L’État, l’Église et l’apostasie
Se faire débaptiser est le mode de protestation choisi par des milliers de Belges pour protester contre les turpitudes de l’Église catholique. Ce mouvement de débaptisation reflète la tendance profonde de la sécularisation de la société belge mais également celui d’une volonté de séparation des Églises et de l’État de la part des citoyens.
En Belgique, le baptême n’a aucune valeur légale. Il devrait donc en être de même pour son annulation. Dès lors, tout citoyen baptisé, peut, en vertu de l’article 22 de la Constitution1 – respect de la vie privée – et des législations belge et européenne sur la protection des données privées (RGPD), exiger de ne plus figurer dans le « registres de baptêmes ».
Ces textes autorisent tout citoyen à « modifier, compléter, mettre à jour, vérifier ou effacer des données à caractère personnel, sur simple requête et sans avoir à motiver sa demande. »
Pas de fichier des apostats !
De mauvaise foi, dirons-nous, l’Église y consent mais en apposant face au nom de l’infidèle une annotation de ce que le droit canonique qualifie comme un reniement. Pour l’Église, il est devenu un apostat, et l’apostasie n’annule pas le baptême : « nul ne peut faire qu’un acte posé ne l’ait pas été ».
Or, l’Histoire nous enseigne que les fichiers de ce type se sont révélés mortellement dangereux en ce qu’ils constituent une menace pour la vie privée. En effet, l’existence d’une mention dans un registre accessible à des personnes étrangères à la personne concernée constitue par elle-même une divulgation de ce fait qui porte atteinte à sa vie privée.
Suite à un contentieux entre l’Église et un infidèle, l’Autorité de protection des données (APD) a validé la demande de ce dernier : « L’APD a ordonné […] à l’évêché de Gand de satisfaire à la demande d’une personne baptisée d’être effacée du registre de baptême de sa paroisse. […] à partir du moment où la personne fait expressément part de son souhait de quitter l’Église et de voir ses données de baptême effacées ».2
En vertu de quoi, l’évêque de Gand s’est vu condamner à faire effacer définitivement, sous 30 jours, toute mention de ce baptême.
La preuve est ainsi faite : l’application du droit civil est incompatible avec les arguties juridiques de l’église catholique, ni d’une quelconque église et exige la stricte application de protection des libertés individuelles et collectives. La décision l’APD en donne la preuve.
La Libre Pensée appelle citoyennes et citoyens à s’organiser en son sein pour la défense de la liberté absolue de conscience, pour le plein respect des libertés individuelles et collectives et contre l’emprise du cléricalisme. Le CLP/KVD se tient à la disposition des citoyennes et citoyens qui auraient besoin de conseils.
Il faut en finir avec le privilège clérical !
2 Février 2024
13 Pluviôse CCXXXII
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1. L’article 22 de la Constitution dispose : « Chacun a droit au respect de sa vie privée et familiale, sauf dans les cas et conditions fixés par la loi. »
2. Pour l’APD, une personne baptisée…
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