Conférence de Pierre Roy membre de la Libre Pensée de la Loire
Il n’est sans doute pas nécessaire de persuader chacun d’entre vous de la nécessité de combattre contre la guerre. Mais ce que je voudrais transmettre c’est la nécessité de se disposer dès maintenant à le faire, à l’entreprendre pendant qu’il en est encore temps.
L’Histoire nous apprend que rien n’est plus nécessaire que de s’opposer à la mobilisation des grands États des capitalistes et des oligarques pour entraîner les populations dans la Guerre généralisée.
Je dirais volontiers dans une formule : « Repousser à plus tard la mise en garde, retarder la mobilisation préventive pour empêcher la guerre, c’est à coup sûr faire fausse route ! Demain il sera trop tard ! C’est aujourd’hui que cela va se décider ! ».
Il n’y a pas lieu d’attendre je ne sais quel miracle, il ne faut compter que sur la force des peuples qui est grande, qui est décisive, dès lors qu’elle se déploie.
Je fais mienne l’opinion suivante d’un ami journaliste de l’hebdomadaire Informations Ouvrières :
« Ce n’est pas quand la guerre tue 1000 soldats par jour, quand les libertés sont supprimées par la censure et la loi martiale qu’on peut combattre la guerre, c’est avant, quand on peut encore s’organiser, manifester. Cette fois, il faut les empêcher AVANT […] : si les gouvernements veulent plonger dans le carnage les peuples qui n’en veulent pas, alors les peuples sont en état de légitime défense, ils sont en droit démocratique de se mobiliser pour renverser les gouvernements qui bafouent la volonté majoritaire. »
1 – Les enseignements du passé
L’Humanité a déjà connu deux guerres mondiales terrifiantes qui ont coûté la vie à des millions et des millions d’êtres humains. La guerre de 14-18 – dite la Grande Guerre – a causé la mort d’au moins 20 millions de soldats ayant entre 17 et 40 ans d’âge. Une hécatombe gigantesque encore jamais connue hors épidémies du type de la peste ou du choléra. Une hécatombe tout entière due à une domination de la marche du monde par le système capitaliste dont le fonctionnement chaotique – qui lui est inhérent – est porteur de la pire des calamités. Déjà l’Humanité avait enregistré une terrible saignée que les morts, les mutilations irréversibles, les démences de masse, les drames intimes immenses avaient engendrée.
Le monde était sorti de cet immense choc avec d’énormes difficultés. C’est alors qu’à peine un peu plus de 20 ans après le traité de Versailles, les signatures en étant à peine sèches, la deuxième guerre mondiale éclatait… Je n’ai pas choisi d’évoquer la combinaison du sectarisme entre les deux branches du mouvement ouvrier et de leur complaisance finale vis-à-vis des fascismes militarisés jusqu’à la jugulaire, qui prépara cette deuxième catastrophe planétaire qui fit plus de 40 millions de morts, dont une majorité de civils. Il y faudrait un exposé spécifique.
Je voudrais montrer les fautes à ne pas commettre en partant des prémisses de la première guerre impérialiste, celle de 14-18.
On pourrait considérer que j’ai tort de reprocher à l’époque qui la précéda, d’avoir été aveugle et sourde à la montée des périls. Ce ne fut pas le cas puisque deux ans avant la guerre généralisée, la deuxième Internationale socialiste avait adopté des résolutions porteuses d’un immense espoir de maintien de la paix comme objectif numéro un de la période. Je ne veux pas refaire un procès post mortem à ceux qui ont capitulé devant leurs responsabilités en votant les crédits de guerre dans leurs parlements respectifs. Mais là est le problème.
Jaurès caractérisait la source du problème en question avec son éloquence si justement célèbre : « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage. »
Souvent ces paroles du grand tribun pacifiste sont citées mais on en tire rarement la leçon profonde. Il est clair que c’est le mode de fonctionnement même du système de la propriété privée des moyens de production qui est responsable. La concurrence est son credo suprême et ce ne sont pas les adjectifs ajoutés par l’Union européenne qui recommande à la concurrence d’être « libre et non faussée » qui change quoi que ce soit à ses implacables conséquences dénoncées par Jaurès.
La question du militarisme et de la guerre était au cœur des travaux du socialisme international. C’est lors du congrès de Stuttgart qu’une résolution fut adoptée unanimement où figurait un amendement préparé par Rosa Luxembourg, Lénine et Martov qui précisait, après un passage où l’accent était mis sur les moyens à mettre œuvre pour empêcher l’éclatement de la guerre :
« Au cas où la guerre éclaterait néanmoins, ils [les socialistes] ont le devoir de s’entremettre pour la faire cesser promptement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste »
Au congrès suivant, qui se réunit en 1910 à Copenhague, cette position fut renouvelée, assortie d’un constat alarmant de l’accélération de la course aux armements et d’un mandat donné aux parlementaires socialistes « de refuser pour cette destination [les armements] toute dépense financière ».
Il serait fastidieux de citer toutes les résolutions adoptées dans les congrès des partis socialistes mais il suffira de citer ce passage de la résolution du congrès extraordinaire qui s’est tenu à Bâle à la fin du mois de novembre 1912 :
« … les menaces de guerre qui reviennent périodiquement sont de plus en plus révoltantes ; les grands peuples européens sont constamment sur le point d’être jetés les uns contre les autres sans qu’on puisse couvrir ces attentats contre l’humanité et contre la raison, du moindre prétexte d’intérêt national »
On ne saurait mieux dire.
Ce qui frappe en effet, avec le recul, c’est la totale futilité des prétextes invoqués par les grandes puissances pour se livrer, par millions d’hommes innocents interposés, à la plus grande boucherie que l’humanité avait jusqu’alors connue. Pas la moindre base objective d’intérêt national en effet s’agissant des grandes puissances, dans cet affrontement inouï, d’où ce déchaînement de textes d’un chauvinisme ahurissant dans les journaux et sous la plume de grands écrivains, des paroles au chauvinisme délirant proférées partout, sur un ton d’hystérie complète, de prêches non moins patriotiques dans les églises (la guerre rédemptrice), de cette débauche d’imbécillités stupéfiantes etc.
Moins cette guerre avait de justifications, plus elle dut s’en fabriquer et, une fois qu’elle fut déclenchée, elle trouva cerveaux et plumes pour y pourvoir avec abondance.
Il faut énoncer une première vérité : il n’y a pas de solution définitive aux problèmes de l’éradication de la guerre tant que ce qui en est la cause, à savoir le système capitaliste, qui a soumis le monde entier à ses lois, continuera à dominer le monde et donc à décider de nos existences.
2 – Une mécanique liberticide et belliciste inhérente au système capitaliste à son dernier stade impérialiste
Il faut prendre en considération au premier chef les dépenses militaires inouïes qu’engendre ce système.
Une des curiosités de cette situation c’est que le capitalisme – qui signifie en temps de paix se fier au marché et à sa main invisible pour tout réguler – opère un virage à 180 degrés pour planifier la production d’armements et mettre au pas la population par la mobilisation militaire.
Cette situation a été bien analysée par un collaborateur de Rosa Luxembourg ou Rosa elle-même qui, emprisonnée, en pleine guerre, travaillait néanmoins à la construction d’un regroupement politique ayant pour objectif la paix et la transformation révolutionnaire de la société, via le Spartakus Bund.
Et qui éditait une publication, les Spartakus briefe, pour diffuser ses idées.
Il y a un article publié après le début de la guerre qui imagine ce qui se serait passé si … la social-démocratie allemande avait résisté conformément aux engagements qu’elle avait pris…
Ce texte daté de décembre 1914 imagine ce qu’aurait pu être la situation en août dans le cas où la totalité du groupe parlementaire des sociaux-démocrates au Reichstag auraient voté contre les crédits de guerre.
L’auteur entendait ainsi répondre à un article paru dans un journal de Hambourg qui, quant à lui, brossait une anticipation en forme de catastrophe de ce qui se serait passé si les députés du SPD avaient voté contre les crédits de guerre : l’invasion des barbares russes et leurs horreurs auraient déferlé sur l’Allemagne, la civilisation aurait terriblement reculé, etc., etc.
L’article des Spartakus briefe répond :
« Si la fraction [parlementaire] social-démocrate avait fait son devoir le 4 août 1914, sans doute la forme extérieure de l’organisation aurait-elle été détruite, mais ce qui serait resté c’eût été son esprit, cet esprit qui animait le parti à l’époque des lois anti-socialistes et qui permit de surmonter toutes les difficultés ; alors, la classe ouvrière, nous en sommes certains, aurait accompli sa mission historique […] »
Puis répondant à l’objection de savoir ce qui se serait passé si les autres partis socialistes n’avaient alors pas refusé pour leur part de voter les crédits de guerre, l’article des Spartakus briefe précise :
« Le fait d’une importance historique mondiale que la social-démocratie allemande, consciente de sa tâche, se serait dressée contre la guerre, aurait eu un effet moral extraordinaire. Nulle part les masses n’ont voulu la guerre. Il s’agissait de donner à cet état d’esprit une formulation claire et nette, pour que le monde entier l’entende. Pour ce faire, la tribune du Reichstag allemand aurait été l’endroit le plus approprié, à partir duquel les représentants du prolétariat, lui qui s’est montré prêt aux plus grands sacrifices pour avoir droit à la parole et une place dans ce Reichstag, se seraient fait un devoir de donner une issue.
Le mot d’ordre ?
« Inconditionnellement et par tous les moyens contre la guerre ! »
C’est le prolétariat du monde entier qui aurait été électrisé et, contre la volonté exprimée des masses populaires, une guerre aujourd’hui ne peut pas durer plus d’un mois. Ainsi, au cas où le déclenchement de la guerre n’aurait pas pu être empêché, c’est la tournure que les événements auraient prise ».
En effet, et cet article des Spartakus briefe permet de le comprendre, la situation serait vite devenue explosive, en un mot, révolutionnaire. Et c’est ainsi que l’on peut affirmer sans forcer le trait que c’est la peur de la révolution prolétarienne comme perspective politique inéluctable qui a dicté leur conduite honteuse aux dirigeants socialistes de la grande majorité des pays concernés par la guerre.
On sait que Karl Liebknecht, ami politique de Rosa Luxembourg, et député, du Reichstag, emprisonné pour son action durant la guerre, avait une formule remarquable pour décrire la situation exacte du prolétariat allemand par rapport à la guerre. Cette formule était : « L’ennemi est dans notre propre pays ! »
C’est bien en effet ce mot d’ordre qui résumait le mieux la tâche des travailleurs dans tous les pays alors en guerre et pour y mettre fin.
Faut-il faire la démonstration que c’est encore aujourd’hui sous ce mot d’ordre qu’on peut mener le combat contre le déclenchement d’une future guerre généralisée ? J’y reviendrai.
Car on le voit aussi. Si cette vérité, « l’ennemi est dans notre propre pays » avait servi de guide aux dirigeants sociaux-démocrates de l’époque, c’est en premier lieu la guerre elle-même qui aurait été rendue impossible. Il n’est pas nécessaire de faire un gros effort d’imagination pour se rendre compte de la formidable économie en vies humaines et en destructions en tous genres que cette situation de paix maintenue aurait permise. Et d’imaginer aussi l’impulsion donnée pour changer les choses à l’échelle du monde, soit une révolution aboutie dans plusieurs pays.
Cela peut paraître évident, mais évoquer une telle hypothèse en pleine guerre aurait valu à son auteur des poursuites policières et un procès en haute trahison.
Donc c’est avant que la décision soit prise qu’il faut agir ;
3 – Nous comprenons bien que la seule façon de réussir à empêcher la guerre qui est programmée …
… par les Etats les plus puissants du monde – car c’est de cela qu’il s’agit –, c’est de comprendre ce qui est en jeu et de se mobiliser dès maintenant pour s’y opposer et aider par tous les moyens la masse des populations concernées à empêcher ce cauchemar de se produire réellement.
Mais de quelles forces les peuples disposent-ils pour agir ainsi ?
Leur force est celle du nombre et celle de l’unité pour leur survie
Debout les damnées de la terre !
Debout les forçats de la faim !
Mission impossible ? Et pourquoi donc ? Où est-il écrit que la force des peuples ne pourra pas empêcher la catastrophe universelle qu’une troisième guerre mondiale produirait ?
Scénario catastrophe improbable ?
Mais nous voyons les bases en être jetées sous nos yeux. Les budgets militaires explosent. Les mesures anti-démocratiques se généralisent. La machine à mentir a commencé à fonctionner à plein régime.
Macron annonce la couleur ; il faut mobiliser en perspective de la guerre ; D’où le Service National Universel ; D’où les uniformes à l’école qu’il tente d’imposer ; D’où cette militarisation de la vie publique; D’où, cette fièvre qui s’est emparée de lui pour, prétend-il, réindustrialiser la France, alors qu’il s’agit d’orienter l’industrie en toute priorité vers l’économie d’armement (épisode de la poudrerie de Bergerac, du canon César qui booste Nexter, du puissant et ultra-mobile char d’assaut dernier modèle, etc.).
La grande socialiste Rosa Luxembourg appartenant à l’aile gauche du parti social-démocrate allemand a prolongé le travail de Marx en étudiant dans un ouvrage publié en 1912, l’Accumulation du Capital, où elle développe une hypothèse à partir des équations de ce que Marx appelle la « reproduction élargie du Capital ». Ce dernier a besoin de s’étendre et les dépenses militaires servent de soupape à la crise de surproduction que cette extension génère inévitablement. Car la question est celle de la vente des marchandises qui sont, soit des biens et services de consommation (que Marx appelle le secteur II), soit des biens et services de production (machines, installations, laboratoires, réseaux de transports, de communications, avions, camions etc., le secteur I). La consommation dépend largement des salaires que les capitalistes s’efforcent de réduire, puisque c’est un coût. Pour améliorer la productivité du travail (l’efficacité, le rendement) il y a deux solutions :
-
le renforcement de l’exploitation des travailleurs salariés,
-
le perfectionnement du machinisme.
Le système politique du Grand Capital a ses faiblesses qui procèdent des particularités du système d’appropriation des forces productives par des individus et des groupes de caractère privé. Il est confronté à une sorte de désorganisation organique que seule la mise en œuvre d’une situation de guerre (1) lui permet de surmonter (2). Alors – et seulement alors – l’État de la classe dominante est capable de planifier la production parce qu’il l’oriente vers un secteur qui devient prioritaire et ce, de façon totalitaire, à savoir la production d’armements.
Tout le reste est subordonné à cet objectif. Ce qui ne veut pas dire que les propriétaires privés disparaissent, loin de là, et on connaît depuis la première guerre mondiale les profits fabuleux engrangés par les profiteurs de guerre. Et cela est vrai aussi de la deuxième guerre mondiale.
4 – Nous avons à prendre en compte dans notre vision des choses à venir une situation qui n’est pas uniforme, qui comporte de réelles contradictions, des insuffisances multiples …
Et c’est tant mieux.
Une revue en ligne (3) belge rend compte d’une audience du Haut État-major américain par un sénateur qui ne mâche pas ses mots sur le talon d’Achille de la maison mère du capitalisme impérialiste, les USA.
« [L’audience du sénateur est ainsi caractérisée] : C’était un spectacle agréable qui nous a tout montré de la formidable puissance américaniste, en direct et quasiment en technicolor. On sait maintenant que les USA n’ont rien contre les hypersoniques qui sont partout en service chez les Russes et qu’ils ont des projets gargantuesques pour dans 5 ou 10 ans.
On sait qu’ils ont beaucoup de matériels qui pourrait servir mais que tout est réparti dans des services qui s’ignorent les uns les autres. On sait qu’il y a de nombreux budgets dont l’orientation est décidée sans souci des nécessités par des gens qui ignorent ce qu’est une nécessité. On sait que la faute est à tel service qui botte en touche pour un autre service qui doit être le responsable, mais lequel service cherche à son tour un autre plus responsable que lui.
On sait que l’Amérique est absolument sans défense antimissiles dans des programmes antimissiles développés depuis vingt ans et qu’il va falloir « réorienter » un travail qui n’a jamais été fait. Il y a tellement de milliards de dollars qui se baladent dans les couloirs du Pentagone, dont le budget réel dépasse les 1 500 milliards de dollars l’an, qu’on ne sait où trouver de l’argent. On sait que les sénateurs, comme ils le font depuis quatre-vingts ans, savent charger sabre au clair contre les bataillons de généraux au moins une ou deux fois par an pour pouvoir alimenter leurs discours électoraux.
… On sait également que le Secrétaire à la défense Rumsfeld avait raison dans son discours du 10 septembre 2001 (4), non sur l’attaque du lendemain, mais sur le véritable ennemi (5) des États-Unis (et du monde, et de la civilisation) …
Le sujet d’aujourd’hui est un adversaire qui constitue une menace, une menace sérieuse, pour la sécurité des États-Unis d’Amérique. Cet adversaire est l’un des derniers bastions de la planification centrale au monde. Il gouverne en dictant des plans quinquennaux. À partir d’une seule capitale, elle tente d’imposer ses exigences à travers les fuseaux horaires, les continents, les océans et au-delà. Avec une cohérence brutale, il étouffe la libre pensée et écrase les idées nouvelles. Cela perturbe la défense des États-Unis et met en danger la vie des hommes et des femmes en uniforme.
Peut-être que cet adversaire ressemble à l’ancienne Union soviétique, mais cet ennemi a disparu : nos ennemis sont aujourd’hui plus subtils et implacables. Vous pensez peut-être que je décris l’un des derniers dictateurs décrépits du monde. Mais leur époque aussi est presque révolue et ils ne peuvent rivaliser avec la force et la taille de cet adversaire.
L’adversaire est plus proche de chez nous. C’est la bureaucratie du Pentagone. Pas les gens, mais les processus. Pas les civils, mais les systèmes. Non pas les hommes et les femmes en uniforme, mais l’uniformité de pensée et d’action que nous leur imposons trop souvent.
Dans ce bâtiment, malgré cette époque de ressources rares et de menaces croissantes, l’argent disparaît dans des tâches redondantes et une bureaucratie gonflée – non pas à cause de la cupidité, mais de l’impasse. L’innovation est étouffée, non pas par de mauvaises intentions mais par l’inertie institutionnelle ».
On peut mesurer, à la lumière de ce que je viens de lire, à la fois les préoccupations et l’horizon qu’ils ont en eux comme perspective…
La guerre mondiale n’est pas pour eux un problème dans son principe. Ils la préparent, c’est une certitude et ils réfléchissent dans cette direction.
Ils sont à la fois déterminés et inquiets.
Cette question de la « bureaucratie », en quelque sorte administrative, telle que le compte rendu que j’ai cité tout à l’heure la pose, est un aspect des choses, mais derrière il y a la crainte que la machine de guerre ne soit pas au point. De façon détournée il est possible que cette question de la bureaucratie administrative reflète leur crainte d’une irruption des masses sur la scène politique pour régler les questions à leur manière ; qui est la manière des exploités qui n’en peuvent plus et ne veulent plus du sort qui leur est réservé par le système.
Et c’est un signe très encourageant pour nous et inquiétant pour eux que ce déploiement de la jeunesse en masse, notamment dans les Universités américaines, mais pas seulement, ici aussi, et en Espagne, en Grande-Bretagne, en Allemagne, etc. etc. pour clamer son indignation face aux massacres perpétrés à Gaza. Nous devons nous appuyer sur cette disponibilité à l’indignation, à aller au fond des choses pour en finir avec le vieux monde qui est porteur de tant d’horreurs.
Nous savons que les peuples ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Divisés, ils ne peuvent rien. Mais, en unissant leurs forces, ils peuvent s’opposer victorieusement, aux Puissants et aux Puissances à leur service.
J’insiste sur ce point car il ne faudrait pas penser que les Puissants et leurs Puissances vont s’effondrer naturellement sous le poids de leurs propres contradictions.
Non, ce schéma est archi-faux.
5 – La Guerre est leur seul horizon de sauvetage de leur système et, comme ils pressentent la catastrophe dudit système, ils préparent la guerre.
Ils ne se l’avouent peut-être pas, ils n’en sont pas tous conscients, mais ce n’est pas le problème.
Il faut comprendre que les Puissances ne s’effondreront pas, en quelque sorte naturellement.
C’est pourquoi, pour être victorieux contre les Puissants, et contre leur Guerre-Cataclysme, les peuples ont besoin d’unir leurs forces. Dans ce contexte, il est important pour les peuples de mettre en place une force internationale issue de leurs rangs, ayant leur confiance, et travaillant en permanence en leur sein, sans relâche.
Il n’y a pas de temps à perdre.
En face, les privilégiés s’y préparent tous les jours.
Ils adaptent leurs propres législations.
N’oublions pas que l’Allemagne contrairement à ses engagements historiques de l’immédiat après-guerre, inscrits dans sa Constitution, de ne pas participer à un quelconque conflit avec des militaires, mais seulement avec du matériel, a viré de bord avec un budget en hausse de 100 milliards d’euros !
N’oublions pas que le Japon qui a une Constitution foncièrement pacifiste envisage de la modifier pour pouvoir entrer dans la danse infernale de la guerre mondiale, si celle-ci est jugée par lui inévitable !
Enfin n’oublions pas surtout que le Capitalisme à son stade impérialiste vieillissant a besoin d’orienter l’économie prioritairement vers la production d’armements.
L’État bourgeois, dans cette conjoncture, devient l’investisseur n°1.
Et les budgets militaires qui explosent ont cette fonction.
L’idéologie est à leur service avec les médias aux ordres. Les bourreurs de crânes sont à pied d’œuvre. Je n’insiste pas sur ce point archiconnu, douloureusement ressenti, mais bien connu de tous.
C’est le souhait de la Libre Pensée comme force de paix, comme composante de la résistance à la Guerre, de vous avoir convaincus de la nécessité d’agir dès maintenant par les manifestations, par les prises de position diverses de militants de la paix, individuellement impliqués dans des associations comme la Libre Pensée qui milite en ce sens au plan national et au plan international (AILP) ou bien aussi de syndicalistes, de travailleurs, de jeunes, qui se rassemblent pour tuer l’hydre de la guerre dès maintenant car il n’est jamais trop tôt pour s’opposer au pire. Et camarades, comment conclure sans évoquer les deux guerres principales en cours en ce moment même.
Comment oublier qu’à l’Est de l’Europe une guerre sanglante a lieu entre la Russie et l’Ukraine qui aurait déjà causé la mort de l’ordre de 350 000 combattants de part et d’autre du front, soit 700 000 victimes (chiffres estimés car les chiffres réels sont des deux côtés dissimulés ou falsifiés), sans compter les mutilés. Cette guerre est programmée depuis longtemps puisque les accords de Minsk ont été signés pour l’éviter… Seulement, de l’aveu même d’Angela Merkel, dans une interview à un journal suisse, « les occidentaux » (les USA et l’OTAN) ont signé à Minsk « pour laisser du temps à l’Ukraine » … afin de s’équiper et prendre des mesures en vue de la guerre …
Comment oublier ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie, ce déchaînement d’une violence aveugle inouïe contre tout un peuple, le peuple palestinien, ces enfants tués à la hauteur de 15 000 , ces civils bombardés par avions et par tanks, ces 25 000 morts recensés, ces médecins tués par centaines, ces hôpitaux détruits de fond en comble, ces habitations qui ne sont plus que ruines, ces monuments du patrimoine de l’Humanité qui ne sont plus que décombres informes, ces journalistes tués par centaines, ces milliers de cadavres encore sous les décombres etc. etc. ? Et pour couronner l’horreur, on assiste au piétinement et à la destruction des jouets des enfants palestiniens en Cisjordanie par les enfants de fanatiques juifs, colons spoliateurs, qui ont osé littéralement « dresser » leurs propres enfants dans cette attitude de haine inqualifiable.
Ne s’agit-il pas des terribles approches d’une guerre qui se généralise ?
N’est-il pas temps d’exiger et d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza en Cisjordanie ? Oui, il est temps, plus que temps. Halte à la guerre ! Négociations immédiates ! A bas la tuerie de masse ! Rejet total d’une 3e Guerre mondiale ! ■
Je vous remercie.
Pierre Roy in « Esprit Fort » de Juin 2024
Bulletin de la LP Loire
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1 – Un seul chiffre permet d’expliquer ce qui se passe. Ce capitalisme de spéculation se traduit par le fait que le capitalisme de production ne représente que 2,5 % du Capital circulant à l’échelle de la planète, autrement dit de « promesses de promesses » ad libitum, en croissance exponentielle, relative à une réalisation concrète de profits qui ne peuvent plus se produire… Ou bien, dit autrement, si l’on prend la masse de la production des biens, des services, tout ce qui est de l’ordre de la création humaine pour la satisfaction des besoins, cela ne représente que 2,50 % de la masse des transactions financières annuelles…Une crise gigantesque est à l’œuvre, générée par cette énorme accumulation de capital fictif prête à s’effondrer et à faire payer son effondrement aux peuples. L’économie de guerre passant à un niveau de mobilisation super-intensif est la seule réponse à la Crise mondiale que connaisse et génère le système capitaliste financiarisée à 97, 5 % de sa masse totale. (Voir L’Esprit Fort) Ce que les Cahiers de l’Observatoire économique et social de la Libre Pensée ont mis en évidence depuis leur premier numéro en janvier 2021, dans une série d’articles – dont ceux de notre secrétaire général qui creuse avec compétence ce sillon riche de leçons pour les activités variées des libres penseurs dans leurs engagements respectifs – le poids déterminant du Capital – tel qu’il existe et domine la planète à notre époque – orientant une « marche générale » des événements et des choses, marche de plus en plus chaotique et menaçante pour la survie de l’espèce humaine.
2- La production d’armements ouvre des débouchés aux capitalistes du secteur 1, Elle n’alourdit pas en revanche les capacités de production de biens de consommation de secteur II (un tracteur par son utilisation sert à fabriquer de nouvelles marchandises comme, par exemple, le blé et les céréales diverses en préparant la terre pour les semailles, mais… un tank n’est qu’une machine à détruire)
4- https://www.dedefensa.org/article/rumsfeld-le-jour-davant
5- https://www.dedefensa.org/article/le-courage-de-rumsfeld-et-un-discours-historique
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