Sous prétexte d’une natalité en berne (1,42 enfant par femme en 2022) et face à une guerre meurtrière, le discours officiel russe se durcit contre la contraception et l’avortement. Des restrictions importantes sont mises en place et l’interdiction pure et simple de la pratique de l’IVG dans les cliniques privées est même en bonne voie.
La Russie fut pourtant le premier pays du monde à légaliser l’avortement (dès 1920), l’IVG y est autorisée jusqu’à la douzième semaine de grossesse et est intégralement couverte par l’assurance maladie publique.
Si l’interdiction totale de l’avortement n’est pas officiellement à l’ordre du jour, les IVG sont considérées comme un problème pour la démographie russe : il faudrait donc en réduire le nombre. « Interdire les avortements et la contraception ne faisait qu’augmenter la mortalité des femmes dans des IVG clandestines » s’énerve la militante féministe Zalina Marchenkoulova. « Ce qui aiderait vraiment beaucoup la démographie, c’est de ne pas déclencher des guerres absurdes. »
En juillet, le ministre russe de la Santé, annonçait son intention de restreindre avant la fin de l’année la vente de pilules abortives, très facilement accessibles en Russie. La Douma a aussi promis d’adopter, dès le printemps 2024, une loi interdisant la pratique de l’IVG dans tous les établissements payants du pays, accusés de ne pas fournir de statistiques, contrairement aux hôpitaux publics, et de ne pas pratiquer la « semaine de silence », au cours de laquelle les femmes réfléchissent à leur décision. ■
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