Non ! Pas le chien du cinéma !…
. . . _ en morse = v, comme « Victoire », les 4 coups connus des Résistants sur Radio Londres 1944, brouillée par les nazis, les 4 premières notes de la 5ème simphonie ; sonnerie de portable « beethoven 5″…
Ludwig van Beethoven,
l’indépendant, le rebelle, le révolutionnaire, le républicain, le penseur libre, le musicien des Lumières…
« Faire tout le bien qu’on peut, Aimer la Liberté par-dessus tout, Et, quand ce serait pour un trône, Ne jamais trahir la vérité »
BEETHOVEN. (Feuille d’album. 1792.)
« Parvenu par des années de luttes et d’efforts surhumains à vaincre sa peine et à accomplir sa tâche, qui était, comme il disait, de souffler un peu de courage à la pauvre humanité, ce Prométhée vainqueur répondait à un ami qui invoquait Dieu : « Ô homme, aide-toi toi-même ! »
ROMAIN ROLLAND, janvier 1903
(Lien : biographie de Beethoven)
Le vieux Jean-Sébastien Bach au crépuscule de sa vie de compositeur, avait par son œuvre gigantesque, synthétisé toute la musique baroque (profane et religieuse) connue de son temps. Ayant clos une époque, il pouvait partir tranquille. Et, pied de nez au roi Frederick II qui avait voulu le piéger pour qu’il passe la main, il inspire plus que jamais les plus grands compositeurs d’aujourd’hui, y compris dans le jazz, par sa métrique mathématique (de cabaliste ?) et le pathos inégalable de ses thèmes ! La danse classique et moderne l’a également récupéré depuis avec bonheur !
Beethoven fut à sa façon un J. S. Bach pour ce qui est de la musique de l’époque classique. Elève d’Haydn, il clôt ce style « sécure », « pépère » et ronronnant du vieux maître, mais en le faisant exploser en mille essaims qui contiennent déjà l’époque romantique qui vient : l’exaltation du « moi », de l’individu face à l’adversité, aux contradictions, aux vicissitudes et aux bouleversements de la vie, de la nature et du monde… également le « Sturm und Drang », version « boostée » des Lumières du XVIIIe siècle allemand. Sa première symphonie en Do majeur, contre toutes les règles classiques, débute par un accord de Do septième dominante (do-mi-sol-si bémol, un accord de passage…) en lieu et place de l’accord parfait (do-mi-sol-do, obligé, réglementaire et répété au cas où vous vous égareriez dans votre composition), marque d’une personnalité originale qui n’en fera qu’à sa tête et va vous en faire entendre de toutes les couleurs.
ROMAIN ROLLAND, janvier 1903 nous rapporte ses propos :
« Les rois et les princes peuvent bien faire des professeurs et des conseillers secrets ; ils peuvent les combler de titres et de décorations ; mais ils ne peuvent pas faire des grands hommes, des esprits qui s’élèvent au-dessus de la fiente du monde ; et quand deux hommes sont ensemble, tels que moi et Goethe, ces messieurs doivent sentir notre grandeur – Hier, nous avons rencontré, sur le chemin, en rentrant, toute la famille impériale. Nous la vîmes de loin. Goethe se détacha de mon bras, pour se ranger sur le côté de la route. J’eus beau lui dire tout ce que je voulus, je ne pus lui faire faire un pas déplus. J’enfonçai alors mon chapeau sur ma tête, je boutonnai ma redingote et je fonçai, les bras derrière le dos, au milieu des groupes les plus épais.
Princes et courtisans ont fait la haie ; le duc Rodolphe m’a ôté son chapeau ; madame l’impératrice m’a salué la première. Les grands me connaissent. Pour mon divertissement, je vis la procession défiler devant Goethe.
Il se tenait sur le bord de la route, profondément courbé, son chapeau à la main. Je lui ai lavé la tête après, je ne lui ai fait grâce de rien … » (…)
Toujours Romain Rolland :
« La Révolution arrivait à Vienne. Beethoven était emporté par elle. « II se prononçait volontiers, dans l’intimité, dit le chevalier de Seyfried, sur les événements politiques, qu’il jugeait avec une rare intelligence, d’un coup d’œil clair et net. » Toutes ses sympathies l’entraînaient vers les idées révolutionnaires. « II aimait les principes républicains », dit Schindler, l’ami qui le connut le mieux dans la dernière période de sa vie. « II était partisan de la liberté illimitée et, de l’indépendance nationale… Il voulait que tous concourussent au gouvernement de l’Etat… Il voulait pour la France le suffrage universel, et il espérait que Bonaparte l’établirait, et jetterait ainsi les bases du bonheur du genre humain. » (…)
On sait que la Symphonie héroïque (1804) fut écrite pour et sur Bonaparte, et que le premier manuscrit porte encore le titre : Buonaparte. Sur ces entrefaites, Beethoven apprit le couronnement de Napoléon.
Il entra en fureur : « Ce n’est donc qu’un homme ordinaire ! » cria-t-il ; et dans son indignation, il déchira la dédicace, et écrivit ce titre vengeur et touchant à la fois : « Symphonie héroïque… pour célébrer le souvenir d’un grand Homme. » (Sinfonia eroica… composta per festeggiare il souuenire di un grand Uomo.) (…) Quand il apprit la catastrophe de Sainte-Hélène, en 1821, il dit :« II y a dix-sept ans que j’ai écrit la musique qui convient à ce triste événement. » (…)
Musicien officiel du Congrès de Vienne (1814) qui repartagea l’Europe entre les restaurationnistes des monarchies abattues par Napoléon, il ne prit pas pour autant « la grosse tête » mais devait craindre la police de Metternich, pour ses propos politiques libres. Kant, lui-même, avait connu la censure.
Que dirait Beethoven aujourd’hui de l’utilisation de son thème de « l’Ode à la joie » tiré de sa 9e symphonie comme hymne officiel de l’Union Européenne (UE) fondée sur des principes aussi opposés que possible à l’idéal démocratique beethovenien ?
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