A propos des élections européennes


– COMMUNIQUÉ DE PRESSE –

A propos des élections européennes

Lors des élections fédérales et régionales du 9 juin, les citoyennes et citoyens sont appelés à voter également pour les élections européennes.

Il n’appartient pas au Cercle de Libre Pensée qui est une association qui regroupe les partisans de « l’esprit libre », de promouvoir l’une ou l’autre formation politique, en ce sens qu’elle regroupe des personnes différentes quant à leur engagement personnel, mais qui ont en commun le refus de la soumission et des dogmes, tous les dogmes religieux bien entendu, mais aussi toute organisation qui soumet l’individu. Il n’entend pas, par conséquent, délivrer des consignes de vote ou de non vote.

L’élection européenne consisterait, selon les textes officiels à élire « des représentants des peuples pour décider de leur avenir ». La réalité est que le pouvoir de décision est détenu par le Conseil européen et non par le Parlement européen qui ne peut émettre que des avis. Le Conseil européen décide, le Parlement européen exécute. C’est le principe de subsidiarité, fondement de la doctrine sociale de l’Église catholique, qui s’applique.

Dans un document en date du 20 mars 2014, en vue des élections européennes, la Commission des Épiscopats catholiques de la Communauté européenne (Comece) après avoir rappelé qu’« Il est essentiel que les citoyens de l’UE participent au processus démocratique en votant le jour des élections. Une forte participation renforcera d’autant la nouvelle législature » (…) Elle « attire l’attention de nos concitoyens sur certains domaines spécifiques des politiques de l’UE : 1. Il faut veiller à ce que les démarches de plus en plus nombreuses visant à l’unité au sein de l’UE ne sacrifient pas le principe de subsidiarité… ».

Mais d’où vient réellement ce principe ?

Tout droit sorti du Droit canon de l’Église catholique, le principe de subsidiarité, a été théorisé par le pape Pie XI dans l’encyclique Quadragesimo anno, en 1931, comme moyen de l’organisation corporatiste et fasciste de l’Italie mussolinienne. Cette encyclique est venue compléter celle de Léon XIII : Rérum Novarum, promulguée 40 ans auparavant.

On peut lire dans l’encyclique Quadragesimo : « Que l’autorité publique abandonne donc aux groupements de rangs inférieurs le soin des affaires de moindre importance où se disperserait à l’excès son effort. Elle pourra dès lors assurer plus librement, plus puissamment, plus efficacement les fonctions qui n’appartiennent qu’à elle parce qu’elle seule peut les remplir. Ces fonctions sont : diriger, surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportement et les circonstances ou la nécessité l’exigeront. »

Ce principe est antidémocratique, il ne vise qu’à conférer aux « corps inférieurs » les attributs des services publics. Ainsi, le Parlement européen sur son site Internet officiel donne la définition suivante : « La signification et la finalité générales du principe de subsidiarité résident dans l’octroi d’un certain degré d’indépendance à une autorité subordonnée vis-à-vis d’une autorité de niveau supérieur, notamment d’une autorité locale envers le pouvoir central ».

Chaque mois, les directives européennes, au nom du principe de subsidiarité, détruisent tout ce que la démocratie et le mouvement ouvrier indépendant ont pu arracher pour défendre les droits des citoyens et des salarié.es dans les différents pays, pour assurer l’égalité des citoyens devant la loi. On le voit clairement en matière de services publics et de régimes de protection sociale collective.

C’est ce principe de subsidiarité qui a été mobilisé par l’Église catholique belge pour imposer son réseau d’éducation et par voie de conséquence n’accorder à l’enseignement public qu’un caractère subsidiaire – Voy. Interview de Mark Eyskens (Bruxelles, 30 avril 2010) – Extrait: subsidiarité et fédéralisme européen, (en ligne), : http://www.cvce.eu – .

En clair, la subsidiarité, c’est la subordination et l’obéissance à des décisions prises par une autorité en haut et appliquée en bas. C’est la remise en cause des services publics qui garantit l’égalité des citoyens devant la loi. C’est la remise en cause des acquis démocratiques. Elle implique la dissolution même du Peuple comme corps politique et historique.

Par quelque bout que l’on prenne le problème, l’Union européenne est une création cléricale.

Qu’on se le dise : Ce n’est jamais le subsidiaire qui décide !

Bruxelles, 20 mai 2024
Prairial CCXXXII