Source Huffpost : Dans une ville empreinte d’une grande culture catholique, l’œuvre réalisée par l’artiste sévillan Salustiano Garcia provoque un vif débat.
ESPAGNE – « Pour voir de la sexualité dans mon Christ, il faut être malade », répond l’artiste. Malgré les explications de l’auteur d’une affiche officielle réalisée pour la Semaine sainte de Séville, en Espagne, une vague de critiques s’abat contre cette représentation du Christ qui doit être diffusée prochainement dans toute la ville.
Depuis sa présentation samedi 27 janvier, l’affiche de l’artiste sévillan Salustiano García est la cible de nombreuses critiques au sein des milieux ultraconservateurs espagnols. La raison ? La représentation du Christ est jugée trop « efféminée » et « sexualisée » par une partie des fidèles.
Pourtant, au premier coup d’œil, rien ne semble inhabituel sur cette représentation, où Jésus-Christ apparaît couvert d’un linceul blanc au niveau de la taille.
Sélectionnée par l’organisation regroupant les confréries sévillanes qui participeront aux processions qui se déroulent chaque année du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques (du 24 au 31 mars), l’affiche représente « la partie lumineuse de la Semaine sainte », dans le « style propre à ce peintre prestigieux », défendent d’ailleurs les confréries dans un communiqué.
« Affiche provocante ››
Son retrait a depuis été réclamé avec force par une partie de la communauté catholique, la jugeant « offensante ». Des critiques d’abord émises sur les réseaux sociaux, avant d’être reprises par une association catholique ultraconservatrice.
Cette affiche est « une véritable honte et une aberration », a ainsi estimé, sur X, l’Institut de politique sociale (lpse), organisation de défense des « symboles chrétiens », engagée notamment contre l’avortement.
Elle a également réclamé son retrait immédiat et demandé des excuses publiques à l’artiste, estimant que cette représentation « offensante » ne correspondait pas à l’esprit de la Semaine sainte. Ces critiques ont notamment été relayées par le responsable du parti d’extrême droite Vox à Séville, Javier Navarro, qui a jugé « cette affiche provocante ». Elle ne répond pas à « l‘objectif pour lequel elle a été conçue », à savoir « encourager la participation dévote des fidèles », a-t-il ajouté.
Depuis, une pétition a même été lancée sur le site Change.org. Signée ce lundi 29 janvier par près de 10 000 personnes, elle appelle à défendre la « tradition » et la « ferveur religieuse » de Séville face à cette œuvre.
« Un peu de culture artistique » ne ferait pas de mal
Face au tollé, Salustiano García semble un peu décontenancé. L’artiste de 52 ans s’est d’ailleurs confié au quotidien conservateur ABC. Il assure avoir peint de manière « sympathique » et « élégante », dans une démarche de « profond respect » pour les croyants.
L’artiste en a profité pour rappeler que Jésus était régulièrement représenté dénudé dans l’art classique. Il suffit d’ailleurs d’observer un crucifix pour retrouver des représentations dénudées de Jésus-Christ, sans le moindre poil sur le corps. Une critique qui est revenue à plusieurs reprises pour critiquer l’aspect prétendument « efféminé » et « sexualisé » de l’œuvre.
« Les personnes qui ont dit du mal de mon travail (…) ont besoin d’un peu de culture artistique », a ajouté l’artiste, dont les œuvres sont exposées dans des galeries du monde entier. Dans les colonnes d’El País, il ajoute avoir été « particulièrement attristé par ceux qui n’ont pas reconnu les éléments très sévillans que comporte l’affiche ».
Argument supplémentaire au crédit de Salustiano García : il dit avoir utilisé son fils comme modèle. « Nous avons tous les deux ri en découvrant cette polémique et nous sommes très surpris de la politisation du tableau », a-t-il confié à ce sujet.
« Pour voir de la sexualité dans mon Christ, il faut être malade », a fini par conclure l’artiste, soutenu par les socialistes au pouvoir en Espagne. Ces derniers ont d’ailleurs dénoncé le caractère « homophobe et haineux » de ces attaques. ■
29/01/2024
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