« L’appel occidental à la religion, qu’il s’agisse de l’invocation des valeurs dites judéo-chrétiennes ou du recours aux différents fondamentalismes des Églises américaines, témoigne bien moins du retour du religieux que de son contraire, le recours à la religion. Ce recours provient de la nécessité de donner un vernis de légitimité à des actions politiques qui, au regard des critères classiques de l’humanisme moderne, tel que façonné depuis la philosophie des Lumières et la Révolution française, en manquaient totalement. (…) En fait, le retour du religieux, loin d’être un phénomène naturel, une réaction quasi biologique aux excès dans lesquels la laïcité aurait conduit le monde, est un phénomène politique majeur qui n’a de religieux que le nom. Il n’est lié à aucune évolution majeure dans les constructions théologiques et politiques ou dans les expressions de la foi, sinon le regain de lecture littérale de l’Ancien Testament et des Écritures qui sévit aux Etats-Unis, mais aussi (…) pour d’autres raisons, dans les sociétés musulmanes et le judaïsme. »
Georges Corm : La question religieuse au XXIe siècle Géopolitique et crise de la postmodernité (p 33-34).
* Georges Corm disparu le 14 août dernier est né en 1940 à Alexandrie d’une famille libanaise, palestinienne et syrienne. La Libre Pensée lui a rendu hommage (Ici)
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