21 janvier 1879 : Début de la 1ère guerre scolaire en Belgique   Recently updated !


Quand le ministère de l’Instruction publique est confié à Van Humbeeck, celui-ci dépose un projet de loi le 21 janvier 1879 pour réformer l’enseignement et y réduire drastiquement le rôle de la religion catholique. Le projet est voté le 1er juillet 1879 et devient la deuxième loi organique sur l’enseignement primaire.

Désormais, si chaque commune doit, à l’instar de la première loi organique de 1842, organiser au moins une école primaire laïque et neutre, elle ne doit cependant plus dispenser de cours de religion mais bien un cours de morale laïque. Exception est faite si les parents le demandent expressément. Dans ce cas, un ministre du culte peut venir dispenser un cours de religion au sein de l’école dans un local mis à disposition, en dehors de l’horaire normal des cours. Les instituteurs doivent être diplômés des écoles normales officielles, dont le cours de religion est également exclu.

Enfin, les collectivités locales (provinces et communes) ne peuvent plus adopter ni subsidier les écoles du réseau catholique… L’épiscopat y voit « un attentat contre la foi et les mœurs ». La presse catholique dénonce cette nouvelle législation.

Dès avant le vote de la loi, le 18 juin 1879, les évêques s’y opposèrent. Les catholiques reprendront en chœur à la fin de tous les offices religieux : « Des écoles sans Dieu et des maîtres sans foi, délivrez-nous Seigneur » !

Le 7 décembre 1878, le cardinal archevêque de Malines et les évêques belges signèrent une lettre collective condamnant fermement « l’école sans Dieu ». Interdiction fut faite aux catholiques, sous peine de refus des sacrements, d’inscrire leurs enfants dans les écoles officielles ou d’y enseigner.

Malgré les remous, la loi, qualifiée de « loi de guerre, de division et de malheur », par Jules Malou, leader des catholiques à la Chambre, fut adoptée. À Rome, Léon XIII, qui avait été nonce à Bruxelles, condamna la loi et rappela la nécessaire subordination de l’autorité de l’État à celle de l’Église.

La guerre allait durer cinq années et eut des conséquences politiques majeures. En 1884, le parti catholique obtint la majorité absolue et la conservera sans discontinuer jusqu’à la Première Guerre (en fait jusqu’aux élections de 1918-1919).