« On ne peut assujettir un peuple indéfiniment sauf à l’exterminer »
Le dernier livre d’Alain Gresh, Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir (1), est un livre passionnant par les faits qu’il évoque et l’indépendance qu’il manifeste dans le climat délétère, de mauvaise foi, de désinformation, d’affabulations qui s’est installé depuis notamment le 7 octobre 2023.
Alain Gresh donnera une conférence ce 8 octobre 2024 de 18 h 15 – 20 h 30 au Cinéma Galeries Galerie de la Reine 26 – 1000 Bxl.
Nicole Bernard
L’auteur, Alain Gresh, est un journaliste né en 1948. Ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, il participe au journal en ligne du site ORIENT XXI. C’est un humaniste et un vrai démocrate. Et ce n’est pas aujourd’hui si fréquent. Voici comment il présente son livre : « A l’heure où les mises à l’index se multiplient, où les débats sont interdits, où les accusations “d’apologie du terrorisme” se banalisent, il est plus urgent que jamais d’ouvrir une discussion qui respecte le pluralisme. »
Ses références ne sont pas la révolution russe de 1917 ni le programme de la IVe Internationale. Dans son livre, il rend hommage aux décisions de la Cour internationale de justice. Il rend, aussi, hommage au discours de Dominique de Villepin du 14 février 2003 contre l’intervention américaine en Irak, pour en conclure qu’ « il est regrettable qu’aujourd’hui, par ses déclarations et ses silences, par ses actions et par sa passivité, la France se fasse complice d’un génocide qui se déploie en direct sous nos yeux ».
UN TRAVAIL DE JOURNALISTE
COMME ON N’EN VOIT PLUS
BEAUCOUP
Le livre reprend des analyses sur la situation au Moyen-Orient depuis la Nakba en 1948, en les actualisant avec ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023. Tous les faits sont datés, mesurés et vérifiés. C’est un travail de journaliste comme on n’en voit plus beaucoup, en tout cas dans notre pays. Comme Ilan Pappé dans son livre Les Dix légendes structurantes d’Israël, Alain Gresh démonte, en s’appuyant sur les faits, la propagande internationale qui fait du 7 octobre la « preuve » que « le Hamas est une organisation terroriste » dans le seul but de camoufler la politique coloniale d’Israël et le génocide qu’il est en train de perpétrer (2).
L’auteur établit de façon très convaincante la comparaison entre ce qui se passe contre le peuple palestinien et d’autres situations marquées par la violence contre les peuples colonisés, telle que l’apartheid en Afrique du Sud.
C’est à cette réalité que se rattache ce qui se passe à Gaza dont « le nom va entrer dans l’histoire au même titre que Dresde et d’autres villes bombardées » (3). Comme les bombardements organisés par l’impérialisme pour qui tous les Allemands étaient responsables, la destruction de Gaza répond à une seule préoccupation : anéantir toute opposition d’un peuple « qui ne veut pas mourir ».
A l’appui de cette analyse, il rappelle que le président israélien, Isaac Herzog, déclarait le 18 janvier 2024 : « Nous menons une guerre à Gaza pour l’univers entier, pour le monde libre (…). Si Israël n’était pas là, c’est l’Europe qui serait la prochaine cible » (4). C’est donc « pour nous », les blancs, qu’Israël tue les enfants, bombarde les hôpitaux, piège les talkies-walkies, écrase les immeubles habités. Et c’est à cette armée que Biden, Macron, Scholtz, Starmer envoient des armes. Une armée que Bernard-Henri Levy qualifie d’« armée la plus morale du monde ». On a les défenseurs qu’on mérite !
UN RAPPEL UTILE :
LES BOMBARDEMENTS FRANÇAIS
SUR L’ALGÉRIE COLONISÉE
Avec une grande honnêteté, Alain Gresh consacre le dernier chapitre de son livre aux bombardements français de 1945 sur Sétif et Guelma, aux dizaines de milliers de morts algériens. Des bombardements organisés par le gouvernement de Gaulle d’union nationale avec, comme ministre de l’Air, Charles Tillon, dirigeant du PCF.
Comment ne pas penser à la manifestation d’union nationale du 12 novembre 2023 dans laquelle Fabien Roussel a manifesté avec Marine Le Pen pour soutenir Israël contre le peuple palestinien ?
Alain Gresh s’attache enfin à démonter l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme portée contre tout défenseur du peuple palestinien et le rôle que toute une presse a accepté de jouer.
Il décortique l’accusation d’antisémitisme portée contre Jean-Luc Mélenchon dont personne n’a pu produire la moindre déclaration en ce sens. Toute une cohorte de « journalistes » se sont spécialisés dans la campagne de calomnies contre les défenseurs du peuple palestinien. Là aussi, Alain Gresh nous rappelle que la même campagne fut orchestrée contre les défenseurs de l’indépendance de l’Algérie. Il nous rappelle que, le 7 octobre 1960, de « grands intellectuels français » écrivaient que « c’est une imposture de dire ou d’écrire que la France combat le peuple algérien dressé pour son indépendance. La guerre en Algérie est une lutte imposée à la France par une minorité de rebelles fanatiques, terroristes et racistes conduits par des chefs armés et soutenus financièrement par l’étranger ».
Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir est un livre qu’il faut lire. Pour son intérêt et pour soutenir les journalistes qui font honnêtement leur travail, les intellectuels qui ne veulent pas être dans le camp des colons contre les peuples. ■
Informations ouvrières n°827 – 26 septembre 2024
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(1) Alain Gresh « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » – 192 pages aux éditions Les liens qui libèrent.
(1) « J’ai levé toutes les contraintes, nous nous battons contre des animaux humains. C’est le Daech de Gaza. Nous éliminerons tout », avait déclaré Yoav Galant, ministre israélien de la Défense, le 9 octobre 2023. Alain Gresh démontre que le Hamas n’a rien à voir avec Daech ni avec l’Etat islamique.
(2) Du 13 au 15 février 1945, l’aviation anglaise a bombardé les populations civiles de Dresde (et d’autres villes d’Allemagne). L’éditeur Babel a publié la conférence faite par G.W. Sebald, en 1997, sous le titre De la destruction comme élément de l’histoire naturelle.
(3) Rappelons qu’Israël a soutenu toutes les dictatures, de celle de Pinochet (Chili) à celle de Videla (Argentine)
Conférence avec Alain Gresh : Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir
Quand : 8 octobre 2024 @ 18 h 15 – 20 h 30
Où : Cinéma Galeries Galerie de la Reine 26 – 1000 Bxl
Coût : Prix Libre
Contact : ABP & UPJB
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