière de diluer, d’atténuer le scandale ? Elle devrait rendre ses conclusions fin mars 2024.
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