Le retour de la violence politique


Par Pierre Galand

Il se trouvera toujours un « ventre mou » pour obéir ou se plier aux ordres d’une minorité raciste, identitaire, désireuse de faire marcher la majorité au pas, capable de désigner l’ennemi et de fantasmer sur la nécessité de s’armer pour combattre et régner en maître.

N’ayant pas conscience du danger que représente cette remontée des extrêmes droites qui, le plus souvent, avancent masquées, beaucoup de démocrates ne se rendent pas compte que ces populistes font usage du champ démocratique pour promouvoir et faire avancer leurs idées, arrivant ainsi à polluer insidieusement nombre de formations politiques traditionnelles.

Les guerres menées par Frontex, avec l’appui des gouvernements, aux frontières extérieures et même intérieures des 27 pays de l’U.E., tout comme celles menées par les E.U. sur leur frontière avec le Mexique, constituent déjà l’un des pires dévoiements de nos démocraties s‘érigeant en citadelle assiégée par l’étranger.

Les guerres qui se multiplient à la périphérie de l’Occident et qui sont le plus souvent les conséquences de ses actions prédatrices, ou de ses ambitions de contrôle sur le reste du monde, amènent l’OTAN à sortir de son rôle au sein de l’Atlantique Nord. Sous la houlette étasunienne, l’OTAN se veut aujourd’hui la garde prétorienne de nos intérêts sur l’ensemble de la planète. Les instruments, les conventions et le droit international, sagement mis en place au lendemain de la deuxième guerre mondiale – qu’il s’agisse de l’Organisation des Nations Unies, ou des assemblées régionales telles l’OSCE, La Ligue Arabe, l’Union Africaine, – ont été marginalisés depuis 30 ans, les privant de leur rôle de pacificateurs et d’acteurs promoteurs des droit humains les plus fondamentaux.

Déjà en 1994/1995, étudiant les financements du génocide qui a coûté la vie à près d’un million de Tutsi au Rwanda, j’avais décrit en quoi l’aveuglement des Occidentaux, leur soutien aux génocidaires, avaient dégradé les institutions onusiennes et discrédité tout le cadre de ce qui était encore à l’époque présenté comme le modèle de la coopération au développement Nord-Sud.

Aujourd’hui, notre incapacité à empêcher le génocide commis contre les Palestiniens par notre allié Israël, bénéficiant des plus importants accords de coopération avec l’Occident, a amené le pays de Nelson Mandela à déposer plainte contre les agissements d’Israël devant la plus haute cour interétatique de la planète. L’appui de l’Occident à Israël, jusqu’à trop tard, nous privera pour longtemps de toute perspective de coexistence entre les peuples du pourtour méditerranéen. Cela nous oblige à nous poser la question : demain de quoi sera-t-il fait ? Nous savons déjà que la réponse Frontex n’est pas la réponse car elle empêchera les échanges humanistes indispensables en vue de construire des perspectives de coexistence pacifique entre les différentes rives de la Méditerranée.

75 ans après la Nakba, les Palestiniens refusent d’être considérés comme ceux et celles sur le dos desquels on peut clore la dette occidentale résultant là encore d’un génocide sans précédent, celui qui a décimé les juifs. Ceci nous oblige à admettre nos erreurs et à mettre un terme à notre gestion moyenâgeuse, occidentalo-centriste de l’humanité. Je me réjouis d’assister aux occupations et aux mobilisations dans les universités américaines et de voir comment cette mobilisation se répand en Europe et sur les autres continents. Ces jeunes refusent le massacre d’un peuple et se battent pour la sauvegarde de notre humanité. Je pense comme d’autres que, comme leurs aînés durant la guerre du Vietnam, ils cherchent par là à dénoncer la barbarie des puissants et de leurs alliés.

Nous nous devons de les soutenir et de soutenir leur appel à changer radicalement les paramètres de la gestion de la RES publica. Mobilisons-nous, imposons les voies et moyens pour combattre toutes ces formes de violences intolérables et faire respecter les droits à la coexistence, à la paix, au bien être – pour et entre – tous les peuples, tels que définis par la Charte des Nations Unies.

Debout les damnés de la Terre et demain…..

Pierre Galand

20 mai 2024