L’escalade guerrière des gouvernements se poursuit. Alors que les responsables politiques de la Suède, de la Lituanie, de la Lettonie ont rétabli le service militaire, en Allemagne, en Croatie, en France et, plus récemment, en Belgique, les responsables politiques et militaires conditionnent leurs populations à la guerre. Au Royaume-Uni, le rétablissement de la conscription, suspendue en 1960, est évoqué.
« Les Britanniques doivent-ils se préparer à la guerre ? L’angoissante question a été posée sans détour par le chef d’État-major de l’Armée de terre, le général Patrick Sanders, il y a quelques jours. Le Royaume-Uni devrait former « une armée citoyenne » en cas de conflit ouvert entre l’Alliance Atlantique et la Russie a suggéré le haut gradé lors d’un discours à Londres le 24 janvier. Selon lui, le Royaume-Uni devrait suivre l’exemple suédois et prendre « des mesures préparatoires pour placer nos sociétés sur le pied de guerre ». Autant dire que cette déclaration a suscité un vif débat dans un pays qui a mis fin à la conscription en 1960.
Downing Street a immédiatement démenti envisager un tel scénario, le qualifiant d’ « hypothétique » et le ministère britannique de la Défense s’est également distancé des propos du général, insistant sur la « fière tradition de volontaires » de l’armée britannique.
Malgré ces démentis, les propos alarmistes du général Sanders ont été relayés par Richard Shirreff, ex-commandant en chef adjoint de l’OTAN, qui a estimé qu’il était temps « de penser l‘inimaginable » et « d’étudier attentivement la conscription, même si (…) cela va à l’encontre de la culture de l’armée britannique, traditionnellement constituée de professionnels ».
À quelques semaines de la présentation du budget et à quelques mois des élections générales, ce type de déclarations n’est pas sans arrière-pensées alors que le Royaume-Uni consacre 2,1 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense et que le secrétaire d’État à la défense, Grant Shapps, a assuré vouloir porter ces dépenses à 2,5 % du PIB « le plus vite possible ».
Des personnalités de l’armée américaine ont soutenu l’appel de Sanders en faveur d’une expansion massive des forces armées. Carlos Del Toro, secrétaire américain à la Marine, a déclaré lors d’un briefing après un discours au Royal United Services Institute à Londres : « je pense qu’il est important pour le Royaume-Uni de réévaluer sa position actuelle compte tenu des menaces qui existent aujourd’hui ». La Grande-Bretagne décidera de la force de son armée, « mais je dirais franchement qu’étant donné les menaces économiques à court terme qui pèsent sur le Royaume-Uni et les États-Unis, les investissements dans leur marine sont très importants ».
Le secrétaire d’État à la Défense du « Shadow Cabinet1 » John Healey, a déclaré : « Ces treize dernières années, les ministres conservateurs ont tellement coupé dans les budgets que nous avons une armée aussi petite que du temps de Napoléon. Il a promis de « réarmer » le Royaume-Uni et ambitionne de renforcer la coopération militaire avec la France et l’Allemagne si le Labour revient au pouvoir lors des prochaines élections générales, mais il s’est pour l’heure gardé d’entrer trop dans des détails chiffrés. » » ■
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1. Le cabinet fantôme, dans la pratique parlementaire britannique, est constitué par les membres les plus importants de l’opposition qui, sur la base des postes occupés par les ministres du gouvernement britannique, examinent les actes et les dires des ministres correspondant à leurs postes, proposent des politiques alternatives et demandent des comptes au gouvernement pour ses actions.
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